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A la Cartoucherie le 23 février 2004 : le 23 février 2004, une résonance
toute particulière s'est fait entendre sous les hautes et pittoresques
toitures de la Cartoucherie, au théâtre de l'Epée de Bois. Site
historique, creuset mythique du théâtre, les comédiens avaient laissé
la scène à des musiciens arméniens, ceux de l'Ensemble de Musique
Traditionnelle Arménienne, récemment baptisés DJIVANI, se produisant
pour la première fois en ce lieu culte. Un public nombreux s'est
pressé pour ce concert ; un auditoire recueilli, d'origines diverses
a pu s'émouvoir et se réjouir à l'écoute d'un répertoire chatoyant,
moiré d'intonations orientales, survolant le Caucase, l'Anatolie
et l'occident. Le répertoire de l'ensemble s'irise effectivement
des influences historiques et géographiques de son arménité. Chacun
de ses musiciens, pétri des mélodies des anciens, a reçu une empreinte
ethnique, et, nourri de ces stigmates, a développé un travail de
recherches, de rencontres, d'écoutes et d'improvisation, afin d'élaborer
une esthétique personnelle adaptée à chaque instrument.
Ce sont donc six musiciens et une chanteuse qui forment cet ensemble
depuis 1984 ; ils ont investi le bel espace sonore du Théâtre de
l'Epée de Bois, devant un public attentif et heureux. Celui-ci a
pu entendre et découvrir une diversité d'instruments traditionnels,
tels que les Kamantcha, Peloul, Shêvi, Doudouk, Zourna, Kanone,
Dehol, Def, Oud. Ces instruments ont ingénieusement entouré les
interprétations de Siranouche Hourdan dont la voix chaleureuse et
pathétique sert prodigieusement les chants des troubadours arméniens
(du 18ème au 20ème siècle, Sayat Nova, Shéram, Avassi, Achot, et
Djivani - nom emprunt éponyme de l'ensemble) airs populaires, soit
festifs, sont aussi du répertoire, parfois contemporain, mais toujours
conservateurs de la tradition arménienne. Les instruments, dignes
d'une muséologie, sont parfaitement maîtrisés par chacun des interprètes
dont on peut imaginer le labeur pour en exprimer subtilement les
sonorités et les expressions recherchées. Jean Pierre Nergararian
, digne " maître d'œuvre " de DJIVANI, sublime le kamantcha en grande
noblesse le faisant vibrer en toute somptuosité - entouré des "
seigneurs " et virtuoses du oud, Berdj Kouyoumdjian et Vartan Arslanyan
-la brise des peloul, shêvi, doudouk et zourna, s'exhale brillamment
du souffle limpide, éthéré et lénifiant de Philippe Chahbazian -
Eric Kismichian est le cœur battant dont les pulsations émanent
des dehol et def, Aïda Nergararian égrène les quelque quatre-vingts
cordes cristallines du kanone avec une sensibilité d'un grand raffinement,
Siranouche Hourdan, la voix de l'ensemble, interprète admirablement
les chants des achoughs (troubadours) sacrant l'amour, la nostalgie,
et la gaieté du peuple arménien.
Ces interprètes allient tradition et modernité orientales avec un
immense talent dont les publics s'émeuvent à chacun de leur concert,
à Paris, en province ou à l'étranger. Ils se sont efforcés scrupuleusement
de promouvoir un patrimoine en exaltant les sonorités et chants
originels de leurs ancêtres et d'en faire jaillir une anthologie
pour une pérennité des générations.
Beaucoup d'émotion avec ces musiciens en ce haut lieu de la Cartoucherie.
A l'initiative de ce concert, Patrick Papazian et l'équipe de l'association
Japel est à remercier vivement pour cette louable initiative de
faire entendre Djivani sur les célèbres tréteaux de la Cartoucherie,
initiative grandement saluée par l'enthousiasme de la salle face
à la distinction de ce concert.
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Anne Yan
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