- [page/210 >>]
... L'Empereur d'Autriche qui avait reçu
Israel Ory à Vienne, exprima sa sympathie pour les aspirations
des Arméniens, mais ne lui promit aucune aide effective.
Il adressa cependant une lettre d'encouragement aux méliks et conseilla
à Ory de s'adresser à la Russie car, disait-il, sans le secours de celle-ci,
aucune action militaire du côté de la Caspienne n'était possible.
- La cause arménienne s'engageait ainsi dans sa
voie normale.En juillet 1701 nous retrouvons
Ory en Russie. Porteur de lettres de recommandation de la part du prince
électeur et de Léopold, ainsi que de la part du roi de Pologne, il venait
solliciter l'assistance du peuple russe. Il arrivait cependant à un
moment où Pierre le Grand avait des préoccupations plus immédiates :
la guerre contre la Suède.
- Néanmoins, Ory fut reçu à Moscou avec les égards
dus à un envoyé de l'électeur du Palatinat, et une demeure spéciale
lui fut réservée. Il était accompagné de l'archimandrite Minas et d'un
Arménien de Pologne, Nazar Orekhovitch, qui lui servait d'interprète.
Les frais de leur séjour étaient à la charge de l'Etat russe (*1).
- Le tsar ne reçut pas Ory immédiatement. C'est
le chancelier Golovine qui fut chargé de prendre contact avec lui. Aux
questions qui lui furent posées, Ory ne répondit que par écrit.
Dans une déclaration écrite datant du 14 juillet
1701, il fit appel aux sentiments chrétiens du tsar lui demandant de
libérer les peuples subjugués d'entre les griffes des infidèles (*2).
Ory s'engageait ainsi dans sa nouvelle
voie ; il liait les aspirations de son peuple à celles du peuple russe.
- Cinq questions furent alors posées à Ory (*3).
Le gouvernement russe voulait savoir combien de soldats le prince électeur
et les autres princes allemands étaient décidés à mettre à la disposition
du représentant des Arméniens; par quelle voie et sous quel prétexte
ces troupes traverseraient la Russie et qui les ravitaillerait; quelles
garanties seraient données que dans leur traversée [page/211 >>] ces
troupes ne causeraient pas de préjudices aux habitants; sous l'égide
de qui seraient mises les localités qu'on occuperait et quelles forces
y seraient maintenues; enfin, comment ces troupes prendraient leurs
quartiers d'hiver et comment elles seraient ravitaillées après la fin
de l'expédition.
-
Dans sa réponse, (*4)
Ory laissait entendre que l'expédition se composerait de forces
russes; que la participation du prince électeur et de l'empereur
serait plutôt symbolique et qu’elle n'aurait lieu que dans
la mesure où la Russie le permettrait; que dans ce cas, les
troupes de ces derniers paieraient au comptant tout ce dont
elles auraient besoin pendant leur traversée; qu'elles feraient
cette traversée au nom du tsar russe; que toutes les garanties
seraient données pour le maintien de l'ordre; que les localités
occupées passeraient sous la juridiction russe et seraient
mises sous la garde des troupes russes; qu'après la fin de
l'expédition, les troupes prendraient leurs quartiers d'hiver
en Arménie et seraient entretenues par les Arméniens.
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Pierre le Grand
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- Ory assurait en même temps que dans le cas où
10 à 20.000 soldats russes pénétreraient à la fois en Arménie, les forces
armées des Arméniens se joindraient à eux et que, dans les dix jours,
100.000 Arméniens au moins se trouveraient sous les ordres des autorités
militaires russes.L'exposé d'Ory intéressa
effectivement les milieux gouvernants russes. Plusieurs séances furent
alors tenues en vue d'une étude plus détaillée de la situation.
- Certains historiens arméniens soutiennent qu'Israël
Ory avait voulu que ces conversations fussent tenues secrètes. Il se
méfiait même de son interprète, Nazar Orekhovitch, qu'il trouvait trop
jeune pour participer à des conférences officielles de cette importance
(*5).Par ordre du tsar, délégation fut
alors donnée au spathaire Nicolae Milescu, qui avait toute la confiance
de la cour et était en même temps un bon connaisseur de la langue turque.
- Plusieurs séances eurent lieu, auxquelles participèrent
Israël Ory, Nicolae Milescu et un secrétaire désigné par le département
des ambassadeurs, Maxime Alexéev. On ne s'y borna pas à traduire et
à enregistrer les propositions et les déclarations de la délégation
arménienne, on y débattit également des questions d'ordre politique.Ainsi,
dès le début, ces séances prirent le caractère de conférences politiques.Les
procès-verbaux de ces séances constituent en effet les premiers documents
de l'activité diplomatique des représentants arméniens.
- La première entrevue (*6) eut lieu le 23 juillet
1701 sur l'initiative du département d'Etat des ambassadeurs, lequel
délégua l'interprète Nicolae Milescu et le secrétaire Maxime Alexéev
pour prendre contact avec Israël Ory. Cette entrevue fut un des événements
décisifs de l'histoire arménienne, car elle marque le début de l'orientation
qu'allait adopter le peuple arménien. En effet, dans son exposé, Ory
fit entendre nettement que la collaboration des autres pays européens
ne serait que symbolique et que tous les espoirs des Arméniens étaient
tournés vers la Russie.
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- Le buste du spathaire
Nicolae Milescu à Bucarest
-
Nicolas
Milescu (1636-1708) ,
c'est le "Marco Polo roumain"
qui est allé jusqu'en Mongolie.
-
Biographie
en français : Emile PICOT, -- Notice biographique et bibliographique
sur Nicolas Spatar Milescu. – Paris : 1883. – p. 44.
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- Deux jours plus tard, le 25 juillet 1701, Israël
Ory dicta à Milescu un rapport détaillé, en présence du secrétaire Maxime
Alexéev. Le procès-verbal [page/212 >>] de cette séance précise qu'Israël
Ory traduisit verbalement, en turc, le texte français de son long rapport
et qu'à son tour Milescu le traduisit en langue slavonne.Ce
rapport, qui diffère très peu de celui présenté par Ory à l'électeur
palatin, contient le projet détaillé d'une expédition en Perse, avec
indication des conditions et des moyens propres à la faire réussir.
(*7)
- Dans ce nouveau projet il n'est plus question
d'une armée composée d'Autrichiens, de Bavarois et de Toscans. Il prévoit
uniquement la constitution d'un corps de troupes formé de 25.000 Cosaques,
dont 10.000 devaient se diriger à travers la mer Caspienne vers Shamakhi
et les 15.000 autres devaient pénétrer en Géorgie par le défilé de Darial.
Ainsi, la Géorgie était, elle aussi, incluse dans la zone d'action.
L'expédition devait se terminer par l'occupation de Tabriz. Ory ajoutait
que toutes ces opérations ne devaient durer que quelques semaines, étant
donné que les Persans ne disposaient pas de forces à ce moment-là, ce
qui était parfaitement vrai.
- Le 1er août 1701 Israël Ory, par une adresse
à Golovine, écrite en latin et traduite par Milescu, demandait une audience
au tsar. (*8)Ce n'est que fin octobre que
Pierre le Grand reçut Ory. Le délégué arménien se présenta comme ambassadeur
du prince électeur et offrit au tsar les cadeaux qu'il avait apportés.
(*9) L'accueil fut très amical.
- Le 18 novembre
Israël Ory était invité au département des ambassadeurs. Auprès du chancelier
Golovine se trouvait sans doute aussi Milescu. On communiqua au délégué
arménien la réponse de l'empereur. Elle n'était pas encourageante. Le
tsar déclarait qu'il était incliné à accorder l'aide qu'on lui demandait,
mais que la guerre avec la Suède ne lui permettait pas de prendre à
lui seul la responsabilité de l'expédition. Il conseillait donc que
le prince électeur prit lui-même l'initiative, en envoyant 3 ou 4 régiments,
qui passeraient à travers le territoire russe et auxquels les autorités
donneraient tout l'appui nécessaire.
- Le tsar n'abandonna cependant pas la question.
Afin de connaître la situation exacte, et peut-être aussi pour vérifier
les indications d'Ory, il décida d'envoyer en Perse un homme adroit,
qui devait s'y présenter comme simple commerçant. En effet, les renseignements
apportés par Vassili Koutchoukov qui avait été envoyé antérieurement
en Perse ne correspondaient pas à ceux présentés par Ory. Celui-ci demanda
alors d'accompagner le nouveau délégué dans son voyage.
- Par ordre du tsar, le 24 novembre 1701 Nicolae
Milescu et le secrétaire Lavrentie Protopov rencontrèrent de nouveau
Israël Ory. Au cours de cette entrevue, où. fut discutée par le détail
l'organisation d'une éventuelle campagne en Perse, Israël Ory proposa
l'envoi, par le tsar, d'une lettre aux méliks d'Arménie, ainsi que d'un
message d'encouragement au peuple arménien; il demandait en outre d'être
chargé lui-même d'une mission en Perse. (*10)
- De nouveau, tout dépendait de Jean Guillaume.Mais
la guerre de la succession d'Espagne qui venait d'éclater réclama la
participation du prince électeur. Une expédition en Orient devenait
dès lors impossible.
- [page/213 >>] De son côté la Russie se trouvait
aux prises avec ta Suède. En décembre, les armées russes avaient remporté
leur première victoire et se préparaient pour une action plus vaste.
Ory attendit donc, indécis. Finalement, par une lettre datée du 25 février
1702, il demanda d'être envoyé en Perse ou bien enrôlé dans l'armée
russe. (*11)
- Le 11 mars 1702 Nicolae Milescu, sur ordre du
département des ambassadeurs, se rendit auprès d'Israël Ory et de Minas
Vardapet et leur fit savoir de la part du tsar qu'aussitôt la guerre
avec la Suède terminée victorieusement, celui-ci s'occuperait des questions
pour lesquelles Ory avait été envoyé, et que le délégué arménien pouvait
d'ores et déjà faire part de cette communication à ceux qui l'avaient
mandaté. (*12)
- Cette nouvelle réjouissante, Ory et Minas la
transmirent aussitôt à Jean Guillaume, par l'entremise de Nazar Orekhovitch,
et aux méliks d'Arménie, par l'entremise de Miron Vassilev, un Arménien
de Moscou, capitaine dans l'armée russe.
- Le département d'Etat des ambassadeurs conservait
deux lettres en langue arménienne. (*13) La première, écrite le 7 novembre
1702 par le remplaçant du Catholicos d'Etchmiadzin, Minas Vardapet,
et adressée à Ory, lui souhaitait de mener à bonne fin la mission qu'il
avait assumée. L'autre,.datée du 7 décembre, était une lettre de bénédiction
écrite par Esayi à l'occasion de son installation comme Catholicos de
Gantzasar.A la fin du résumé russe de ces
lettres, une note précise que le département des ambassadeurs n'ayant
pas de traducteur pour la langue arménienne, le contenu de ces messages
a été exposé par Israël Ory et Minas Vardapet en langue turque, à l'interprète,
le spathaire Nicolae, lequel l'a traduit ensuite en langue slavonne.
- Jean Guillaume, satisfait, lui aussi, adressa
par l'entremise d'Ory une lettre (*14) au tsar pour le remercier du
bienveillant accueil qu'il avait fait à Ory et à sa mission. A son tour
il déclarait qu'aussitôt la guerre d'Espagne terminée victorieusement,
il ne manquerait pas de donner les secours promis.Ory
se voyait trompé une fois de plus dans ses espérances, car la lettre.du
prince électeur signifiait pour l'envoyé arménien un nouveau retard
dans l'accomplissement de la tâche qu'il avait assumée. Ainsi, aucun
espoir pour l'avenir prochain de la part de ses protecteurs de l'Europe
occidentale. D'autre part, Pierre le Grand, de qui dépendait alors en
premier lieu la solution des questions concernant l'Orient, se trouvait
en pleine guerre, lui aussi, et occupé en même temps à édifier, sous
le feu de l'ennemi, sa nouvelle capitale.
- Ory ne pouvait plus attendre dans le désœuvrement
l'arrivée du jour heureux qu'il attendait. Il préféra se mettre au travail
et commencer les préparatifs : se rendre d'abord en Occident en vue
de s'assurer la collaboration de spécialistes pour les jours décisifs
qui viendraient; ensuite en Perse pour une mission diplomatique et,
par la même occasion, pour prendre contact avec les siens.[page/214
>>] Le gouvernement russe lui donna son consentement. Le 3 décembre
1703 Pierre lui conféra le grade de colonel (*15) et lui remit des lettres
pour le prince électeur (*16) ainsi que pour l'empereur Léopold (*17),
leur mandant qu'Ory leur exposerait la situation et leur ferait connaître
les intentions du tsar.
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Reconstitution historique par les
peintres Gourguèn Ghougazian & Grigor Azizian
Paru dans Sovétakan Hayasdan,
Erévan 1978 - II.
de gauche à droite : Pierre
le Grand, un secrétaire, certainement Golovine, Minas Vardapet
et Israël Ory
Меликсет-Бек, Л. М. К биографии сподвижника Исраэля Ори-Минаса вардапета (Предсмертные дны и опись оставшегося после Минаса имущества). ՀՍՍՌ ԳԱ Տեղեկագիր հասարակական գիտությունների, 1946-I . pp. 76-88.
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- Laissant l'archimandrite
Minas à Moscou, Ory part le 10 février 1704 et se rend d'abord à Düsseldorf,
où l'attendait sa famille (*18).Mais le
séjour d'Ory en Occident dura trop longtemps. La guerre de la succession
d'Espagne avait pris une tournure satisfaisante pour l'empereur Léopold,
lequel concentrait maintenant tous ses efforts en vue du coup final.Il
ne pouvait donc être d'aucun secours pour l'envoyé arménien. Le pape
crut qu'une mission diplomatique d'Ory en Iran pourrait servir les intentions
de l'envoyé arménien. L'électeur palatin, qui se trouvait à ce moment-là
à Vienne, soutint Ory dans toutes ses démarches, mais tout son appui
se réduisit à une lettre adressé au shah de Perse, en date du 2 avril
1705, le priant de traiter les chrétiens avec plus de mansuétude. (*19)
Une lettre analogue fut signée par le pape...
- Ory fit un séjour aussi à Amsterdam. (*20) II
y acheta des armes pour le détachement arménien qu'il avait l'intention
d'organiser à Astrakhan, dans le cadre de l'expédition russe.En
1705 il était sur le point de retourner à Moscou, lorsque intervint
la mort de l'empereur Léopold. Ory attendit encore, afin d'être reçu
en audience par le nouvel empereur, Joseph Ier, et de s'assurer la bienveillance
de celui-ci en faveur de la cause du peuple arménien.Il
ne fut de retour à Moscou qu'en octobre 1706.
- Dans les documents concernant les relations
de Pierre le Grand avec le peuple arménien, le nom du spathaire Nicolae
Milescu est mentionné aussi.à l'occasion du départ d'Israël Ory pour
la Perse en qualité d'ambassadeur du tsar.Cette
mission fut confiée à Ory par le tsar en avril 1707.Parmi
les dépositions faites en mai 1707 au département des ambassadeurs par
les quelques étrangers qui devaient faire partie de la suite de l'ambassadeur
Israël Ory, figure aussi celle d'un certain André Haritonov originaire
de Hongrie, qui avait été engagé par Ory. Dans cette déposition, Haritonov,
parlant du voyage en Perse auquel il devait participer comme membre
de la suite d'Ory, mentionne que « le spathaire Nicolae, interprète
auprès du département des ambassadeurs, avait connaissance de ce voyage
» (*21), ce qui prouve qu'à cette date Milescu continuait à détenir
le poste d'interprète, bien qu'âgé de 80 ans.
- Les deux délégués arméniens tenaient au courant
les milieux dirigeants d'Arménie de leurs conversations avec les hautes
autorités russes. Dans leurs [page/215 >>] comptes rendus, Israël Ory
et Minas Vardapet ne manquaient pas de mentionner l'appui qu'ils trouvaient
auprès du chancelier russe ainsi qu'auprès de l'interprète du tsar.Au
printemps de 1703 les méliks réunis à Gantzasar, après avoir pris connaissance
des rapports reçus de Moscou sur la marche des pourparlers russo-arméniens,
rédigèrent une adresse au tsar, lui exprimant toute leur joie pour la
sollicitude qu'il témoignait à la nation arménienne, l'assurant de leur
dévouement sans bornes et déclarant une fois de plus qu'ils mettaient
tout leur espoir dans le souverain russe pour la libération de leur
pays du joug séculaire. En même temps, ils renouvelaient leur entière
confiance dans leurs délégués, Israël Ory et l'archimandrite Minas (*22).
- Les représentants du peuple arménien ne pouvaient
non plus rester indifférents à l'égard des autres personnes qui s'intéressaient
au sort de leur malheureuse patrie.Et en
effet, dans la même séance, les méliks, prenant acte des services rendus
à la cause arménienne par les deux hommes d'état de Moscou, Golovine
et Milescu, leur adressèrent des lettres de remerciement. Ils rappelaient
le message qu'ils avaient reçu à ce sujet de la part d'Israël Ory et
de Minas Vardapet qui louaient la bonté et l'affection que les deux
dignitaires témoignaient aux envoyés du peuple arménien, ainsi que l'intérêt
qu'ils prenaient à la cause arménienne.En
même temps, en signe de leur gratitude, les méliks décidèrent, sur la
proposition de leurs délégués à Moscou, d'envoyer une somme à chacun
des deux dignitaires, soit 20.000 ducats au chancelier Golovine et 4.000
ducats à Nicolae Milescu. Ils ajoutaient que, vu le danger qu'il y avait
à envoyer ces dons en espèces, ils joignaient à leurs adresses deux
lettres d'engagement par lesquelles ils se déclaraient obligés de payer
les susdites sommes à la première occasion favorable.
- Les originaux
en langue arménienne de l'adresse de remerciement et de la lettre d'engagement
envoyées par les méliks au spathaire Nicolae Milescu n'ont pas été conservés.
Nous possédons par contre, la traduction russe de la lettre d'engagement
datée du 27 mai 1703 (*23) et portant les noms des huit signataires
: Tadeos, Pilibos, Shahnazar, Sukias, Amir, Melcon, Agagean et Hannes.Notons
également que bien plus tard, en mars 1736, Minas Vardapet, collaborateur
et successeur d'Israël Ory, commence ainsi son rapport au général S.A.
Saltykov : « En l'an 1701, je me suis rendu à Moscou en compagnie de
mon ami Israël Ory, et là ont été discutées des questions secrètes avec
le boïarine Feodor Alexéevitch Golovine et son interprète, le spathaire
Nicolae, concernant les intérêts russes, questions auxquelles le roi
(de Géorgie) Arcil a donne son consentement et que Sa Majesté feu l'empereur
Pierre Ier a bien voulu accepter » (*24)
- Milescu a donc joué un rôle actif dans ces premiers
contacts entre les envoyés arméniens et les autorités russes et il a
sa part dans le resserrement [page/216 >>] des liens d'amitié entre
le peuple arménien et le grand peuple russe. Il a ainsi contribué au
mouvement de libération du peuple arménien.Fils
d'un peuple qui supportait lui aussi le joug de l'étranger, Nicolae
Milescu comprenait mieux que personne les souffrances de la nation arménienne
et ses efforts pour y mettre fin.
- Nous avons vu que la collaboration de Milescu
ne s'est pas limitée à celle d'un simple traducteur. Le rôle du spathaire
a été très important dans les pourparlers qui eurent lieu entre la délégation
arménienne et les gouvernants russes.Cette
collaboration entre Nicolae Milescu et l'enthousiaste représentant des
Arméniens constitue une page particulièrement importante de l'histoire
du mouvement de libération du peuple arménien. C'est un moment décisif
de cette histoire que celui où deux hommes, dont l'un déjà vieux et
plein d'expérience, l'autre encore jeune mais déjà bien éprouvé, s'approchent
l'un de l'autre et laissent parler leurs cœurs.L'un
pense que seule « la main puissante du souverain russe libérera la Moldavie
et les peuples balkaniques de la tyranie turque », ainsi qu'il ressort
nettement de la dédicace qu'il adresse à Pierre le Grand en lui offrant
l'un de ses ouvrages. (*25) L'autre, que l'Occident a déçu, est déjà
arrivé à la conviction que le peuple arménien ne pouvait trouver d'appui
que dans la Russie.
- Ainsi, dans l'histoire du mouvement d'émancipation
du peuple arménien, le nom de Milescu figure comme celui d'un ami sincère
et éprouvé de la cause arménienne, à un moment où les représentants
de ce peuple procédaient aux premiers tâtonnements en vue de la réalisation
de leurs aspirations nationales.Si les
Arméniens de son temps n'ont pu lui témoigner leur gratitude, ceux d'aujourd'hui
ont le devoir, d'honorer sa mémoire. Je suis heureux de l'occasion qui
m'a été offerte d'évoquer dans ces quelques brèves notes la figure de
cet ami des Arméniens.
- Bibliographie utilisée par H. Dj.
SIRUNI
- A : Ezov, Les relations des Arméniens avec Pierre le Grand,
- B : Léo, Histoire des Arméniens, Tome III,
- C : You.
Arséniev, « Novié dannié o slouchbé Nikolaya Slataria ve Rossii », Moskva,
1900,
- D : Histoire
de la Moldavie, Kishinev, 1951,
|
(*1) A, p. 73
(*2) A, p. 74
(*3) A, p. 72
(*4) A, p. 40
(*5) B, p. 561
(*6) B, pp. 83-85
(*7) A, pp. 85-95
(*8) A, p. 96
(*9) A, p. 99
(*10) A, p. 102
(*11) A, p. 108
(*12 ) A, p. 111
(*13) A, pp. 137-140
(*14) A, p. 134
(*15) A, p. 186
(*16) A, ,pp. 197-199
(*17) A, pp. 194-190
(*18) A, ,p. 203
(*19) A, p. 21Q_
(*20) A, p. 211
(*21)A, p. 239
(*22) A, pp. 151—157
(*23) C, ctr. 57
(*24) A, p. 435
(*25) D, p.251 |
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Une partie de la carte d'Israel
Ory : on peut y voir la Perse au sud de la Mer Caspienne
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