• Roland Mandalian, Chaliapine, ses amis et ses partenaires arméniens - Фёдор Иванович Шаляпин & Армяне

  • Krounk, VII 1988, pp 12-13 (Erévan)

  • Recherche bibliographique : Nil V. Agopoff

  • Document numérisé et mise en page par
    Méliné Papazian
Chaliapine (1873 - 1938)


par Boris Koustodiev (1922)
Origine de la peinture : site franco-russe (Art)

 

  • Le style d'interprétation de Féodor Chaliapine, sa voix puissante, son charme scénique, son talent à s'identifier à son personnage lui assurèrent une popularité et une gloire universelles. Après avoir en tendu le débutant Chaliapine, V. Stassov s'était écrié: "Mon Dieu! quel talent remarquable." Plus tard V. Némirovitch-Dantchenko avait dit: "Dieu devait être de bonne humeur au moment de le créer pour notre joie à tous."

    Parmi les admirateurs et les intimes de l'illustre basse, il y avait bon nombre de représentants de la culture musicale arménienne. La collaboration de Chaliapine avec les musiciens arméniens, qui avait commencé à Tiflis, se poursuivit sur les scènes de Moscou, de Saint-Pètersbourg, de Kiev, de Paris, de Varsovie, de New York et d'autres villes.

    En 1892, à Tiflis, Chaliapine suit systématiquement les cours dans la classe de Dmitri Oussatov et prend part aux concerts d'amateurs et d'élèves organisés par les mélomanes de Tiflis. Les pianistes E. Ter Assatourova et V. Chanchiéva étaient les accompagnatrices permanentes de Chaliapine. Ces soirées firent connaître le nom de Chaliapine dans toute la ville. Les intellectuels arméniens furent parmi ceux qui encouragèrent les premiers pas du jeune chanteur. Parmi ses intimes de cette époque on rencontre k. Alikhanov, amateur de musique et homme public, le médecin V. Artserouni, chez lequel se réunissaient souvent les membres du groupe musical, le compositeur G. Korganov...

    Un an plus tard, le chanteur s'essaie dans l'une des premières représentations de Faust à l'Opéra de Tiflis, dans le rôle de Méphistophélès. La partie de Marguerite était chantée par Nadejda Papayan, promue du Conservatoire de Saint-Pétersbourg. Les assistants accueillirent chaleureusement le jeune chanteur. Ce couple s'est produit ensemble dans plus d'un spectacle à l'Opéra de Tiflis.

    Le musicologue bien connu, Vassili Korganov (Korghanian), auteur de livres sur Verdi, Mozart et Beethoven, a joué un grand rôle dans la vie artistique du jeune Chaliapine. En lui, le talent de musicologue allait de pair avec l'ardeur du publiciste. Il prédit un brillant avenir au chanteur débutant. Dès le concert des élèves d'Oussatov, l'attention de Korganov avait été attirée par le jeu admirable du jeune homme blond, maigre et svelte, par l'excellente interprétation de la partie de Melnik.

    L'appréciation de Korganov donna à Chaliapine l'assurance nécessaire pour considérer l'avenir avec espoir et confiance. Leurs rapports se transformèrent en une longue amitié de plus de trente ans. Le musicologue suivait attentivement la croissance artistique du jeune chanteur, l'aidait de ses conseils.

    La renommée de Chaliapine se répandait rapidement. Son répertoire s'étoffait... Bientôt la renommée de la basse de talent de l'Opéra de Tiflis atteignit Saint-Pétersbourg et Moscou. L'autorité de Korganov, qui signait des articles insérés dans la presse de la capitale, y contribua dans une large mesure.

    Au printemps 1894, Chaliapine partit pour Saint-Pétersbourg. Avant son départ il donna un récital de bien faisance au profit des victimes de la sécheresse des provinces de Kars et d'Erevan, accompagné au piano par Eléna Térian-Korganova. Plus tard, pour Chaliapine qui jouissait déjà d'une renommée internationale, Korganov restera comme un ami sûr. Leurs rapports immédiats ou épistolaires revêtaient un caractère permanent.

    Parvenu au sommet de la gloire, Chaliapine n'oublia jamais ceux qui l'avait aidé dans ses débuts difficiles.
    "Au moment le plus pénible de ma vie, disait Chaliapine, quand je me vis obligé d'interrompre mes études, Oussatov m'envoya auprès d'Alikhanov qui m'aida à les poursuivre."

    Les chanteurs arméniens bien connus N. Chakhmalian, A. Kostanian, N. Ghoukassian, M. Garagach,
    la cantatrice S. Akimova ont chanté avec Chaliapine sur les scènes russes, à diverses époques. Chaliapine entretenait aussi des rapports étroits avec ses amis vivants à l'étranger. Paolo Ananian, qui avait eu la chance de chanter avec De Lucio, Caruso, Ruffo, Gigli, Scipo et d'autres, est monté à plusieurs reprises sur la scène avec l'illustre basse. Leur première rencontre eut lieu à l'Opéra de Monte Carlo, dans la saison de 1905-1907. En décembre 1921 ils se rencontrèrent de nouveau sur la scène du Metropolitan Opéra dans Boris
    Godounov.

    Dans les années 1924-1929, Armand Tokatian chanta avec eux dans Boris Godounov. Cet éminent ténor, formé à Milan, a chanté sur la scène du Metropolitan pendant près de vingt-cinq ans. Chaliapine et Tokatian se sont produits ensemble à plusieurs reprises dans Faust.

    Dans les quatre dernières années de la vie artistique de Chaliapine, la pianiste de talent Maria Galamkarian l'accompagnait au piano. Ils se sont produits ensemble au cours de longues tournées européennes. La dernière fois Galamkarian a accompagné Chaliapine le 18 juin 1937, à Paris, à la salle Pleyel. A un de ces récitals, Chaliapine interpréta les romances de Beethoven, de Schubert, de Rubinstein et d'autres compositeurs, des airs d'opéra, des chants populaires russes. Ce fut l'avant-dernier concert de Chaliapine, la maladie devant mettre une fin prématurée à la carrière du grand artiste.

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