L'Espéranto, c'est l'espoir!

  • par Youri Hacopian

  • L'Arménie aujourd'hui (Erévan), IV, 1982 (N72), pp20-21

  • Recherche bibliographique : Nil V. Agopoff

  • Document numérisé et mise en page par Méliné Papazian



  • A la fin du mois d'avril, la XVe rencontre consultative des représentants des organisations espérantistes des pays socialistes - de Bulgarie, de Hongrie, du Viêt-nam, de R. D. A., de Tchécoslovaquie et d'Union Soviétique - a eu lieu en Arménie. Cette rencontre avait été organisée par les membres de la Filiale arménienne de l'Association des espérantistes soviétiques près la Société arménienne d'amitié. Ils se sont efforcés de faire tout leur possible pour que le séjour des hôtes en Arménie fut intéressant et riche en impressions. Les invités ont pris connaissance de la vie actuelle de la république, ils ont visité des monuments et des musées. Leur rencontre avec leurs collègues arméniens a été particulièrement cordiale.

    A première vue les non-initiés auraient pu s'étonner de l'extraordinaire ambiance de compréhension mutuelle qui régnait, et en premier lieu sur le plan linguistique, parmi ces représentants de divers pays. Pour les participants eux-mêmes elle était un phénomène naturel et habituel. Seuls les rares personnes parmi les assistants qui ne parlaient pas l'espéranto (dont l'auteur de ces lignes) se trouvaient dans une situation difficile. Au début, je me sentais particulièrement seul et abandonné quand mes propres compatriotes s'adressaient à moi dans une langue inconnue. Cependant la soirée avançait, les discours, les toasts, les chants et les danses se suivaient (les organisateurs avaient préparé pour les invités un programme spécial). Très vite, je me sentis à mon aise dans la société fort gaie des espérantistes et j'osai crier à mon tour: ,,Je via sano!" - ,,A votre santé!"

    Je fis part de mes impressions de l'ambiance de la soirée au professeur Yaromir Yermach, président de l'Association des espérantistes de Tchécoslovaquie.

    - O, l'espéranto, c'est l'optimisme! s exclama-t-il. Notons que le mot lui-même signifie, celui qui espère" et c'est précisément cette idée qui se trouve à la base des symboles de l'espéranto, notamment du drapeau vert (couleur de l'espérance) orné d'une étoile à cinq bras (symbole de l'union de tous les hommes des cinq continents de la terre).

    - Dites-moi, s'il vous plaît, demandai-je à Betlef Blanquet, secrétaire de l'Association des espérantistes du Kulturbund de la R.D.A., votre séjour en Arménie a-t-il enrichi votre vocabulaire espéranto?

    - Je pense que oui, pour ne citer que le mot Khatchkar*, témoignage de la culture originale du peuple arménien.

    Quand je lui dis que récemment, sur la proposition du IIIe Symposium international d'art arménien à Milan, le mot khatchkar a été introduit dans la liste des termes internationaux pouvant être utilisés sans traduction, Betlef Blanquet remarqua avec satisfaction:

    - Cela ne fait que confirmer mes paroles.

    - L'espéranto, continua-t-il, vit d'une vie active, il se manifeste dans toutes les situations, c'est la langue de diverses manifestations culturelles, de conférences scientifiques et de rencontres internationales. Il est en état de rendre les particularités des cultures nationales, les nuances de l'humour, la beauté des chansons et tout le sérieux des conversations. Je l'affirme en prenant à témoin mes propres contacts avec les représentants du mouvement espérantiste de 55 pays. Le fait de la vitalité de l'espéranto a été souligné plus d'une fois par feu l'académicien Gourguen Sévak, éminent représentant du mouvement des espérantistes.

    Dang Dine Dam, membre de l'Association des espérantistes du Viètnam parle des activités de leur organisation:

    - L'année passée nous avons célébré le 25e anniversaire de notre mouvement, dont l'évolution compte plusieurs étapes. Les années de guerre avec les agresseurs américains ont été une période importante pour nous: pendant dix ans les espérantistes ont véridiquement informé le monde entier sur la juste lutte du peuple vietnamien. A présent, les deux mille espérantistes du Viêt-nam propagent la culture de notre peuple, traduisent les oeuvres littéraires, décrivent les réalisations de notre pays...

    Bien que le programme du concert organisé par les espérantistes arméniens fut riche et varié, le plus grand succès fut remporté par le plus jeune chanteur et espérantiste, le petit Tigrane, âgé de quatre ans. Accompagné par sa maman, il exécuta plusieurs chansons.

    Sous les applaudissements de l'assistance Dmitri Papazov, secrétaire de l'Association des espérantistes bulgares, déclara qu'en tant que membre du comité d'organisation il enverrait au petit chanteur une invitation officielle à participer à l'Assemblée juvénile internationale ,,Enfance, joie, création" qui se tiendra cette année en Bulgarie.

    La soirée touchait à sa fin et j'adressai ma dernière question au professeur Mahomet Issaev de Moscou, président de l'Association des espérantistes soviétiques:

    - Quels sont les buts de cette rencontre des espérantistes à Erévan?

    - Chaque année les espérantistes des pays socialistes se rassemblent dans un pays. Nous nous faisons part de notre expérience de travail, nous nous mettons d'accord sur notre point de vue et notre position à la veille du Congrès international de l'Association mondiale d'espéranto. A Erévan, nous avons parlé des activités de nos associations nationales dans la lutte pour la paix et des manifestations prochaines. L'année l982 est celle du soixantenaire de la formation de l'Union Soviétique, c'est pourquoi il a été décidé d'organiser cette rencontre dans l'une des républiques soviétiques. Le choix est tombé sur l'Arménie, car les traditions espérantistes de votre république sont bien connues. Je viens en Arménie pour la seconde fois et j'ai été de nouveau frappé et ému par l'amour que manifeste le peuple arménien pour sa culture, par sa cordialité et son hospitalité. Comment se sentent nos amis ici? Je pense qu on le comprend sans paroles...

    Youri Hacopian


  • Cet article était à peine achevé lorsque nous reçumes la lettre d'un des participants de la rencontre d'Erévan. Il nous sembla bon de terminer le reportage par un passage de cette lettre. Le voici:

    Chère Présidente du présidium de la Société arménienne d'amitié,

    De retour dans mon pays, je veux vous remercier encore une fois pour l'excellente organisation de la rencontre des représentants des organisations espérantistes des pays socialistes. Nous avons bénéficié des meilleures conditions autant pour le travail de notre conférence que pour la connaissance de votre république, si intéressante et si agréable, et nos rencontres avec vos sympathiques et laborieux compatriotes qui savent honorer la mémoire de leurs héros nationaux et apportent leur contribution à la cause de l'amitié entre les peuples et de la lutte pour la paix.

    Je vous suis reconnaissant pour la soirée d'amitié que les espérantistes arméniens ont su rendre réellement internationale, l'ayant consacrée à la paix et a l'amitié. Cela confirme une fois de plus que la connaissance de la langue internationale permet aux espérantistes de joindre leurs efforts à la consolidation de l'amitié entre les peuples.

    Les nombreuses surprises agréables et impressions inoubliables qui nous attendaient dans votre république m'ont donné de nouvelles forces pour lutter pour la paix et je pourrai maintenant informer de tout ce que j'ai vu les nombreux espérantistes qui s'intéressent à votre merveilleuse république, à votre grand pays, à tout le peuple héroïque de l'Union Soviétique! Je vous souhaite, à vous et à tout le peuple arménien, beaucoup de succès dans votre travail et votre lutte pour la paix!

    Bien amicalement,

    Docteur lmre PETES, membre du Conseil Mondial de la Paix,
    Président du Mouvement mondial des espérantistes pour la paix


    * Khatchkar - pierre-croix, stèle sculptée.