-I.Présentation - II.Arménologie - III.Recherches-Analyses-Approches ADIC - IV.La vie arménienne en diaspora -V.La culture arménienne et l'Art - VI.Histoire - VII.Arménie(s) - VIII.Les différents environnements & l'Arménie - IX.Génocide de 1915 et enchaînements politico-médiatiques - X.Inconscient(s) collectif(s), Mémoire(s) et 1915 - XI.Religion(s) et Théologie(s)


Opposition Islam // Christianisme ?

  • Les Pères de l'Eglise arménienne qui ont entretenu des échanges théologiques avec des théologiens musulmans seraient bien surpris d'apprendre que christanisme et islam s'opposent. Rappelons tout de même qu'islam et christianisme partagent avec le judaïsme la foi en un Dieu unique (Deus en latin, Astvats en arménien, Allah pour les musulmans mais aussi les chrétiens de langue arabe), ce qui les place en rupture à la fois avec le paganisme et l'athéisme, ce qui n'est pas rien.

    L'islam est fortement marqué par un gnosticisme largement répandu au moyen-orient au VIIe siècle : il existait différents courants gnostiques, plus ou moins proches de l'orthodoxie chrétienne (il existait même une gnose parfaitement orthodoxe et reconnue par les Pères de l'Eglise), mais tous étaient apparus très tôt parallèlement au christianisme, dont ils donnaient une interprétation. En cela, l'islam est lui-même fortement emprunt de christianisme (c'est un fait bien connu des scientifiques), tout en en étant très éloigné sur des points majeurs de la foi chrétienne comme la Trinité ou la divinité du Christ (celui-ci est qu'un prophète pour l'islam).

    Il y a donc des divergences majeures et insurmontables entre islam et christianisme d'un point de vue théologique. Il ne s'agit pas de les ignorer, mais divergences ne signifie pas oppositions : les chrétiens qui ont l'expérience d'une authentique vie spirituelle savent par expérience qu'ils sont plus proches des véritables mystiques musulmans et juifs que des baptisés qui se disent chrétiens tout en vivant comme des païens.

    Historiquement, ce sont les faux chrétiens, les faux musulmans et les faux juifs, qui ont en commun d'écraser autrui au nom de leur idéologie de Dieu, qui se sont combattus en se réclamant de Dieu (les chrétiens ont connus les mêmes égarements entre eux, entre Eglises, les Arméniens en savent quelque chose ; et les violences entre sunnites et chiites perdurent depuis treize siècles).

    En revanche, les fidèles chrétiens, musulmans et juifs, profondément attachés à Dieu, ont laissé au cours des siècles des échanges profonds, marqués par des convergences profondes et des divergences marquées, mais sans jamais aucune violence ni mépris.

    Les Pères de l'Eglise arménienne nous ont laissé des textes extrêmement précieux pour comprendre l'islam et son authentique spiritualité, sans rien ignorer des divergences. Il serait dommage que nous nous privions de l'expérience de nos Pères alors que nous vivons une époque où il est impératif d'avoir une approche posée et équilibrée des relations avec l'islam.

  • Macaire (Site L'Eglise d'Armenie) : son message sur le Forum de Nouvelles Arménie Magazine (En garde : contre l'islamisme ET l'islamophobie NAM 14/03/2004 02:55:00 )
  • Macaire, Forum du NAM le 08 janvier 07 à 21:37

  • L'Eglise apostolique arménienne a toujours mené le dialogue avec l'Islam. D'abord parce que les Chrétiens sont appelés à annoncer la Bonne Nouvelle de l'Incarnation et de la Résurrection du Christ, ce qui suppose nécessairement un dialogue, voire des controverses, mais toujours un échange verbal. Les Pères de l'Eglise ont largement échangé avec des théologiens musulmans, non pas pour les conforter dans leur foi, mais pour leur exposer l'enseignement que nous avons reçu de notre Seigneur. Si l'échange verbal, même vif, est écarté, que restera-t-il ? Le repli sur soi ou le recours à la force. Ensuite, parce que l'Eglise apostolique arménienne, comme les autres Eglises orientales de tradition orthodoxe, est dans la nécessité de mener un tel dialogue.

    Ce qui importe dans ce type de dialogue, c'est une foi très forte, car il ne faut pas sous-estimer la théologie musulmane. C'est également une grande paix intérieure, pour éviter toute agressivité qui irait à l'encontre de la charité enseignée par le Christ à ses disciples. C'est enfin et surtout une charité parfaite, afin que nous soyons semblables au Christ en priant pour l'humanité entière, y compris pour nos ennemis (et d'abord pour eux). La faculté du chrétien authentique est précisément de voir en autrui le principe divin, qui est l'unique principe de l'homme. Tout homme est appelé à la divinisation : certains s'attellent à l'obtenir, tandis que d'autres y sont farouchement opposés. Mais tout homme, même ennemi du Christ, peut connaître la conversion et finir par donner sa vie pour le Christ. Ce fut le cas de saint Paul et de bien d'autres. C'est pourquoi les Pères n'ont eu de cesse d'affirmer que le chrétien doit apprendre à voir en chacun des ennemis de la foi chrétienne un futur chrétien. Ceux qui ont l'expérience de la charité savent combien l'amour pour ses ennemis peut embraser le coeur par la grâce de l'Esprit Saint.

    Il y a témoignage de la réalité des échanges théologiques entre l'Eglise et l'Islam. Certains, eu égard à la situation mondiale et aux exactions commises par certains musulmans, laissent croître dans leur coeur une détestation de l'Islam qui tournera à la haine des musulmans dans un contexte de radicalisation croissante. Le Seigneur a longuement averti ses disciples de ceci : l'amour de beaucoup se refroidira lorsque la violence se déchaînera. Seuls ceux qui auront tenu jusqu'au bout dans la charité et l'espérance seront sauvés. Entende qui pourra.