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Iconographie : L'Atlas catalan
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En route pour la Chine, des voyageurs européens
témoignant sur l'Arménie et les Arméniens
:

à la recherche du Royaume du Prêtre Jean

  • "En 1145 un représentant des Eglises orientales, l'évêque arménien de Jabala (l'antique Byblos), est venu à Rome annoncer que la prise récente d'Edesse par les musulmans risque de provoquer la destruction des communautés chrétiennes d'Orient. Mais, ajoute-t-il, un souverain chrétien, à la fois roi et prêtre, nommé Jean, dont le royaume se trouve dans la lointaine Asie, au-delà même de la Perse, s'est mis en route vers l'Occident à la tête d'une armée formidable qui a commencé par vaincre des armées de musulmans, mais qui..."
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Qui se cache derrière le Prêtre-Jean ?
par Lucien Kehren

  • Depuis des siècles, une abondante littérature lui est consacrée. Umberto Eco le fait revivre dans son dernier livre, Baudolino , et début avril, un colloque du Collège de France réunit des sommités pour faire l'état de la question. Retour sur ce personnage mythique d'un Orient qui ne l'est pas moins...

  • Article paru dans Historia
  • Lucien Kehren : Docteur ès sciences, auditeur à l'Ecole pratique des hautes études, Lucien Kehren est spécialiste de l'Asie Centrale et de l'histoire du Portugal. C'est à ce titre qu'il participe au colloque du Collège de France "Le Prêtre Jean et l'orientalisme"
  • L'histoire du Prêtre-Jean est un exemple typique du mythe du héros, né de l'imagination humaine à partir d'un fait réel, mais que les distances ou les événements rendent invérifiable. On voit se former un personnage de légende, paraissant toutefois appartenir à la réalité quand il se trouve étayé par quelques brins de vérité. Il est utilisé ensuite par des intérêts liés à la religion, à la politique, à la guerre ou au commerce, sans perdre pour cela son influence mystique sur les esprits crédules.

  • Apparu dans l'Europe du Moyen Age, à l'époque des croisades, le mythe place dans un Orient mystérieux un souverain chrétien riche et puissant, capable de prendre l'islam à revers, et par conséquent de sauver la Jérusalem chrétienne.

  • Le Prêtre-Jean avait eu un prédécesseur, le roi David, nom que se transmettaient les souverains de la dynastie chrétienne des Bagratides qui régnèrent en Géorgie et en Arménie entre 886 et 1045, et qui prétendaient descendre du roi biblique. On le trouve représenté sur les mappemondes médiévales comme le porteur des clefs des portes du Caucase qui arrêtent les démons Gog et Magog.

  • En 1046, les Seldjoukides (des Turcs islamisés arrivés au Moyen-Orient) conquièrent l'Arménie, puis, en 1054, la Géorgie. Peu à peu, le souvenir de roi David s'efface, il est « remplacé » par un mystérieux Prêtre-Jean. Le point de naissance du mythe est peut-être l'événement relaté dans la chronique de l'évêque Otton de Freising, oncle de l'empereur d'Allemagne, qui écrit qu'en 1145 un représentant des Eglises orientales, l'évêque arménien de Jabala (l'antique Byblos), est venu à Rome annoncer que la prise récente d'Edesse par les musulmans risque de provoquer la destruction des communautés chrétiennes d'Orient. Mais, ajoute-t-il, un souverain chrétien, à la fois roi et prêtre, nommé Jean, dont le royaume se trouve dans la lointaine Asie, au-delà même de la Perse, s'est mis en route vers l'Occident à la tête d'une armée formidable qui a commencé par vaincre des armées de musulmans, mais qui a été contraint de retourner momentanément dans son pays à cause d'une épidémie qui a ravagé ses troupes. Cette déclaration a sans doute pour but d'inciter les croisés, attaqués par les Turcs à tenir bon car le Prêtre-Jean va revenir avec sa puissante armée pour sauver le royaume chrétien de Jérusalem.
  • La nouvelle a cependant une origine bien réelle, mais son interprétation est détournée. Il s'agit en effet de l'écho lointain de la victoire de la tribu mongole des Kara-Khitaï en 1141 sur une armée de Seldjoukides stationnée en Asie Centrale. A ceci près que les Kara-Khitaï, voisins de la Chine, sont en réalité des bouddhistes. Mais la présence de chrétiens nestoriens dans les populations d'Asie Centrale contribue probablement à la légende. Les nestoriens (voir Historia Thématique n° 82 ) sont des chrétiens condamnés comme hérétiques par le concile d'Ephèse en 431, pour leur croyance en la nature divine et humaine distinctes dans le Christ. Rejetés par l'Eglise catholique, ils se sont installés en Asie où ils ont acquis des positions importantes : il y aura des nestoriens même dans la famille de Gengis Khan. Leur dévotion en Jésus et le port de la Croix sur leurs vêtements les feront prendre par les premiers voyageurs européens et par les chroniqueurs pour des sujets du Prêtre-Jean en personne.
  • Curieusement, l'annonce de l'évêque arménien provoque pendant plusieurs années l'apparition de lettres émanant prétendument du Prêtre-Jean, adressées au pape Alexandre III, à Frédéric Ier Barberousse, empereur germanique, à Louis VII roi de France et à Alphonse Enriquez, roi du Portugal. Il y est écrit que le Prêtre-Jean étend sa domination sur les trois Indes et sur plusieurs autres pays, que soixante-dix rois sont ses vassaux, que parmi les peuples soumis il y a, entre autres, les dix tribus perdues d'Israël qu'Alexandre le Grand a enfermées derrière la muraille de Gog et Magog. Quand ce Prêtre-Jean part à la guerre, il fait brandir dix croix d'or ornées de pierres précieuses, derrière chacune d'elle marchent dix mille cavaliers et cent mille hommes à pied. Dans la lettre à Manuel Comnène, empereur Byzance (1143-1180), le Prêtre-Jean ajoute qu'il est le propriétaire de la rivière Ydonis qui vient du paradis terrestre chargée d'émeraudes, de saphirs, de rubis et de... poivre ! Il prétend avoir une fontaine qui donne l'âge de 32 ans à tout homme qui s'y baigne ; lui-même déclare qu'il a 562 ans parce qu'il s'y est baigné six fois. Il dit aussi qu'un grand roi d'Israël est son vassal et qu'il reçoit de lui un tribut annuel de deux cents chevaux chargés d'or et de pierres précieuses. Ces fables sont tout à fait prises au sérieux par les hommes du Moyen Age, enclins à croire au merveilleux.

  • Plus la pression de l'islam se fait menaçante contre la Terre Sainte, plus la croyance en l'existence du Prêtre-Jean se répand en Europe. L'évêque d'Acre écrit au pape Honoré III, en 1219, que le Prêtre-Jean, avec ses puissantes armées, est l'envoyé de Dieu qui va venir exterminer les païens et les musulmans. Quoi qu'il en soit, personne ne sait où se trouve son royaume, mais on se remet à penser à l'Extrême-Orient. On envoie en Asie des moines chargés de le trouver. Le frère franciscain Jean du Plan Carpin, de retour de Mongolie en 1247, propose Muhammad sultan du Kharezm comme candidat possible. Mais le moine et chroniqueur Guillaume de Rubrouck, en 1254, lui préfère un chef des Naïmans, mongols en partie manichéens, tout en reconnaissant que leur nombre et leur puissance sont très inférieurs à ce qu'on pouvait attendre du Prêtre-Jean. Ce sont là quelques exemples de tentatives pour identifier le sauveur espéré. Pour Marco Polo, le Prêtre-Jean est le khan des Ongüt, tribu turque manichéenne installée près de la boucle du fleuve Jaune, opinion partagée par le frère Jean de Monte-Corvino, envoyé par le pape en 1305 en Chine, et qui rapporte qu'il a rencontré près de la Muraille un roi chrétien nommé Georges, qui se prétend descendant du Prêtre-Jean « des Indes ».
  • Pourtant, l'opinion la plus générale est que le royaume du Prêtre-Jean se situe quelque part en Asie Centrale ou en Chine, bien que l'on persiste à l'appeler Prêtre-Jean des Indes. A partir de l'arrivée de Gengis Khan, en 1206, et des conquêtes mongoles qui s'ensuivent, les récits des voyageurs sont unanimes à rabaisser le Prêtre-Jean au rôle de simple vassal du khan. Dans les lettres et les chroniques, on commence à utiliser le nom de Tatars pour désigner aussi bien les Mongols que les Turcs nomades. Parmi les Tatars se trouvent des chrétiens, ce qui explique qu'on persiste à localiser le Prêtre-Jean dans une des régions de l'Est asiatique. Une des conséquences de la domination mongole est paradoxalement un extraordinaire mélange de populations, avec un développement des voyages entre l'Occident et l'Orient. Moines et marchands chrétiens rapportent, à leur retour d'Asie centrale et de Chine, la nouvelle désolante de l'inexistence probable du « vrai » Prêtre-Jean dans ces régions.
  • Ne l'ayant pas trouvé en Asie, la chrétienté européenne transporte le mythe en Inde. Il existait déjà des communautés anciennes de chrétiens indiens, appelés chrétiens de saint Thomas, du nom du premier évangélisateur de l'Inde. Les brahmanes, réputés chastes et vertueux, sont un moment pris pour des chrétiens retirés du monde. On trouve aussi une allusion à un souverain chrétien de l'Inde du Nord dans le récit que Clavijo fait de son ambassade auprès de Tamerlan en 1406, mais il se contente de le désigner par une initiale : « On l'appelle N.» (Négus ?) D'ailleurs, au Moyen Age, ce qu'on appelle Inde prête à confusion, notamment chez les cartographes qui en poussent les limites jusqu'en Afrique orientale.
  • Depuis longtemps, les Occidentaux connaissent l'existence d'un empire éthiopien, situé quelque part vers la Nubie ou l'Egypte, par des moines abyssins arrivés en pèlerinage à Jérusalem et par la remise d'une lettre du négus au pape. Un moine dominicain, frère Jourdain de Severac, nommé évêque sur la côte du Malabar par le pape Jean XXII, rédige à son retour une relation assez fantaisiste de son voyage où il parle de l'Inde troisième, qu'il situe vaguement du côté de l'Afrique orientale, près du lac Zanzibar. Il reste pourtant des gens qui persistent à placer le Prêtre-Jean en Asie de l'Est et d'autres qui le croient en Inde, en dépit de n'avoir pas pu l'y découvrir dans toute sa gloire.
  • Au XIVe siècle, l'idée que l'Ethiopie pourrait être le royaume du Prêtre-Jean commence à gagner du terrain, surtout après qu'une ambassade envoyée par le negusa nagast (négus d'Ethiopie, en éthiopien) arrive à la cour papale d'Avignon en 1310. La venue en Europe d'autres voyageurs éthiopiens, ainsi que la diffusion d'informations provenant de chrétiens ayant séjourné au Moyen-Orient et en Arabie, confortent l'opinion qu'il existe bien quelque part vers la pointe nord-est de l'Afrique un royaume chrétien nommé Ethiopie (nom peu familier aux Européens qui le rapprochent du grec aithiopios « au visage brûlé, noir ») et dont le souverain, à la fois prêtre et roi, est en guerre contre les musulmans. Plusieurs chroniqueurs arabes lui prêtent même le pouvoir redoutable de détourner le cours du Nil - en réalité, c'est le Nil bleu, une des grandes branches du Nil qui coule en Abyssinie - pour assécher et ruiner le Soudan et l'Egypte, et la menace de cette arme écologique renforce le désir des chrétiens de s'allier à lui contre l'islam. Les informations sur l'emplacement exact de ce pays et sur son roi, que l'on continue malgré tout à appeler le Prêtre-Jean, restent assez floues. La découverte de son royaume, l'Ethiopie, et de son souverain, le négus, sont l'oeuvre du Portugal, alors le premier pays européen à lancer ses navires sur les mers du Sud. On trouve trace du passage d'un ambassadeur éthiopien appelé Georges à Lisbonne en 1452. Il est peut-être déjà question d'un projet d'alliance, car le roi du Portugal, Alphonse V, décide en 1454 que l'ordre du Christ, dont le prince Henri le Navigateur est le grand maître, ajoutera à sa juridiction la Guinée, la Nubie et l'Ethiopie.

  • Cependant, ce qui va amener le mythe du Prêtre-Jean sur l'impitoyable terrain de la réalité est sans doute l'extraordinaire information recueillie en 1486 par les navigateurs portugais auprès des populations du Bénin alors qu'ils commencent l'exploration des côtes africaines en vue de la découverte de l'Inde : « A vingt lunes de marche, leur disent les notables du Bénin, vers le nord, au sud de l'Egypte, règne le grand roi Ogané, que nous vénérons et à qui nous envoyons des ambassadeurs. Nous ne le voyons jamais car il nous reçoit dissimulé derrière un grand voile d'où sort seulement son pied quand il nous donne congé. » Depuis des temps anciens, les nobles du Bénin doivent recevoir son approbation pour élever au trône celui d'entre eux qui doit succéder au roi défunt. Il donne son accord en lui envoyant un casque et une croix en cuivre brillant. Le nouveau roi du Bénin se doit de porter cette croix à son cou s'il veut être reconnu officiellement. Au vu du rapport de ses navigateurs, le roi Jean II du Portugal envoie deux moines en éclaireurs vers le pays du roi Ogané, mais ils ne peuvent même pas dépasser Jérusalem car ils ne parlent pas l'arabe.

  • Le roi du Portugal et ses conseillers pensent que le roi Ogané - on ne connaît aucun roi d'Ethiopie de ce nom ! - est en réalité le Prêtre-Jean et que son royaume doit se trouver dans la partie arabique de l'Inde mineure que l'on appelle Ethiopie. Il envoie cette fois-ci deux hommes expérimentés, Pedro da Covilhã et Afonso de Paiva, à qui il remet une lettre pour le Prêtre-Jean, un planisphère pour y marquer l'emplacement exact de son royaume et une somme d'argent.

  • Les émissaires partent le 7 mars 1487, habillés à l'arabe, et gagnent Le Caire. Là, ils se séparent. Pedro da Covilhã doit se rendre d'abord en Inde pour découvrir le port d'embarquement des épices destinées aux pays méditerranéens, et Afonso de Paiva doit aller jusqu'en Ethiopie pour y rencontrer le Prêtre-Jean, étant entendu qu'ils se retrouveront au Caire après leur mission. Afonso de Paiva disparaît en cours de route, sans laisser de trace. Pedro da Covilhã, de retour de son périple en Inde, est rejoint au Caire par un marchand juif porteur d'une lettre du roi Jean II qui ordonne de poursuivre coûte que coûte la recherche du Prêtre-Jean. Parfaitement intégré au milieu musulman, Pedro da Covilhã réussit à traverser l'Arabie et à débarquer à Zeila, l'ancien port éthiopien. De là, il s'enfonce à l'intérieur des terres et gagne les hauts plateaux pour y trouver enfin, près de la capitale royale Gondar, le campement impérial où il est accueilli chaleureusement, en l'an 1494, par le négus qui se nomme « Alexandre, Lion de Juda, Roi des Rois ». Rien à voir avec le Prêtre-Jean ! Mais les Portugais s'obstinent à appeler les empereurs d'Ethiopie Prêtre-Jean, pour le prestige sans doute, et peut-être parce que les sujets de l'empereur s'adressent à lui en disant zan hoy « monseigneur », ce qui semble avoir une analogie phonétique avec Jean.

  • L'empereur d'Ethiopie est certes chrétien, de l'antique rite copte, proche de la religion hébraïque, héritier d'un royaume qui a dominé jadis tous les pays face à l'Arabie, mais que l'arrivée de l'islam et son extension ont refoulé des rives de la mer Rouge et réduit aux régions des plateaux et des hautes montagnes où passe le Nil bleu. Cependant, les empereurs d'Ethiopie continuent à résister aux attaques acharnées des pays musulmans qui les encerclent. Il existe même en Ethiopie une communauté de juifs retirée dans des lieux inaccessibles. Pedro da Covilhã, le premier ambassadeur européen qui rencontre le négus, a un destin pittoresque. Il se prépare à regagner le Portugal lorsque le négus Alexandre meurt et que son successeur, le négus Naod, lui enjoint de rester : la coutume veut qu'on ne laisse pas repartir un étranger talentueux que l'on aime. On lui fournit une résidence et une épouse éthiopienne (Covilhã est déjà marié au Portugal) dont il aura plusieurs enfants. Traité comme un noble, il est reçu à la cour où il rencontre Nicola Bianca, un peintre italien, qui peint des fresques dans les églises éthiopiennes.
  • Plus de vingt ans passent jusqu'à l'arrivée en 1520 d'une nouvelle ambassade portugaise envoyée par le roi Manuel II. Quand celle-ci repart, le négus Lebna Dengel (que les Portugais appellent David) autorise Covilhã à la suivre. Mais celui-ci, qui pourtant a montré une grande joie à revoir ses compatriotes, refuse et choisit de rester en Ethiopie où il termine ses jours entouré des siens. Dans cette ambassade se trouve le père Francisco Alvares qui va écrire une relation détaillée des gens, des coutumes, des rites et des terres de l'Ethiopie de son temps, publiée en 1540 à Lisbonne, Verdadeira Informação das Terras do Preste Joao das Indias . C'est donc au début du XVIe siècle que le personnage mythique du Prêtre-Jean est remplacé par un souverain chrétien bien réel, allié des Portugais. Ceux-ci opèrent alors en mer Rouge contre les musulmans, renforcés par l'arrivée des Turcs et qui détiennent par surcroît la voie du passage des marchandises venues de l'Inde. Ce sont donc des concurrents redoutables.
  • Pendant les rares périodes de paix avec ses voisins, le négus se montre magnifiquement vêtu, entouré d'une cour bariolée, va prier dans les églises creusées dans le rocher, sous le patronage de l' abuma (le patriarche nommé par l'Eglise jacobite d'Alexandrie). Le barnagais (commandant des terres de la mer) guide les envoyés portugais jusqu'à lui. Son armée est très combative, mais insuffisante en nombre et équipée seulement d'armes blanches, alors que les musulmans possèdent des arquebuses et des canons fournis par les Turcs. Ces derniers arrivent de plus en plus en mer Rouge et les navires portugais tentent avec difficulté de s'y opposer. Le Prêtre-Jean est leur unique allié dans ces régions, mais il vient de subir une terrible défaite et doit se réfugier avec ses derniers fidèles dans les montagnes. Il appelle les Portugais à son secours. Ceux-ci réussissent en 1541 à débarquer une troupe de 400 hommes avec des canons commandée par Christophe de Gama, neveu du grand Vasco, et à battre l'armée des musulmans. Ils sont eux-mêmes vaincus par une puissante contre-attaque et perdent 200 hommes, dont leur commandant. Les survivants portugais rassemblent autour d'eux des paysans éthiopiens, mettent à leur tête le jeune et vaillant négus Galawdewos (Claudius), et remportent une victoire totale sur les musulmans le 22 février 1543. Ainsi les Européens, qui ont attendu pendant des siècles d'être sauvés en Orient par le Prêtre-Jean, le sauvent au prix de leur sang. La quête mythique est bien achevée.

  • Installée par Jean III en 1536, l'Inquisition portugaise envoie des jésuites enquêter sur les pratiques religieuses du Prêtre-Jean. Lui-même et ses sujets sont décrétés hérétiques. Même si l'Ethiopie a grand besoin de canons et de munitions, le négus en 1557 refuse devant une délégation de jésuites venus de Lisbonne de convertir l'Ethiopie au catholicisme. Et quand son successeur accepte de le faire l'année suivante, il est désavoué par son clergé et par son peuple qui veulent continuer à pratiquer l'ancienne religion de leurs aïeux. La réprobation est générale : les derniers jésuites sont expulsés de l'Ethiopie en 1634, mettant définitivement fin à cent quarante années de relations amicales entre l'empire éthiopien et le Portugal. Le mythe du Prêtre-Jean n'a pas pu résister à la réalité.

  • Comprendre
    - Tatars (ou Tartares) Tribus appartenant à la configuration des tribus mongoles, ennemies, puis soumises à Gengis Khan. Indes Au Moyen Age, on compte plusieurs
    - Indes : l'Inde mineure, au-dessus de l'Indus ; la Grande Inde, entre l'Indus et le Gange ; la Troisième Inde, au-delà du Gange. Pour certains auteurs, l'appellation Inde englobe aussi une partie indéfinie de l'Afrique orientale

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