- ...Voici pour illustrer cette persistance toujours active de la filiation perverse des génocides et de leur déni l’exemple frappant de cette demande d’indemnité déposée par les Arméniens en 2006 aux USA, « En 2006, des descendants de victimes du génocide arménien ont déposé une plainte en nom collectif (« class action ») devant un tribunal de Los Angeles, contre la Deutsche Bank et la Dresdner Bank, qu’ils accusent d’avoir conservé ou versé à l’Etat turc des millions de dollars placés par leurs ancêtres massacrés entre 1915 et 1917. Le procès est en cours. Le journaliste arméno-américain Harut Sassounian révèle que la République de Turquie vient de faire une pétition en tant que "amicus curiae" (ami de la Cour) pour soutenir les accusés allemands. Ainsi, non seulement les Etats turc et allemand étaient complices en 1915 de l’extermination du peuple arménien de l’Empire ottoman, mais ils sont encore aujourd’hui, en 2011, solidaires devant les descendants de leurs victimes : les compagnies d’assurance allemandes ont demandé qu’une Cour d’appel fédérale US tienne une nouvelle audience, car elles contestent son jugement en faveur des requérants arméniens. Elles viennent donc de recevoir un soutien officiel d’Ankara.
Rappelons, et ce n’est pas anodin, l'implication des banques allemandes dans la machine de mort nazie. La Dresdner Bank, troisième banque allemande, a participé au commerce de l'«or nazi», y compris bijoux et prothèses dentaires arrachés aux déportés. Elle a admis (au terme de 60 ans de silence) avoir financé la construction des chambres à gaz d'Auschwitz et s‘être appropriée des entreprises juives (dans un rapport intitulé "La Dresdner Bank dans l'économie du troisième Reich", commandé en 1997 par la banque et rédigé par une commission indépendante de quatre historiens). La Deutsche Bank, première banque privée allemande, a – quant à elle - avoué avoir contribué à financer la construction du camp d'Auschwitz, où ont été tués près de 1,5 million de déportés, juifs pour l'essentiel. Manfred Pohl, directeur de l'institut d'histoire de la Deutsche Bank, a reconnu en 1999 que certains dirigeants de la banque savaient à quoi servaient les installations qu'ils finançaient.
L’argent volé aux descendants des morts arméniens du génocide de 1915 a-t-il servi à financer la machine de mort nazie ?
- Hélène Piralian-Simonyan - Extrait de l' article : Le mémoricide : un crime toujours à l’œuvre ? (à partir de [57]
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Or, banquiers et diplomates . Contribution à
l'histoire de la Banque allemande de l'Orient
1906-1946 |