Le grand poète indien Rabindranâth TAGORE ( 1861-1941) & les Arméniens

  • Contemporain de Gandhi et parfois en désaccord avec lui, le très grand poète indien Rabindranath Tagore était originaire du Bengale où il fonda une école.

    Eminent écrivain, aussi bien en anglais que dans sa langue natale, il eut le Prix Nobel de Littérature en 1913. Il fut traduit dans de nombreuses langues étrangères (en espagnol par Pablo Neruda). Il voyagea jusqu'aux Amériques. Lors de ses voyages, il rencontra Henri Bergson, George Bernard Shaw, Thomas Mann, Robert Frost, Hélène Keller, etc. Ses conversations avec Albert Einstein à Berlin en 1930, avec H.G. Wells à Genève en 1930, avec Romain Rolland à Genève en 1930 ont été publiées.

Rabindranâth Tagore
son jeune traducteur Zoraïr Mirzaian
et Hovsep le père de ce dernier.
(1932 Téhéran)



  • Tagore fut traduit en arménien dès 1916. Voici ci-dessous un texte sur ses relations avec les Arméniens. N.A.

  • Le messager de l'amitié par Mary Maxapétian
    Krounk (Erévan), XII 1982, pp 26-27


    L'entrée de Rabindranath Tagore (1861-1941) dans la réalité arménienne, ses rencontres avec nos intellectuels sont parmi les pages les plus lumineuses des relations culturelles arméno-indiennes dont l'histoire remonte à plusieurs siècles.

    Les Arméniens ont commencé à traduire Tagore dés le début du XXe siècle aussi bien en Inde qu'en Arménie et dans d'autres pays du monde, à partir des originaux en bengali, en anglais, ainsi que du russe.

    La tendance humaniste des œuvres du poète indien, la fraîcheur de sa poésie ont suscité un écho chaleureux chez les classiques arméniens. H. Toumanian, V. Térian, V. Papazian, V. Totovents, H. Masséhian et beaucoup d'autres ont traduit ses poèmes en prose : «Gitan Jali » (prix Nobel) et «Le Jardinier ». En 1925, Avétik Issahakian fit la rencontre de Tagore venu à Venise visiter les Mekhitaristes de l'île Saint-Lazare, et lui demanda de dédicacer la traduction du «Jardinier », poèmes de l'amour et de la vie, faite par Hamlik Toumanian, fils de Hovhannés Toumanian. En prenant congé, Tagore emporta deux branches dont une provenait de l’olivier planté par Byron et l'autre, du laurier s'élevant sur la tombe de Ghévond Alichan.

    En 1930, Tagore visita l'Union soviétique et y fit la rencontre des intellectuels moscovites. Il réunit ses impressions de voyage dans la suite d'articles « Lettres sur la Russie », où il parlait avec admiration de la civilisation de notre pays qui est « exempt des contradictions qui engendrent l'inimitié entre les classes et les sectes ».

    Au printemps 1932 Tagore se trouvait en Iran. La communauté arménienne de Téhéran fêta en grande pompe le 71e anniversaire « du plus grand poète du siècle, de la gloire de l'Orient » selon la qualification de la presse arménienne d'Iran. Ici, Tagore fit la connaissance de Zoraïr Mirzoïan, 16 ans, probablement le plus jeune traducteur de ses œuvres. Lors de ses rencontres avec les intellectuels arméniens de Téhéran, Tagore dit entre autres : « Vous autres Arméniens avez derrière vous un long passé de martyrs mais aussi l'histoire de maintes victoires glorieuses remportées sur les circonstances adverses ». Il connaissait parfaitement notre histoire et avait beaucoup de sympathie pour notre culture.

    Tagore était convaincu que les lettres et les arts véritables sont appelés à consoler et à encourager l'homme, et que toute œuvre humaine de caractère élevé, dégageant bonté et noblesse ne peut rester l'apanage d'un seul peuple. Les valeurs créées par les divers peuples du monde doivent appartenir à toute l'humanité. Ceci concerne également sa propre œuvre qui est imprégnée de dispositions universelles et d'un humanisme vivant. « Je ne sais d'où je suis venu dans ce monde béni, écrit-il, mais je sais que je vais vers l'autel de ma divinité. Et cette divinité que j'ai adorée durant toute ma vie, c'est l'homme ».

    Le recueil « Les Oiseaux migrateurs » (1916) est traduit en arménien pour la première fois en arménien. Ce sont des méditations philosophiques, fort caractéristiques pour Tagore, sur la frontière démarquant la vie et la mort, sur l'éternité de la nature et la courte durée de la vie humaine, sur l’amour. ....

  • Bibliographie arménienne :

    - Encyclopédie arménienne, Erévan 1978, Tome IV, pp 114-115
    - M. Marksabédian : Considérations de Rabindranath Tagore dans la pensée littéraire arménienne, Erévan 1975
    - Մաքսապետյան Մ., Ռաբինդրանաթ Թագորը հայ գրական մտքի գնահատմամբ, Երեվան 1975
    - Հնդկական պատմվածքներ, Երեվան 1961, էջ 3-105
    - Publications en arménien : . Tiflis 1916, Mahigue (Le croissant) . Erévan 1961, Le jardinier . Erévan 1961, Contes indiens pp 3-105 ....

  • Dans la Collection Seghers, un très beau poème de R. Tagore traduit en français :

    Tes yeux m'interrogent, tristes, cherchant à pénétrer ma pensée ; de même la lune voudrait connaître l'intérieur de l'océan.
    J'ai mis à nu devant toi ma vie tout entière, sans omettre ou dissimuler. C'est pourquoi tu ne me connais pas.
    Si ma vie était une simple pierre colorée, je pourrais la briser en cent morceaux et t'en faire un collier que tu porterais autour du cou.
    Si elle était simple fleur, ronde, et petite, et parfumée, je pourrais l'arracher de sa tige et la mettre sur tes cheveux.


    Mais ce n'est qu'un coeur, bien-aimée.
    Où sont ces rives, où sont ses racines?
    Tu ignores les limites de ce royaume sur le quel tu règnes.
    Si ma vie n'était qu'un instant de plaisir, elle fleurirait en un tranquille sourire que tu pourrais déchiffrer en un moment.
    Si elle n'était que douleur, elle fondrait en larmes limpides, révélant silencieusement la profondeur de son secret.


    Mais ma vie n'est qu'amour, bien-aimée.
    Mon plaisir et ma peine sont sans fin, ma pauvreté et ma richesse éternelles.
    Mon coeur est près de toi comme ta vie même, mais jamais tu ne pourras le connaître tout entier.

  • Recherche bibliographique : Nil V. Agopoff - Soirée Printemps des poètes 2007

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