Dans le cadre de l'exposition Germaine Tillion - ethnologue et résistante -
au Musée de l'Homme-75016 Paris |
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Germaine et Geneviève
Documentaire d'une durée de 56 mn
réalisé en 2000 par Jacques Kébadian et Isabelle Anthonioz Gaggini
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-Lundi 21 juillet 2008, à 14h et 15h - salle Jean Rouch
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- « En aucun cas je ne voulais rester sous la botte nazie »
- Germaine Tillion, Mémoire de Résistante. Entretien inédit réalisé en février 2000
- « J’espère que quelqu’un écrira l’histoire de notre organisation de Résistance, afin de ne pas être obligée de le faire moi-même. Mais les années passent, et il est injuste de soustraire au public, et plus particulièrement à cette partie du public que constituent les survivants de nos groupes, l’essentiel de ce qui a échappé à la destruction des êtres et des mémoires dans un passé qui nous tient à tous profondément à cœur » écrit Germaine Tillion « chaque fois que j’en ai eu la possibilité, j’ai mené une enquête plus vaste que celle qui était strictement nécessaire, parfois par curiosité historique, mais plus souvent encore à cause de la profonde sympathie qui me liait à mes compagnons de lutte et d’épreuves, sympathie qui donnait à mes yeux de l’intérêt à tous les détails de leur vie- mais tout cela n’est conservé que dans ma mémoire. »*
- Au delà du travail indispensable des historiens, quelle chance pour nous d’avoir les récits de Germaine Tillion sur la Résistance, ses activités de Juin 1940 à Août 1942 (date de son arrestation), celles du réseau du Musée de l’Homme, l’analyse rigoureuse de cette première période de la Résistance : la naissance des réseaux « noyaux de résistance » , les recrutements, les portraits de ces femmes et de ces hommes qui n’acceptent pas et « veulent faire quelques chose » , les arrestations, l’organisation qui se met en place…
- Cet entretien réalisé par Isabelle Anthonioz Gaggini et Jacques Kébadian en 2000 fait partie de ces récits. C’est un témoignage précieux de Germaine Tillion qui commence en juin 1940 en Algérie, dans les Aurès, où se finit une des ses missions d’ethnologue, lorsqu’elle apprend sur la radio bricolée d’un garde chasse, que « le front français vient d’être défoncé ».
- *Dans un texte publié en 1958 sur le réseau du Musée de l’Homme-Hauet-Vildé
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Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle Anthonioz
- Ma mère, Geneviève de Gaulle Anthonioz, faisait partie du convoi des 27 000 avec la maman de Germaine Tillion ; lorsqu’elles arrivent au camp de Ravensbruck en février 1944. Germaine Tillion y est internée depuis la fin 43. Ce jour là, dans la nuit durant l’appel, circule de bouche en bouche l’annonce de l’arrivée de la mère de Germaine. Celle-ci se rend aussitôt dans le bloc de quarantaine où sont internées les deux femmes. Elle sera la première à communiquer avec sa mère et fait tout de suite la connaissance de Geneviève.
Madame Tillion ne reviendra pas, morte gazée à Ravensbruck en mars 45.
- Geneviève et Germaine ne se sont plus quittées, plus qu’amies, plus que sœurs.
- Enfants, nous avons partagé mes frères et moi leurs longs échanges complices dans le travail inlassable de la mémoire pour garder ce qui est vrai, dans l’engagement commun du refus de l’inacceptable. Ici, une fois encore, se poursuit cet échange, avec une tendresse et une fraternité infinie qui permet d’évoquer le pire, survivantes de cet « autre monde » que fut l’univers concentrationnaire et déterminées à décrire, à expliquer dans la recherche de la vérité, mais aussi inquiètes de l’avenir. « Je suis convaincue, dit Germaine Tillion, qu’il n’existe pas un peuple qui ne soit à l’abri d’un désastre moral collectif ».*
- *Germaine Tillion et le camp de Ravensbruck, Bernhard Strebel ;Le siècle de Germaine Tillion. Ed le Seuil.
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