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Des personnalités
et des associations ont lancé un appel pour protester contre les nouvelles
orientations officielles des cours d'histoire et contre le traitement
du génocide dans les manuels.
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Istanbul (correspondance).
Nicolas Monceau.
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En Turquie, des intellectuels
se mobilisent pour la première fois autour du sujet jusqu'alors "tabou"
du génocide des Arméniens, en 1915. Un groupe d'observation récemment
fondé, L'Histoire pour la paix, a lancé une campagne de protestation
afin de dénoncer les nouvelles orientations de l'éducation nationale
sur l'enseignement de cette période troublée.
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Plus de cinq cents intellectuels
turcs de renom - universitaires et historiens, journalistes, défenseurs
des droits de l'homme, juristes, éducateurs, artistes et écrivains
(dont le romancier Orhan Pamuk) - ont déjà signé l'appel. Il a également
fédéré de nombreuses organisati! ons non gouvernementales turques,
dont l'Association des droits de l'homme, l'Association des citoyens
d'Helsinki ainsi que la Fondation d'histoire, une organisation indépendante
d'intellectuels qui vise à approfondir la "conscience historique"
pour mieux contribuer à la paix sociale et à la démocratie.
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Le mouvement est né à la suite
d'une circulaire du ministère de l'éducation nationale, diffusée le
14 avril 2003, qui fixe les orientations des cours d'histoire sur
le génocide arménien. Privilégiant jusque-là le silence, les manuels
d'histoire doivent désormais dénoncer les "prétentions infondées
des Arméniens, des Grecs et des Assyriens" sur les événements
tragiques de 1915. Cette décision des autorités turques intervient
dans un contexte marqué par la reconnaissance du génocide arménien
par le Parlement français, en janvier 2001, et la présentation mondiale
du film Ararat d'Atom Egoyan en 2002 (Le Monde des 7 février
2002 et 25 mai 2002) .
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Intitulé "Non à l'hostilité
et à la discrimination dans l'enseignement de l'histoire !", l'appel
condamne l'approche "raciste" et "porteuse de haine"
des nouveaux manuels scolaires, dans lesquels Arméniens, Grecs et
Assyriens sont, selon eux, présentés comme des "ennemis", des
"espions" voire des "barbares", et leurs centres religieux
et éducatifs associés à des "communautés nuisibles".
UN ENJEU POLITIQUE
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Les signataires de l'appel,
qui demandent le retrait des nouveaux manuels scolaires, soulignent
que l'éducation, surtout lorsqu'elle s'intéresse à des événements
"sensibles" et "controversés", devrait être fondée sur
les principes définis par les Nations unies, plutôt que sur un point
de vue "partisan". L'histoire, concluent-ils, doit être écrite
dans un esprit de compréhension mutuelle et de confiance réciproque
entre les peuples et non encourager les "préjugés", la "discrimination"
et la "confrontation politique". !
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Cet appel intervient en plein
débat sur l'éducation nationale, alors que les milieux associatifs
pro-européens s'engagent dans ce qui est désormais devenu un enjeu
politique dans le processus de démocratisation du pays. La très influente
Association des industriels et hommes d'affaires de Turquie (Tüsyad)
- le patronat libéral turc -, avait déjà publié en 1997 un "Rapport
sur les perspectives de démocratisation en Turquie" proposant
l'octroi de droits culturels à la minorité kurde. Elle a présenté
en 2003 un nouveau manuel d'histoire à l'usage des classes de terminale.
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Traduite d'un ouvrage des éditions
Hachette et incluant un chapitre sur l'histoire de la Turquie contemporaine
d'après 1945 - totalement occultée par les manuels officiels -, cette
édition "alternative" se veut davantage adaptée aux normes
européennes dans la perspective de l'adhésion de la Turquie. Les chances
de sa diffusion officielle par le ministère de l'éducation nationale
s'avèrent cependant quasiment nulles.
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