L'écrivain noir américain Jean TOOMER (1894-1967) & GOURDJIEFF
  • L'UNESCO encourageant le dialogue des civilisations et dans le cadre de notre approche comparée Africanité et Arménité, nous ne manquons pas de présenter la relation culturelle entre l'écrivain Jean Toomer du mouvement littéraire Harlem Renaissance avec l'écrivain Gurdjieff (1877-1949), grec de nationalité et né à Gumri en Arménie.

  • Après la Révolution d'Octobre, Gourdjieff avait émigré en France. De 1922 à 1933, c'était à cette époque où Gourdjieff avait fondé un centre international culturel près de Fontainebleau de 1922 à 1933.

  • Gourdjieff s'est fait connaître dans la diaspora arménienne surtout après la sortie du film "Rencontres avec des gens remarquables" du metteur en scène Peter Brook en 1982. Le metteur en scène anglais avait fait ce film à partir d'une pièce théatrale tiré d'une oeuvre de Gurdjieff et joué au paravant à New York.

  • Bien que sachant parler l'arménien, à ma connaissance, il n'était pas connu dans la communauté franco-arménienne qui était en grande majorité originaire d'Anatolie, alors que par exemple Archag Tchobanian l'était. Gourdjieff a évolué dans la communauté russe blanche de France et on peut dire qu'il en faisait partie effectivement (et non pas de la communauté franco-arménienne) : avec une très grande ouverture à l'extérieur et à l'internationnal. Gurdjieff fondera près de Fontainebleau un Institut appelé le Prieuré .

  • Mais si Gourdjieff ne fréquentait pas la communauté arménienne, il a su rendre hommage au haut niveau de la langue arménienne et à sa richesse, une langue qui était capable d'exprimer des concepts philosophiques de grande profondeur* .
  • Cependant, à cette époque, en Amérique, il y eut un mouvement artistique , littéraire, culturel, philosophique et politique parmi les Noirs Américains, ceci à partir des années 1920 jusqu'au début de la guerre. Ce mouvement culturel qu'on nomme Harlem Renaissance eut lieu en partie à Chicago où se trouvait une très forte communauté noire, mais c'est surtout à Harlem au Nord Ouest de Manhattan, où eut lieu cette véritable explosion culturelle . **

  • L'écrivain Jean TOOMER, avec d'autres origines que noire, a apporté son importante contribution à ce mouvement littéraire et artistique afro-américain. Il séjournera quelques temps à l'Institut de Gourdjieff. .

Gourdjieff & Jean Toomer

  • Paul Beekman Taylor, Ombres du Ciel - (S. Weiser Inc.)

  • Paul Beekman Taylor est professeur de littérature anglaise à l'Université de Genève. Le livre, partiellement autobiographique, provient d'une recherche, par l'auteur, sur la période passée par sa mère et l'ami intime de celle-ci, Jean Toomer, dans les groupes que Gurdjieff a formés en France et aux Etats-Unis.

  • Selon la reconstitution par Taylor de l'événement, Jean Toomer est entré en contact avec Gurdjieff au début de 1924 à New-York, à l'occasion d'une représentation des Danses Sacrées. Six mois plus tard, il arriva au Prieuré, muni d'une brochure expliquant le travail réalisé à l'Institut, et un certificat, délivré par Orage, qui prouvait la part qu'il avait prise à l'Institut de Gurdjieff.

  • Son séjour y fut très bref : en octobre de la même année, Gourdjieff, qui venait juste de se relever d'un grave accident de voiture, annonça la fermeture de l'Institut. Toomer retourna à New-York et assuma la direction du groupe de Harlem, travaillant pendant quelque temps avec Orage, afin d'obtenir directement de Gurdjieff en 1926, la tâche de constituer un groupe à Chicago.

  • La narration des événements qui se produisirent dans les années suivantes constitue la partie la plus détaillée du livre. A travers les nombreux extraits de la correspondance entre Toomer, Edith et les futurs Mr. et Mrs. Orage, Taylor essaie de reconstituer les relations entre les groupes américains de Chicago et ceux de New-York, respectivement fidèles à Toomer et Orage, et leur fonction dans le plan de Gourdjieff. Cette analyse amène l'auteur à tirer une conclusion quant aux motivations qui ont amené Toomer, en 1935, à abandonner Gourdjieff et son groupe de travail.

  • C'est ainsi, dit Taylor, que Toomer refusa obtinément de rencontrer de nouveau le maître. Quant Gourdjieff mourut, en 1949, il exprima ses sentiments dans un poème intitulé "A Gurdjieff mourant", poème cité dans ce volume. Le retour de Toomer dans le groupe de travail de New-York eut lieu à l'occasion d'une réunion arrangée par Madame Ouspensky en 1953 pour célébrer l'anniversaire de la naissance de Gourdjieff. Quelques jours plus tard, dans une lettre affligée à Mme Ouspensky, il écrivit, au sujet de Gourdjieff, qu' " …Il était et est le seul être que j'ai aimé plus que tout autre, craint en un sens, et vénéré. Je ne peux pas concevoir ma vie sans lui et son enseignement, et la vie qu'il a rendue possible".

  • La partie autobiographique concerne son enfance, les contacts sporadiques entre Taylor et Gourdjieff au "Prieuré" et son long séjour, de 1937 à 1939 dans le " Moulin" de Toomer. Puis, les impressions et l'enseignement reçu de Gourdjieff à New-York en 1948 et à Paris l'année suivante. Un chapitre est consacré à une brève introduction à l'ouvrage de Gourdjieff : Contes de Belzébuth à son petit Neveu.
Texte de présentation de
Shadows of Heaven
traduit de l'anglais par
Louise Kiffer


Portage Potential
by Jean Toomer
Gurdjieff in Toomer's Eyes
by
Paul Beekman Taylor
  • Part of the Jean Toomer Papers in the Beinecke Library at Yale University, and never published, Jean Toomer's book, Portage Potential, written in 1932, has been read by only a handful of people. He had led groups in Chicago for about five years and an important next step was his "experiment" at Portage, in the Wisconsin countryside--the first time he made an attempt to live with his students. He wanted Portage to be an environment in which special conditions could be created, where those who wanted to change would not only be helped to change but made to change.
  • The book describes two months during the summer of 1931, in which four to twelve people lived together in a cottage, cooking, cleaning, interacting, and playing games. It gives us a glimpse of what it is like to live with a group of people whose common aim is to wake up. There is only small mention of Mr. Gurdjieff's name in the manuscript of Portage Potential. The most important is when Toomer admits openly that the underpinnings of his ideas are taken directly from Gurdjieff, but makes it clear that the book is not an attempt to reformulate Gurdjieff's ideas. "None of this would have been possible," says Toomer of the experiment at Portage, "without what Mr. Gurdjieff has done for me--but I am an imperfect understander and transmitter." Given what Toomer says of himself, one can't help wondering what he's doing teaching. At the same time what he says and does for his pupils seems thoughtful and useful for them. So the question remains: How can an "imperfect understander" transmit that which he doesn't quite understand?

  • Professor Taylor is the adopted son of Jean Toomer and a professor of English Language and Literature at the University of Geneva, Switzerland. Nathan Jean Toomer, born in 1894, was a celebrated writer when he first heard Orage explain Gurdjieff's ideas. He saw Gurdjieff himself for the first time in the spring of 1924 in New York City. To critics, Toomer's Cane (1923) was the harbinger of an exceptional career to come, but its author was eager for a spiritual experience that would carry him beyond ecstatic moments of spirit in the Black South to the universal consciousness that Gurdjieff's teaching seemed to offer. So, after consulting with Orage in New York, he set off for Gurdjieff's Institute in the summer of 1924.
  • "I AM CHAINED"
    Writing his memoirs some twenty-five years later, Toomer recalled that he was part of Gurdjieff's world for sixteen years, between 1923 and 1939, the first six of which were intensive involvement: "It must have been towards the end of 1923 that the events began, events that were to claim me and, in a sense, chain me for the rest of my life. I am claimed and I am chained...When I die you will find Gurdjieff written in my heart? Yes? No?" "And now," he adds, "I swiftly look back over all that, and I say--I do not know Gurdjieff. I have never known Gurdjieff. I never will." This statement, of unquestionable sincerity, is deceptive. Toomer was both in and out of Gurdjieff's service for the eleven years between 1924 and 1935, visited the Prieuré for the last time in 1929, saw Gurdjieff himself last in 1935, and announced his severance with Gurdjieff only four years later


Brother in Elysium: Orage in Gurdjieff’s Service
by Paul Beekman Taylor

Reviewed by Michael Benham

  • *il faudrait que je retrouve ce passage qu'on m'avait lu à partir d'un livre, il y a presque 20 ans de cela

  • ** Harlem Renaissance :
    - Bibliographie en français : "Harlem 1900-1935. De la métropole noire au ghetto, del a Renaissance culturelle à l'exclusion", ouvrage collectif, dirigé par Isabelle Richet. Editions Autrement - Série Mémoires N°25, Paris 1993
    - Pour tout renseignement supplémentaire sur le Harlem Renaissance et Jean TOOMER :
    Centre d'Études Afro-Américaines et des Nouvelles Littératures en Anglais (CETANLA)

  • Recherche bibliographique : Nil V. Agopoff

-I.Présentation - II.Arménologie - III.Recherches-Analyses-Approches ADIC - IV.La vie arménienne en diaspora -V.La culture arménienne et l'art- VI.Histoire - VII.Arménie(s) - VIII.Les différents environnements & l'Arménie - IX.Génocide de 1915 et enchaînements politico-médiatiques - X.Inconscient(s) collectif(s), Mémoire(s) et 1915 - XI.Religion(s) et Théologie(s)