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E. TCHARENTZ J' AIME
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De ma savoureuse Arménie - soleil au goût j'aime
le mot,
Du luth ancien chante-grief, - pleur au toucher j'aime le son,
Semblance-sang ô floraison, - de nos roses j'aime l'encens,
Et des filles de Naïri, - vive et posée j'aime la danse !
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J'aime nos cieux nocturnes, nos eaux limpides, notre
lac clair
Notre soleil l'été, notre grand vent l'hiver, souffle dément,
Nos masures perdues de nuit, aux murs noircis privés d'attraits,
Et de nos antiques cités, - millénaire j'aime la pierre !
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Où que je sois je n'oublierai, à chante-voix les
plaintes nôtres,
Je n'oublierai, faits à la main, prière sue les livres nôtres,
Si longuement que trouent mon cœur, à perte-sang ces plaies les
nôtres,
O l'esseulée ensanglantée, toi l'Arménie, j'aime, je t'aime !
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Pour mon cœur hanté de tendresse, il n'est pas d'autres
songeries…
Que ce soit Nareg ou Koutchak, il n'est pas fronts plus rayonnants,
Cours le monde et vois l'Ararat : il n'est pas de faîte plus pur,
Chemin de gloire illimité, - de mon Massis j'aime la cime !
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(1920)
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Traduction : Gérard HEKIMIAN
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