- Monsieur / Madame le Maire,
A l'occasion de la prochaine Assemblée générale annuelle de l'Association des Maires de notre département, veuillez me permettre de vous faire part que le Sénat tarde à Paris d'examiner la proposition de loi N°20 (2006-2007).(*1) En effet, cette proposition de loi fut votée le 12 octobre 2006 par l'Assemblée nationale. Elle tend à réprimer la contestation de l'existence du Génocide arménien -un génocide qui fut perpétré en 1915 dans l'Empire ottoman par le Gouvernement jeune-turc de l'époque.(*2)
Le négationnisme d'un crime imprescriptible est contraire aux Droits de l'Homme. Cependant il est importé en France en toute légalité. Il ne s'agit pas seulement de protection de la Mémoire des descendants de rescapés du Génocide de 1915. Il y a un contexte emblématique d'impunité et d'injustice que l'Etat turc exporte dans le monde et en particulier en France. Cette situation de non-droit en Humanité fut dénoncée en France depuis mai 1915.(*3).
Un génocide n'est pas la manifestation d'un quelconque fanatisme religeux. Seul un Etat peut avec ses Ministères organiser et légaliser une déportation. Seul un Etat peut mettre en oeuvre une extermination massive. Un génocide est irréversible, irréparable. Il brise la chaîne de la transmission humaine, il chasse la Mort -ce chaînon naturel qui relie une génération à l'autre- et la remplace par le meurtre prémédité. (*4)
Aujourd'hui, le négationnisme, n'est pas une simple expression caractérielle d'ignorance ou de paresse intellectuelle de la part d'un profane. Le négationnisme, c'est vouloir nier le crime absolu, c'est vouloir symboliquement exterminer une deuxième fois en non-dit, entraînant un double enfermement des descendants des victimes et des bourreaux dans une même opacité.(*5)
Un génocide n'est pas négociable. Occulter ou minimiser cet état de fait porte préjudice aux valeurs républicaines du Pays des Droits de l'Homme. Laisser importer légalement un négationnisme d'Etat, encourage sociologiquement discriminations et délinquances -consciemment ou inconsciemment.
Il est nécessaire d'avoir une loi claire en France qui protège les citoyens face aux complaisances entre Etats. Il s'agit aussi d'avoir une loi de paix civile consubstantielle au Vivre Ensemble : une loi qui écarte tout champ trouble de confusions, d'amalgames ou de falsifications dénigrant ou dénaturant un génocide et son déni. (*6)
C'est ainsi que je vous sollicite, Monsieur / Madame le Maire, de présenter à la prochaine Assemblée générale annuelle de votre Association départementale des Maires, une motion priant le Sénat d'inscrire au calendrier la Proposition de loi concernée.
Veuillez agréer, Monsieur / Madame le Maire, l'expression de mes sentiments distingués.
Prénom NOM, adresse, Code postal, Commune.
(*1) : http://www.senat.fr/dossierleg/ppl06-020.html
(*2) : http://www.imprescriptible.fr/ . http://denisdonikian.blog.lemonde.fr/ . http://www.imprescriptible.fr/archives/ . Ce nettoyage ethnique fit un million et demi de victimes dans les familles arméniennes. Il faut rappeler aussi que les déshumanisations et les exactions perpétrées sur les déportés arméniens dans le désert arabe furent sévèrement condamnées par le chérif du Hédjaz, l'émir hachémite Hoceïn Ibn Ali -Gardien des Lieux Saints de la Mecque. Ce dignitaire arabe fut l'émir qui rencontra Laurence d'Arabie.
(*3) : " ...En présence de ces nouveaux crimes de la Turquie contre l'humanité et la civilisation, les gouvernements alliés font savoir publiquement à la Sublime Porte qu'ils tiendront personnellement responsables desdits crimes tous les membres du gouvernement ottoman ainsi que ceux de ses agents qui se trouveraient impliqués dans de pareils massacres."
L'Echo de Paris, 25 mai 1915, N# 11240 ; L'Intransigeant, 25 mai 1915, N#12733 ; L'Humanité, 25 mai 1915, N# 4055 ; Le Temps, 26 mai 1915, N# 19681. Bibliographie : "Les Grandes puissances, l'Empire ottoman et les Arméniens dans les archives françaises : 1914-1918", Arthur Beylerian., Editions de la Sorbonne, Paris 1983. page XLIII & document N#41.
(*4) : Hélène Piralian-Simonyan, "Génocide, disparition, déni. La traversée des deuils." L'Harmattan, Paris 2008 http://www.globalarmenianheritage-adic.fr/fr/ainconscient/8psychanalyse/piralian2008.htm
(*5) : Janine Altounian, "L’intraduisible Deuil, Mémoire, Transmission" Dunod Editeur Juin 2005 http://www.globalarmenianheritage-adic.fr/fr/ainconscient/8psychanalyse/janine_dunod2005.htm
(*6) : Juridiquement, de tels dénis banalisés et souvent concertés sont réellement une "négation comme atteinte à l'6rdre public et, plus fondamentalement encore, au droit au respect de la dignité humaine dans sa portée collective ; c'est-à-dire un droit qui exprime la solidarité entre les humains et fonde le principe même de leur égalité. Un droit dont la reconnaissance mérite protection." - Sevane Garibian, juriste "Du négationnisme considéré comme une atteinte à l'ordre public" [Le Monde 12/05/2006]
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