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Après Aram
En 832 av. J.-C., voyant que grâce aux efforts du roi Aram le royaume arménien d'Ararat était devenu trop puissant et avait étendu son pouvoir sur plusieurs autres régions du Naïri, le vieux roi d'Assyrie, Salmanasar III envoie vers le nord une nombreuse armée commandée par le général Dayanachouri, afin d'assujettir le royaunie d'Ararat. Les inscriptions de Salmanasar nous apprennent que c'est le roi Sédour (Sédouri), dont le nom est transcrit comme Sardour (Sardouri) dans les inscriptions néohourrites qui, à l'époque, régnait à Van.
La dernière mention du roi Aram dans les inscriptions akkadiennes précède de douze ans l'invasion de Dayanachouri. Sardour (845~825 av. J.-C.) était le premier des rois arméniens d'Ararat qui fit graver des inscriptions cunéiformes. Celles-ci attestent qu'Ara n'était pas le fils d'Aram et que par conséquent la succession Aram-Ara, dont fait mention le premier livre de Khorénatsi, demande à être précisée.
Dans le cas qui nous intéresse, le nom de Sardour est mentionné dans les inscriptions cunéiformes, au même titre qu'Aram, douze ans après la dernière mention de ce dernier. D'après la logique des quelque deux cent cinquante ans d'histoire du royaume d'Ararat, selon la périodicité des règnes de ses rois, on peut affirmer que Sardour était le fils d'Aram.
Puisque par la suite, d'autres rois appelés Aram ont régné à Van, nous donnerons au fils d'Aram le nom de Sardour Ier.
Sardour Ier fut un roi bâtisseur. Il fit construire de nouvelles forteresses et. entre autres, une bâtisse près du rocher de Van dont les murs énormes portent ses inscriptions. Dans l'une d'elles il se qualifie de roi grand et puissant et même roi du monde. Il écrit encore qu'il prélevait des tributs à tous les autres rois.
Pendant longtemps les armées assyriennes limitaient leurs ravages et leurs pillages au seul Khoubouchkia, région semiautonome du royaume d'Ararat, sans oser pousser leurs incursions plus au nord, vers Van-Tosp.
En 825 av. J.-C., le roi Ichpouhini (Ichpouini) que les Assyriens appelaient Ouchpina, monta sur le trône de Van-Tosp. Sous son règne, l'Assyrie tiraillée par des luttes intestines, consentait aux Arméniens une paix relative. Ichpouhini fit monter sur le trône des Arméniens son jeune fils Mènoua (Ménoui), tout en se réservant la régence. Père et fils firent graver ensemble un certain nombre d'inscriptions. Une de ces dernières, avec l'aide de l'akkadien, a beaucoup aidé à déchiffrer la langue néo-hourrite.
Le culte du dieu Hayk était très populaire dans le royaume d'Ararat. D'autres dieux, tels que Téchibi (Teychéba), Chiva (Chivini) faisaient également l'objet de l'adoration du peuple. Les rois de Van commençaient leurs inscriptions par la glorification de Hayk.
Le roi Ménoua était en même temps le chef des druides. Nous l'apprenons du fait qu'il accompagna son père en pèlerinage au temple de Hayk où ils firent ensemble des offrandes. En outre il dressa, avec son père, la hiérarchie des dieux du panthéon du royaume arménien d'Ararat.
Ménoua fut un roi puissant et rattacha plusieurs provinces de la Grande Arménie à l'Etat d'Ararat.
Après la mort de son pêre, Ménoua régna vingt-quatre ans encore, jusqu'en 786 av. J.-C. Il fit graver en son nom plus de cent inscriptions dans lesquelles il raconte le rattachement de plusieurs principautés indépendantes de la Grande Arménie à son Etat, et dénombre les grandes constructions qu'il avait réalisées.
Selon le premier livre de Khorénatsi et les légendes populaires parvenues jusqu'à nous, le nom de Chamiram (Sémiramis) est rattaché à celui d'Ara. Nos lettres renferment plusieurs mentions de la légende "Ara le Bel et Sémiramis" considérée uniquement comme une oeuvre folklorique, une légende, que Khorénatsi aurait été le premier à rapporter par écrit.
Ainsi les assertions de Khorénatsi rapportant qu'Ara a été un roi arménien et que les Arméniens se sont battus contre les conquérants assyriens ont été considérées, implicitement ou manifestement, comme dénuées de fondement.
Tandis que l'étude minutieuse des témoignages montre que ces affirmations de Khorénatsi, basées sur les traditions orales sont tout à fait vraies. Ara à bien été un personnage historique, roi des Arméniens, et ce sont les Arméniens et non d'autres peuples qui se sont battus contre l'Assyrie toute-puissante.
Les documents nous apprennent que Sémiramis était la femme du roi Shamshi-Adat V qui à régné en Assyrie de 823 à 810 av. J.-C.. En 8l0-806 Sémiramis a succédé à son mari, sur le trône, ensuite a assumé la régence de son fils, le roi Adad-Nirâri III, qui est mort (assassiné?) en 782 av. J.-C.. Donc Sémiramis est une personnalité du IXe siècle av. J.-C ., et les événements rattachés à elle ont eu lieu en ce siècle. Selon les estimations, Sémiramis, comme personnalité historique, a été, pendant trente ans, la contemporaine du roi arménien Ménoua.
Dans les inscriptions, le fils de Ménoua est mentionné sous le nom d'Arguichti qui s'identifie avec le roi arménien Ara. Mais le fait est qu'à l'époque du roi Ara, Sémiramis devait être déjà morte ou, a la rigueur, ne devait voir que les toutes premières années du règne d'ArguichtiAra, celui-ci ayant régné longtemps encore après la mort de Sémiramis, jusqu'en 764 av. J.-C..
Le point de vue qui affirme que la présence de Sémiramis et sa contribution à certaines constructions en Arménie, selon Khorénatsi et les traditions populaires, est également une légende fabriquée de toutes pièces, est à rejeter. Si l'on interprète correctement le contenu des inscriptions cunéiformes, la contribution de Sémiramis à la construction du grand canal de Van-Tosp devient évidente. On ne peut considérer comme fortuit le fait que le personnage historique de Sémiramis ait vécu à l'époque précise du forage du canal alors que les deux royaumes d'Ararat et d'Assyrie connaissaient une longue trêve.
Durant ces longues années de paix entre les deux pays, sous le règne de Ménoua, il est fort possible que les Assyriens aient participé à la construction du grand canal de Van et que leur souveraine, Sémiramis, ait séjourné au Hayk. Ce fait, retenu par le peuple arménien durant des siècles, a trouvé, plus tard, son reflet dans les oeuvres de Mar Abbas et de Khorénatsi. Seulement, le long de ce passage séculaire de bouche à oreille Ménoua a été remplacé par son fils Ara, qui, comme nous le verrons, fut le roi d'Ararat le plus chéri de son peuple.
Ayant établi une paix stable avec l'Assyrie, Ménoua dirigea son regard vers le nord, l'ouest, ainsi que le nord-est. Il fit de grands efforts pour unifier, dans le royaume d'Ararat, les autres royaumes arméniens fragmentés et à tendances centrifuges de la Grande Arménie.
Des inscriptions de Ménoua il ressort, en outre, qu'en rattachant les principautés de la Grande Arménie au royaume d'Ararat, il était plein de miséricorde pour les souverains soumis, et les maintenait sur leur trône.
Outre le grand canal de Van, Ménoua a accompli beaucoup d'autres constructions encore.
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Ara Ier
Movsès Khorénatsi mentionne deux rois nommés Ara. De leur côté, les inscriptions parlent de deux rois répondant au nom d'Arguichti. Ara Ier (le Bel) de Khorénatsi a été un roi puissant dont le peuple arménien s'est toujours souvenu, bien que sous forme de légende. Les inscriptions parlent de deux rois répondant que le roi Arguichti Ier (Arguichté Ier) était également très puissant, le roi le plus puissant de l'Etat arménien d'Ararat.
Rappelons que Khorénatsi a vécu au Ve siècle, c'est-à-dire quelque 1400 ans après le roi Arguichti d'Ararat. Tout le long de ces siècles les événements rattachés à Ara ont été ressassés, passablement transformés, avant de parvenir à Mar Abbas et à Khorênatsi, Ara II devenant le fils d'Ara Ier (tandis que selon le témoignage des inscriptions, Ara Il est l'arrière-petit-fils du premier) et Sémiramis devenant la contemporaine d'Ara (selon la légende "Ara le Bel et Sémiramis"). Le roi Ara Ier était le monarque le plus chéri de toute la dynastie araratienne. Cela se voit du fait que plusieurs monts, vallées, villes de la Grande Arménie portent son nom depuis les temps les plus reculés.
En unifiant presque toutes les principautés séparées arméniennes, Ara Ier créa le premier royaume unifié de la Grande Arménie, avec une superficie de près de 300 000 kilomètres carrés.
A la tête de son armée, Ara parcourut également les régions de la Grande Arménie rattachées au royaume d'Ararat par son père Ménoua. A travers le Chirak il parvint jusqu'au Tayk, et soumit les princes qui, à la mort de son père, avaient commencé à manifester des tendances séparatistes. Ensuite il poussa vers le sud-est jusqu'aux régions arméniennes voisines du lac Ourmia-Chatiravan. Il parcourut aussi le Tsopk agité et les provinces d'Ourmé (Armé) et de Choubria, autrement dit le Sassoun, consolidant partout le pouvoir du royaume d'Ararat.
La grande inscription gravée par Ara Ier sur le rocher Khorthorien, près de Van, relate en détail les oeuvres de ce roi. Cette inscription fait mention de plusieurs provinces et de villes de la Grande Arménie conquises ou rattachées au royaume d'Ararat.
La forteresse d'Erébouni-Erévan a été construite, on le sait, par Ara Ier en 782 av. J.-C. Le nom actuel d'Erévan était prononcé comme Erévan au Ve siècle, et, plus tôt, comme Eréban. Ce nom est composé du radical arménien "érev", anciennement "éreb", qui signifie paraître, paraissant, qui peut être vu. Erébouni ou Erévan a donc signifié bien en vue, haut perché (la forteresse dressée sur une colline étant bien visible à la ronde). En 776 av. J.-C., Ara fit construire sur la rive gauche de la rivière Araxe, une ville portant son nom et qui, dans les inscriptions est nommée Arguichtikhinili et que le peuple a appelée Ara-Mayr. Cette ville était également connue sous le nom d'Armavir. Ara-Mayr a probablement signifié capitale d'Ara. Remarquons que l'identité des noms Arguichtikhinili et Ara-Mayr de la ville est une autre preuve de l'identité des personnages Arguichti et Ara. Ara-Mayr qui était la nouvelle capitale du royaume d'Ararat, aux côtés de Van-Tosp, était appelée à devenir, plus tard, la capitale principale.
Dans ses inscriptions, Ara Ier se présente ainsi: "Ara, fils de Ménoua, roi puissant et grand, roi du pays de Van, souverain de Tosp."
Durant les vingt-deux années du régne d'Ara Ier, le royaume arménien d'Ararat devint le pays le plus puissant du Sud-Ouest asiatique. Jamais, auparavant, l'Arménie n'avait été aussi étendue et aussi puissante, et plus tard, ne devait l'être que sous le règne d'Artachès et de Tigrane le Grand.
Ara Ier était non seulement un capitaine de talent, mais aussi un diplomate avisé. Ses qualités se manifestèrent aussi bien à l'intérieur du pays, dans sa politique de neutralisation des velléités séparatistes, qu'à l'extérieur, dans sa politique envers les pays voisins.
Voilà pourquoi le souvenir d'Ara resta ineffaçable dans la mémoire du peuple arménien, devint un héros légendaire et fut déifié à l'instar de Hayk et d'Aram.
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