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À L'OCCASION DU DÉBAT À L'ASSEMBLÉE NATIONALE LE 3 DÉCEMBRE PROCHAIN
SUR LA PROPOSITION DE LOI
PÉNALISANT LE NÉGATIONNISME
DES GÉNOCIDES ET DES CRIMES CONTRE L'HUMANITÉ DU XXème SIÈCLE
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QUELQUES TENANTS ET ABOUTISSANTS
DE CETTE PROPOSITION DE LOI
EN RADIOGRAPHIE
DE LA GENÈSE ANTHROPOLOGIQUE DE DAECH

Références : (#1) >> (#22) et (#23) >> (#36)

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  • Avec les attentats meurtriers du 13 novembre dernier, on mesure encore plus l'importance et la nécessité d'une loi à l'encontre des dénis des crimes contre l'Humanité du XXème siècle . C'est le cas du Génocide des Arméniens de 1915 dont on commémore le centenaire cette année. Cependant la récente proposition de loi N#2276 visant à penaliser le négationnisme a été débatue en séance pleinière le 3 décembre dernier à l'Assemblée nationale et a été renvoyée (encore) en commission.(#24i)

    Le négationnisme d'un génocide, c'est vouloir nier le crime absolu, c'est vouloir exterminer une deuxième fois. Faire perdurer un tel syndrome dans le symbolique, occulter l'acharnement à déshumaniser, côtoyer ces phénomènes déstructurants, n'ont pas manqué de pervertir en proximité mortifaire et en filigrane sur un siècle, la foi religieuse d'un islam manipulé en l'islamisme meurtrier et dénaturant de Daech.


    En effet, il y eut la déclaration de la Guerre Sainte en novembre 1914 par le Cheikh ul islam de l'Empire turco-ottoman.(#6) Ce Djihad avait été pensé à Berlin avant la Première Guerre Mondiale par les orientalistes allemands qui prévoyaient comment manoeuvrer la théologie de l'islam au service de la politique impériale du Kaiser : créer ainsi des révoltes musulmanes dans les colonies françaises au Maghreb, britanniques de l'Inde et russes du Turkestan.(#5)

    Le Jihad proclamé dans l'Empire ottoman en novembre 1914, sera le vernis islamo-religieux de la structure génocidaire mise en place par le gouvernement jeune-turc en 1915 : un appareillage-bulldozer qui sera alors perçu par ignorance comme l'expression d'un fanatisme religieux à l'ancienne (#7g) -ce qui avait été le cas avec les massacres précédents de 1894-96 sous le règne du Sultan Abdul Hamid II.(#2a)

    On peut comprendre alors la situation internationale actuelle banalisée avec un siècle de realpolitiks en géostratégies et en mercantilismes de marchands de canons. Il y a eu jusqu'à des réalités financières peu louables. C'est ainsi dans ce dernier cas, l'argent volé aux descendants des morts arméniens du génocide de 1915 par les banques allemandes à l'époque nazie, a conduit la psychanalyste Hélène Piralian à considérer la filiation perverse des génocides et de leur déni.(#22a)

    Laisser importer légalement en France le négationnisme de l'État turc
    . en déni de sa violence historique (#7f) avec sa politique actuelle anti-kurde dans sa tradition de turquification brutale -et meurtrière occultée (#30h)- des peuples autochtones ;
    . gérant ses différents ministères en particulier son réseau diplomatique ayant une longue expérience historique continue ;
    . disposant de budgets colossaux en lobbying avec à son service des historiens-mercenaires ou des journalistes serviles ;
    . entretenant une fausse laïcité officielle masquant mal sa double nature nationaliste en laïcisme "laïc" et en islamisme "modéré" ;
    ne peuvent qu'encourager sociologiquement délinquances et sectarismes -consciemment ou inconsciemment- qui sont les terreaux favorables au développement du terrorisme de Daech en France métropolitaine.

    Nous vivons aujourd'hui les conséquences à retardement du TERRORISME D'UN GÉNOCIDE non reconnu et impuni. Le titre -oh combien prémonitoire- d'un article écrit en 1982 par l'essayiste Janine Altounian d'origine arménienne dans la revue existentialiste des 'Temps Modernes' (#23) revient en force dans l'actualité meurtrière de Daech en France et nous interpelle. On peut s'interroger sur les impacts anthropologiques successifs véhiculés en nébuleuse au cours d'un déni séculaire d'un crime imprescriptible. Il y a une radiographie à faire sur la genèse de Daesh en particulier à partir
    - des déportations brutales vers les sites abattoirs d'Anatolie et d'Arménie occidentale (#7b) ;
    - de la déshumanisation progressive des convois aboutissant vers les camps d'extermination en Syrie et en Iraq (#7e) ;
    - de l'ignorance (intentionnelle ?) de la condamnation de ces exactions par le Gardien des Lieux Saints de La Mecque en 1916 (#8a) - qui émit un firman en 1917 demandant aux musulmans de protéger les Arméniens (#8b) ;
    - des témoignages du procès militaire des criminels jeunes-turcs jugés par contumace à la fin de la guerre en 1919 à Constantinople (#9) ;
    - de l'occultation de ce procès par impunité internationale statuée par le Traité de Lausanne en 1923.(#12)

    En janvier 2012, lorsque la proposition de la loi précédente fut adoptée par le Sénat, puis rejettée par le Conseil constitutionnel,(#27a) le débat politico-médiatique avait été présenté et perçu en flou comme une loi dite "mémorielle". La réalité est qu'il s'agit ici de préserver -et encore plus aujourd'hui- une loi de santé sociétale du 'Vivre-Ensemble' : en respectant la dignité humaine des descendants de rescapés de génocides ou de crimes contre l'Humanité. C'est comme ne pas permettre d'importer une drogue nocive (qu'est le négationnisme) d'un pays producteur en monopole d'État et vouloir le consommer en public.

    Enfin pour terminer ces lignes dans le symbolique, nous ne manquerons pas de rendre hommage à l'Institut musulman de la Grande Mosquée de Paris qui a reconnu le 5 mai dernier le Génocide des Arméniens et a exprimé son désaveu du négationnisme.(#32a)

  • Nil Agopoff
    - Membre de l'UCFAF (Union culturelle françaises des Arméniens de France fondée à Paris en 1949)
    : PDF.1 
    .  PDF.2
    - Conseiller historique à l'Association nationale des Anciens Combattants et Résistants Arméniens (ANACRA-Paris)
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  • Envisager des copies à la SOCIÉTÉ CIVILE des départements : associations religieuses, de défense des droits de l'Homme, aux associations en anthropologie, aux médias, etc.
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