Comment
écrire
la mémoire d'un génocide ?
table ronde, qui a eu
lieu après la projection
du vidéo du CRDA
Mémoire arménienne
film réalisé par Jacques Kébadian en 1993
et co-produit par
le Centre Georges Pompidou avec
:
Hélène
Piralian - René
Schérer
- Jacques Kébadian - J-C Kébabdjian -
Des costumes utilisés dans le film Ararat
Photos : Théodore Kilgore
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- Cette table ronde autour de "Comment écrire
la mémoire d'un génocide ?" était animée par M. Jean-Claude Kebabdjian,
Président du Centre de Recherche sur la Diaspora Arménienne. Parmi les
personnalités réunies il y avait M.René Scherer, philosophe, professeur
émérite à l'Université de Paris VIII, Madame Hélène Piralian psychanalyste,
philosophe, cofondatrice de AIRCRIGE (Association Internationale de
Recherches sur les Crimes contre l'humanité et les Génocides) auteur
du livre Génocide et transmission, ainsi que Jacques Kebadian,
réalisateur de Mémoire arménienne un film qui présente les témoignages
des rescapés du génocide arménien de 1915, dont la plupart aujourd'hui
ont disparus.
En ouvrant la soirée, Jean-Claude Kebabdjian a
rappelé tout d'abord la récente reconnaissance (15 juin) du Génocide
arménien part le Sénat canadien. En expliquant ensuite le sujet de la
table ronde, il a rajouté : "On n'est pas là pour un débat historique
sur la qualification du génocide et sur les événements de l'époque,
mais plus exactement pour comprendre les problèmes que pose sa diffusion
et sa connaissance pour les générations actuelles. Comment rendre compte
de la mémoire et du vécu auprès d'un vaste publique près d'un siècle
après." La discussion engagé après la projetions du film a démontré
l'importance au même titre que les milliers de documents et de témoignages
du Centre de Recherche sur la Diaspora Arménienne de l'existence de
films comme Mémoire arménienne et Ararat pour la diffusion
et la transmission de cette mémoire. Les propos du philosophe M. René
Schérer allaient dans ce sens. Après avoir exprimé son "admiration
sans réserve" sur le film Mémoire arménienne, "un film
émouvant par sa simplicité et sa force d'émotion et de conviction. Il
n'y a pas de négation possible", a-t-il précisé. M.Schérer a remarqué
en suite, qu' "acteurs ou victimes de l'histoire, les témoins
n'ont qu'une vue fragmentaire et qu'il était absolument indispensable
que les historiens regroupent tous les éléments de ces témoignages".
Le réalisateur du film Jacques Kebadian, quant à lui, a expliqué toute
la difficulté que représentait le recueillement de centaines et de centaines
de témoignages et leurs adaptations pour un film télévisuel. Selon Hélène
Piralian si Mémoire arménienne exprime "la réalité brute et
irréfutable à l'opposé, Ararat de Egoyan est centré sur la négation
du génocide". Pour la psychanalyste qui étudie les conséquences
des génocides et de leurs déni sur les sociétés, l'intérêt du film Ararat
est comme quelque chose qui viendrait effacer le déni, car "le
déni est encore plus grave que la négation". "Je salue ce film,
j'étais excessivement émue en le regardant, j'étais une représentante
des Arméniens qui se battaient qui ont existés et je pense que face
à ce rien, que nous ont imposé les Turcs par leurs déni, tous ce qui
vient de s'inscrire dans l'espace me parait incontestablement positif",
a t-elle rajouté à propos d' Ararat. La semaine arménienne au
Centre culturel canadien consacrée à la sortie du film du réalisateur
arméno-canadien Atom Egoyan Ararat s'est clôturée avec la performance
de Nouritza Matossian, qui est la biographe du peintre Archile Gorky,
le personnage principal du film Ararat, un rescapé du génocide
arménien de 1915. Nouritza Matossian évoque la vie de Gorky depuis son
arrivée aux Etats-Unis, à New York, et son succès comme le plus grand
peintre surréaliste américain. A travers les yeux des quatre femmes
qui l'ont aimé (sa mère, sa soeur et ces deux compagnes), elle a fait
un one man show remarquable qui a duré près de deux heures.
Interprété sur un fond de musique arménienne et des reproductions de
peintures de Gorky, N. Matossian nous a dévoilé non seulement toutes
les étapes de la vie d'Archile Gorky depuis son enfance, mais aussi
son immense talent.
Rousanne Gureghian
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