Omission des crimes contre l'Humanité : falsification historique !

Une question de dignité






Dimanche
26 janvier 2003,
le Comité
Marche du 23 Mai 1998
a organisé une manifestation de protestation
devant le Palais des Sports
où se jouait le spectacle de Robert Hossein
« C’était Bonaparte ».


Compte-rendu d'un participant :

14 h 00. Palais des Sports, porte de Versailles. C’est la dernière représentation de « C’était Bonaparte », pièce de théâtre montée par Robert Hossein et Alain Decaux en l’honneur de Napoléon Bonaparte.

Les premiers spectateurs arrivent déjà quand plus d’une soixantaine d’Antillais, femmes, enfants et hommes, vêtus de noir et se tenant par la main, se dressent silencieusement de part et d’autre de l’allée menant à l’entrée de la salle de spectacles.
Au milieu de l’allée, sur un drap blanc, repose une sculpture représentant un pied enchaîné. Il est là pour rappeler l’esclavage des nègres que Napoléon Bonaparte a rétabli après de sanglantes batailles en Guadeloupe et en Guyane en 1802. L’esclavage des nègres qu’il a tenté aussi de rétablir à Saint-Domingue, et où ses armées ont connu leur première défaite contre l’humanité.
Évitant soigneusement le pied enchaîné, les spectateurs n’osent pas croiser nos regards de filles et fils d’esclaves. Une lettre signée « Mickaella, fille d’esclave » et intitulée : « Au secours ! s’écrie l’histoire », leur est remise pour qu’ils sachent que Bonaparte, le héros qu’ils vont applaudir, est aussi l’auteur d’un crime
14 h 30. La policiers arrivent et nous demandent d’arrêter de distribuer notre texte. Ils veulent nous intimider et nous faire déguerpir. Mais nous restons campés devant le Palais des Sports, jusqu’à ce que Robert Hossein demande à nous rencontrer. Nous lui expliquons calmement ce que nous sommes venus faire. Le metteur en scène se défend d’être raciste et admet que nous avons raison de défendre la mémoire de nos aïeux victimes des guerres napoléoniennes.

16 heures. Nous quittons les lieux, fiers d’avoir un peu plus défendu la mémoire de nos aïeux.
« Au secours ! »

s’écrie l’Histoire

Quelques 3800 applaudissements, ce soir, et une centaine de comédiens pour célébrer celui qui a, en 1802, rétabli l’esclavage dans la Caraïbe. Quelques 3800 applaudissements et une centaine de comédiens pour essayer de croire et de faire croire que c’était « ça » l’Histoire.

Homme, quelle que soit ta couleur,
Si tu ignores ce que tu fais,
Tu peux tuer ta mère,
Si tu ignores ce que tu vois,
Tu peux tuer ton père,
Si tu ignores ce qu’on t’a fait,
Tu peux tuer tes frères, tes sœurs et tes enfants,
Si tu ignores tout ce qui s’est vraiment passé,
Tu peux chaque soir, en sortant toutes tes dents, célébrer un démon.

3800 applaudissements, ce soir, et une centaine de comédiens pour piétiner l’Histoire de centaines de milliers d’enfants, de femmes et d’hommes de la Caraïbe.

3800 applaudissements et une centaine de comédiens ignorent le hurlement de ceux qui te disaient de leurs deux yeux que tu n’étais pas Dieu, Bonaparte.

Bonaparte a assis son pouvoir par la terreur.

Messieurs et dames, par vos 3800 applaudissements, vous célébrerez ce soir l’un des plus grands criminels de tous les temps.

En 1802, Napoléon Bonaparte envoya ses armées rétablir l’esclavage dans la Caraïbe.

Après de sanglants combats et le massacre de plusieurs milliers d’homme et de femmes, l’esclavage fut rétabli à la Guadeloupe et à la Guyane.

En Haïti, en 1803, les armées de Napoléon furent vaincues pour la première fois de leur histoire…

Ça aussi, c'était Bonaparte.

COMITÉ MARCHE
DU 23 MAI 1998

  • Si tu ignores ce que tu lis, tu peux nier encore longtemps ce crime contre l’humanité.

  • Mickaella, fille d’esclave