• Monday, October 11, 2004 12:19 PM

  • Chers auditeurs de France Culture,

    Voici ci-dessous ce qu'on lit dans le journal "Paris-Normandie" à propos de la candidature de la Turquie. Il y a dans beaucoup de médias dont France-Culture, un non-dit du génocide arménien et une omission systématique des conditions d'entrée de la Turquie définies par le Parlement européen de Strasbourg le 18 Juin 1987, à savoir la reconnaissance préalable du génocide arménien.

    Nil Agopoff

PARIS-NORMANDIE - 9 octobre 2004
En coulisses; L'hallali du docteur Atamian par Lejeune Guillaume

  • Le docteur eudois Claude Atamian écrit sa rage. D'origine arménienne, le médecin du travail actuellement en voyage sur la terre de ses ancêtres s'est fendu d'une lettre ouverte à la directrice des programmes de France Culture qu'il distribue aux journaux locaux et régionaux.

    La station serait-elle devenue à l'insu de son plein gré un relais de la propagande turque, dans le but de persuader ses auditeurs de laisser ce nouveau cheval de Troie pseudo-démocratique et négationniste entrer dans l'Europe unie? s'interroge-t-il.

    La question de l'adhésion de la Turquie à la nouvelle Europe divise, à gauche comme à droite. Mais le propos du praticien n'est pas uniquement motivé par la dimension politique du débat - et du futur référendum. Dans sa longue missive, M. Atamian plonge dans les affres de l'Histoire (son histoire) et pointe du doigt les horreurs commises pendant cinq siècles par la Turquie et les Ottomans contre son peuple victime d'un génocide, en 1915; dénonce cette démocratie surveillée au doigt et à l'oeil par le pouvoir militaire; et bondit quand il entend que désormais, en Turquie, la torture n'est plus systématiquement appliquée.

    En sonnant ainsi l'hallali, M. Atamian annonce la mort du devoir de mémoire de son peuple. Et se positionne clairement pour le non à la Turquie, pourtant si prisée pour ses côtes touristiques

    http://www.crda-france.org/fr/9genocide1915/d_franceculture1.htm
  • Monday, October 11, 2004 11:46 PM

  • Monsieur,

    Je ne crois que :
    - Jean-Paul II ait pu aller prier au mémorial du génocide en Arménie s'il avait senti de la haine
    - et de même pour les historiens juifs qui ont reconnu le génocide arménien :
    http://www.memorial-cdjc.org/fr/monde177-78.htm

    J'aimerais aussi vous informer qu'à l'époque du génocide, l'Emir El-Hosseïn, Chérif de La Mecque et Gardien des Lieux (l'émir à l'époque de Laurence d'Arabie) avait dénoncé ces criminels Jeunes-Turcs de l'époque :
    http://www.armenian-genocide.org/Affirmation.4/current_category.1/affirmatio n_detail.html

    De plus il n'y pas de haine envers l'islam que beaucoup veulent diaboliser : nos dignitaires religieux sont à la pointe du dialogue islamo-chrétien : c'est le cas de Sa Sainteté Aram Ier, Catholicos à Beyrouth
    http://www2.wcc-coe.org/PressReleases_fr.nsf/index/pr-02-26.html

    Il y a seulement à dénoncer la falsification historique d'un Etat qui viole les droits de l'Homme :
    http://web.amnesty.org/report2004/tur-summary-fra

    Je rappelle la phrase d'Hitler au moment d'envahir la Pologne en 1939 : "Qui se souvient encore de l'extermination des Arméniens ?", phrase rapportée au Procès de Nuremberg.
    http://www.zoryaninstitute.org/Books/book_hitler_and_armenian.htm

    France Culture est en train de se compromettre à propager un mensonge d'un Etat négationniste, un Etat qui a un budget à (faire) réécrire l'Histoire. Dans un génocide, il y a toujours déni du crime prémédité et le bourreau veut se faire passer pour une victime.

    Un négationniste ne manquera aussi de le faire. Je salue les autres auditeurs de France Culture.

    Nil Agopoff
  • Thursday, October 14, 2004 12:00 PM

  • Bonjour chers auditeurs de France Culture,

    En complément à mon premier message, voici un passage de la lettre ouverte du Dr Atamian datée du 6 Octobre à Laure Adler :

    "...on entend la correspondante de France Culture à Ankara annoncer avec bonheur : «désormais en Turquie la torture n'est plus systématiquement appliquée» (nouveau sic !)

    Pire encore en ce qui concerne votre radio, pas la moindre opinion contraire n'a été exprimée dans les trois cas que je viens d'exposer. De 6 heures à 9 heures, l'auditeur n'a pu entendre qu'un plaidoyer pro-turc, sans avoir la possibilité de se faire une opinion quelque peu objective. Est-ce montrer là un bon exemple concernant la probité intellectuelle dont doit faire preuve une antenne du Service Public?"

    Salutations aux auditeurs de France-Culture

    Nil

    PS - Ma grand-mère était une des rares rescapées de la ville de Trébizonde sur la Mer noire, à l'Est de la Turquie. Son mari, mon grand-père a été assassiné en premier dans un bateau au large du port, avec les autres notables arméniens de la ville.

    Ma grand-mère a pu sauver sa vie et celle de ses enfants grace à la recommandation bienveillante d'une voisine turque qui l'a mariée à un laze musulman qui était veuf.

    Ma grand-mère disait que c'était un brave homme. Elle a dû porter le voile, elle a pu se faire avorter en cachette par le docteur grec de la ville et cela a duré un an jusqu'à l'arrivée des troupes russes en 1916. Avant de partir vers la Géorgie voisine tant que les troupes russes étaient à Trébizonde, elle a déposé au Consulat américain de la ville la liste des biens qui lui ont été volés. J'en ai la copie. C'est le seul papier qui nous reste de là-bas. En principe je dois retrouver l'original à Washington, aux Archives du Département d'Etat.

    Voici la lettre à Laure Adler en entier
  • Friday, October 29, 2004 1:48 PM

  • Chers auditeurs de France-Culture,

    Je rappelle qu'il s'agit ici de la qualité des émissions de France-Culture, de son indépendance et que sa probité est mise en cause.

    Il est important de savoir qu'il y a :
    - un négationnisme d'un Etat qui consacre un budget important à (faire) réécrire l'histoire en faisant appel à des "historiens" mercenaires ou des internautes qui controlent les forums du monde entier : ça fait partie de leur boulot et c'est banal (ils auront un jour leur retraite comme tout le monde),
    - que le négationnisme n'est pas une simple opinion, mais que c'est un délit envers la Loi française,
    - et qu'il y aura toujours des négationnistes amateurs ou militants, comme il y aura toujours des extrémistes ou des lepenistes : ça fait partie de la vie -comme les embouteillages sur les autoroutes ou la pollution dans les villes.

    On ne discute pas avec les négationnistes qui veulent toujours se faire passer pour des victimes. Pour les négationnistes amateurs, le hasard de la vie, leur parcours personnel a fait qu'ils sont devenus des caractériels incapables de dialoguer et toujours prêts à polémiquer. Un négationniste n'a rien avoir avoir le fait qu'il aime son pays : le patriotisme est respectable, alors que le nationalisme ne l'est pas.

    Et comme attitude peu recommandable (bien masquée en "gentlman"), nous avons celle du gouvernement britannique (que l'internaute skykidos donne en exemple comme autorité à propos du génocide arménien) : à la Conférence mondiale contre le racisme à Durban en Septembre 2001 organisée par l'ONU, le représentant britannique a réfuté la nature de la traite négrière et de l'esclavage comme crime contre l'Humanité. Le représentant britannique a présenté ces crimes comme un commerce, comme un "négoce" : on peut imaginer comment les Antillais anglophones ou les Noirs américains ont pû s'indigner.

    Ainsi, que pourrait-on attendre d'un tel gouvernement britannique à l'égard du génocide de 1915? Je ne voudrais trop prendre le temps précieux des auditeurs de France-Culture, mais il y a eu une extermination organisée par l'Etat ottoman, un génocide planifié. La 1ère Guerre mondiale a été l'occasion à ne pas rater pour entreprendre un tel programme basé sur l'idéologie pantouraniste de l'époque qui préchait "un Empire turc allant de la Méditerranée au Pacifique".

    On a présenté les massacres de ce génocide comme des bavures de guerre, des accidents de terrain, mais c'était un crime prémédité et organisé. Ma grand-mère se cachant en femme laze musulmane, a été présente à Trébizonde en 1915 : comment les bébés ont été jetés à la mer, comment on a donné des soupes empoisonnées aux enfants arrachés au métropolite grec qui les avaient hébergés, comment les jeunes filles ont été vendues aux plus offrants, comment on a enterré vivant les gens à tel point que la terre bougeait encore quelque chose après. C'était le cauchemar et l'horreur.

    Et c'est pour masquer ce crime contre l'Humanité que le gouvernement kémaliste a supprimé en 1924 le califat. La raison officielle était pour la "laïcité" de la nouvelle république turque. Mais en non-dit, c'était surtout pour ne pas qu'un jour, un Calife, Commandeur des croyants, puisse reconnaitre le génocide arménien : un crime contre l'Humanité, mais aussi un crime contre l'islam. Car un des devoirs de l'islam est de protéger le dhimmi, le non-musulman croyant. On n'a pas encore fait état de cela à France-Culture dans des émissions sur les massacres arméniens. Peut-être est-ce parce qu'on ne veut pas dire que l'islam arabe a été plus tolérant envers les Chrétiens d'Orient et les Juifs que l'Eglise catholique l'a été envers les autres religions ?

    Dans sa fondation laïciste, la république kémaliste a voulu faire table rase du passé -en particulier en parachevant le génocide arménien et ensuite en l'occultant. En supprimant l'institution religieuse aussi prestigieuse qu'était le Califat remontant aux premiers temps de l'islam, c'était s'attaquer au sommet de l'islam et à sa spiritualité. Cela n'a pu qu'engendrer à la longue des forces centrifuges incontrolables dans cette région du monde. Imaginez un peu si on supprimait la fonction papale : que deviendrait le catholicisme s'il était maintenu sans Pape et s'il était constament diabolisé par les médias internationaux? Pas du protestantisme en tout cas, mais un catholicisme plein d'intégristes religieux.

    Pour terminer, on peut dire aujourd'hui, que l'intégrisme islamiste et son terrorisme actuel ont leurs racines depuis 1924 dans la volonté de l'Etat turc laïciste (et non laïc) à nier ce crime contre l'Humanité : quand est-ce qu'on pourra le dire un jour à France-Culture, ne serait-ce pour un retour à sa qualité d'avant 1997-1999 ?

    Nil Agopoff

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