- Madame Renée LE MIGNOT, Co-présidente du
Mouvement contre le racisme et pour l’amitié
entre les peuples (MRAP),
- Monsieur Yves-Jean GALLAS,
Mouvement de la Paix,
- Monsieur Guillaume PERRIER, (
La Turquie et le fantôme arménien. Sur les traces du génocide, 2013 )
Madame, Messieurs,
Permettez de vous faire part du regard de descendants de rescapés du Génocide des arméniens de 1915 sur la crise du Moyen Orient -sachant les conséquences d'un siècle de dénis turco-officiels occultés, minimisés ou banalisés en politique internationale sur des décennies et des décennies par
realpolitik aussi bien de la part des États occidentaux que musulmans.
L'irruption de Daesh a mis en évidence comment son comportement propre dépasse le terrorisme dans le cadre du conflit arabo-islamiste avec le sionisme. En particulier, des musulmans pieux dans l'authenticité de leur foi islamique, sont aussi victimes de l'idéologie de Daesh, qui va au delà d'un fanatisme religieux habituel.
La paix ne pourra pas être gagnée seulement avec une victoire militaire sur le terrain. Il est nécessaire de déconstruire Daesh, le démystifier dans le symbolique.
Pour neutraliser la violence et l'impact de Daesh, il est important de décrypter d'abord son Inconscient collectif en proximité environnementale et mémorielle des exactions organisées (déportations-exterminations) et des
déshumanisations perpétrées lors du Génocide des arméniens en 1915. On peut comprendre par radiographie comment Daesh s'est généré en profondeur en se dénaturant de l'islam authentique : une pensée et une théologie islamiques confrontées aux fant
ômes des arméniens morts aux confins du désert arabe de Syrie et d'Iraq, sans
être enterrés, sans sépulture religieuse. La tr
ès grande majorité des Syriens, des Iraquiens ayant aidé les survivants arméniens des déportations de 1915, ils doivent cependant gérer dans leur conscient (et/ou inconscient) les complaisances internationales musulmanes -ou non musulmanes- des crimes de
l'État ottoman puis turc : en impunités depuis les premiers massacres du Sultan Abdul Hamid II.
Cela est d'autant plus sensible qu'il y a eu un 'Jihad Made in Germany' conçu avant même 1914 dans une manipulation de la théologie islamique par des orientalistes allemands au service de la politique impériale du Kaiser Wilhelm II. Il s'agissait d'une géostratégie pangermanique de créer des révoltes dans les colonies musulmanes françaises, britanniques et russes. Ce Jihad en distorsion religieuse pensée à Berlin, fut déclaré à Constantinople en novembre 1914 par le gouvernement jeune-turc à idéologie pantouraniste -plus raciste qu'islamiste.
La déclaration de la Guerre Sainte sera le vernis religieux de la structure génocidaire mise en place alors. C'est ainsi que la suppression du Califat en 1924 par les kémalistes arrivés au pouvoir, scelle et bétonne politiquement cette situation symbolique non réglée par une
fausse laïcité en laïcisme nationaliste de l'idéologie kémaliste. Pour parfaire le nettoyage ethnique des arméniens autochtones de 1915 à 1923, le régime kémaliste mettra en place un blocus de l'islam au détriment de sa tolérance arabo-religieuse traditionnelle envers les chrétiens d'Orient.
Aujourd'hui, au delà des interventions militaires en conséquences des diverses forces en présence et des géostratégies étatiques en mondialisation, on peut discerner dans la partie non visible de l'iceberg
. les
mécanismes successifs souterrains de causes à effets depuis cent ans (#1 > #22 / PARTIE.I) ;
. contribuant à la genèse anthropologique de Daesh allant jusqu'à sa violence criminelle à l'encontre des autres chrétiens d'Orient et des autochtones de la région restés sur place, c'est-à-dire les kurdes yézidis
et
. pouvant concerner
différents registres actuels (#23 >> #37 / PARTIE.II).
En vous remerciant de votre attention, nous vous prions d'agréer, Madame, Messieurs, l'expression de nos sentiments distingués.