Table ronde au
Centre culturel canadien

du
Jeudi 5 Septembre 2002

organisée par le CRDA
à
l'occasion de la sortie du film
"Ararat" d'Atom EGOYAN

Comment écrire
la mémoire d'un génocide ?

table ronde, qui a eu lieu après la projection

du vidéo du CRDA
Mémoire arménienne
film réalisé par Jacques Kébadian en 1993

et co-produit par
le Centre Georges Pompidou
avec :

Hélène Piralian - René Schérer

- Jacques Kébadian - J-C Kébabdjian -


 

 

 

Des costumes utilisés dans le film Ararat

Photos : Théodore Kilgore

  • Cette table ronde autour de "Comment écrire la mémoire d'un génocide ?" était animée par M. Jean-Claude Kebabdjian, Président du Centre de Recherche sur la Diaspora Arménienne. Parmi les personnalités réunies il y avait M.René Scherer, philosophe, professeur émérite à l'Université de Paris VIII, Madame Hélène Piralian psychanalyste, philosophe, cofondatrice de AIRCRIGE (Association Internationale de Recherches sur les Crimes contre l'humanité et les Génocides) auteur du livre Génocide et transmission, ainsi que Jacques Kebadian, réalisateur de Mémoire arménienne un film qui présente les témoignages des rescapés du génocide arménien de 1915, dont la plupart aujourd'hui ont disparus.

    En ouvrant la soirée, Jean-Claude Kebabdjian a rappelé tout d'abord la récente reconnaissance (15 juin) du Génocide arménien part le Sénat canadien. En expliquant ensuite le sujet de la table ronde, il a rajouté : "On n'est pas là pour un débat historique sur la qualification du génocide et sur les événements de l'époque, mais plus exactement pour comprendre les problèmes que pose sa diffusion et sa connaissance pour les générations actuelles. Comment rendre compte de la mémoire et du vécu auprès d'un vaste publique près d'un siècle après." La discussion engagé après la projetions du film a démontré l'importance au même titre que les milliers de documents et de témoignages du Centre de Recherche sur la Diaspora Arménienne de l'existence de films comme Mémoire arménienne et Ararat pour la diffusion et la transmission de cette mémoire. Les propos du philosophe M. René Schérer allaient dans ce sens. Après avoir exprimé son "admiration sans réserve" sur le film Mémoire arménienne, "un film émouvant par sa simplicité et sa force d'émotion et de conviction. Il n'y a pas de négation possible", a-t-il précisé. M.Schérer a remarqué en suite, qu' "acteurs ou victimes de l'histoire, les témoins n'ont qu'une vue fragmentaire et qu'il était absolument indispensable que les historiens regroupent tous les éléments de ces témoignages". Le réalisateur du film Jacques Kebadian, quant à lui, a expliqué toute la difficulté que représentait le recueillement de centaines et de centaines de témoignages et leurs adaptations pour un film télévisuel. Selon Hélène Piralian si Mémoire arménienne exprime "la réalité brute et irréfutable à l'opposé, Ararat de Egoyan est centré sur la négation du génocide". Pour la psychanalyste qui étudie les conséquences des génocides et de leurs déni sur les sociétés, l'intérêt du film Ararat est comme quelque chose qui viendrait effacer le déni, car "le déni est encore plus grave que la négation". "Je salue ce film, j'étais excessivement émue en le regardant, j'étais une représentante des Arméniens qui se battaient qui ont existés et je pense que face à ce rien, que nous ont imposé les Turcs par leurs déni, tous ce qui vient de s'inscrire dans l'espace me parait incontestablement positif", a t-elle rajouté à propos d' Ararat. La semaine arménienne au Centre culturel canadien consacrée à la sortie du film du réalisateur arméno-canadien Atom Egoyan Ararat s'est clôturée avec la performance de Nouritza Matossian, qui est la biographe du peintre Archile Gorky, le personnage principal du film Ararat, un rescapé du génocide arménien de 1915. Nouritza Matossian évoque la vie de Gorky depuis son arrivée aux Etats-Unis, à New York, et son succès comme le plus grand peintre surréaliste américain. A travers les yeux des quatre femmes qui l'ont aimé (sa mère, sa soeur et ces deux compagnes), elle a fait un one man show remarquable qui a duré près de deux heures. Interprété sur un fond de musique arménienne et des reproductions de peintures de Gorky, N. Matossian nous a dévoilé non seulement toutes les étapes de la vie d'Archile Gorky depuis son enfance, mais aussi son immense talent.

Rousanne Gureghian