Grégoire de
Narek (950-1003)
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Né dans la région d'Andzévatsiats,
dans la province de Vaspourakan (Arménie historique). Il fut éduqué
par son père, Khosrov Andzévatsi, puis par son oncle, Anania Narékatsi,
au monastère de Narek. Ils eurent une position critique envers les
méthodes de l'église arménienne de l'époque et développèrent l'idée
d'un contact direct avec Dieu.
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De Grigor Narékatsi nous sont
parvenus vingt-cinq poèmes choisis, un grand poème (le Livre des
Lamentations), quelques panégyriques, des odes et des chants didactiques.
D'un riche savoir, d'un grand pouvoir créateur et d'une liberté
sociale sans entraves, il fut le plus grand poète du Moyen Age arménien.
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Narékatsi retrouve actuellement
dans la littérature arménienne. et mondiale, la place qu'il mérite
: celle du représentant de la Renaissance arménienne, antique prélude
à la Renaissance européenne. Son influence se fit sentir sur la
poésie des époques qui suivirent, jusque et y compris la nôtre.
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Rouben Mélik (Paris)
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Prières de
repentir
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J'ai péché à ta
grande bonté, moi, le vil, j'ai péché ; j'ai péché à toi, source
des rayons, moi ténèbres, j'ai péché ; j'ai péché à ta grâce infinie,
en vérité j'ai péché ; j'ai péché à ta haute charité, ouvertement
j'ai péché ; j'ai péché à toi qui m'as créé du néant, réellement
j'ai péché ; j'ai péché à ton sein de suprême tendresse, immensément
j'ai péché ; j'ai péché à ta douce et intarissable lumière, moi,
le perfide, j'ai péché.
Et tel un homme violemment bouleversé par une interminable et torturante
agitation dans la mer aux vagues périlleuses tourmentées par le
vent, et qui serait entraîné et roulé en un torrent sauvage, remuant
ça et là les doigts des mains dans le courant impétueux grossi par
les pluies du printemps, emporté malgré lui en une lamentable dégringolade,
avalant l'eau trouble et étrangleuse, poussé en des douleurs mortelles
dans la vase fétide, moussue et embroussaillée, où il se noierait
écrasé sous les flots : Tel moi, misérable, on me parle et je ne
comprends plus ; on me crie, et je n'entends plus ; on m'appelle,
et je ne me réveille plus ; on sonne, et je ne reviens plus à moi-même
; je suis blessé, et je ne sens plus.
Et je n'ai pas cueilli le fruit prématuré, et je n'ai pu arriver
aux cueilles du renouveau, et voici que je demeure les mains vides
de biens ; je n'ai pas la fleur de pureté ni l'huile de charité,
et les ténèbres de la nuit sont sans aucune lueur ; je dors du sommeil
de la mort, et la frayeur de la trompette du jugement me persécute
; je me suis encore une fois dépouillé de la parure nuptiale, et
j'ai perdu de nouveau l'onction de sainteté, et voici que se ferme
devant moi la porte de la maison de l'époux.
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Traduction : Archag
Tchobanian
Poésie arménienne – Anthologie - Sous la direction de Rouben
Mélik. Paris 1973
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