Communiqué de la FEAJD : La Fédération Euro-Arménienne pour la
Justice et la Démocratie a lancé ce jour un appel pour que l’Europe
sanctionne la récente circulaire du Ministre turc de l’Education
Nationale incitant les élèves à nier l’extermination des Grecs
Pontiques, des Assyro-Chaldéens et des Arméniens.
Ce document du Ministère, envoyé le 14 avril dernier aux écoles
primaires et secondaires de Turquie demande l’organisation par
les directeurs de ces établissements de conférences et de " témoignages
" attestant que la Turquie n’a jamais exterminé ses minorités.
Il demande en particulier aux élèves de rédiger des dissertations
sur le thème de la " lutte contre les allégations de génocide
". Dans ces dissertations, le ministre interdit formellement l’utilisation
de certaines formules, comme " les Turcs ont pu tuer des Arméniens
" et demande qu’elles soient remplacées par d’autres, présentant
ces faits comme une nécessité face aux " massacres perpétrés par
les Arméniens ". Un premier rapport des actions entreprises en
ce sens devait être rendu par les écoles aux directions régionales
du Ministère le 30 mai 2003.
La Fédération Euro-Arménienne précise que ces mesures touchent
notamment les écoles arméniennes d’Istanbul où vivent quelque
70 000 Arméniens. " Nous sommes particulièrement choqués par le
cynisme de cette directive qui non seulement encourage l’agressivité
des Turcs à l’égard des minorités, mais exige des enfants de ces
minorités qu’ils accusent de crime leurs parents victimes d’extermination
", a déclaré Hilda Tchoboian, Présidente de la Fédération EuroˆArménienne.
" Malheureusement, le Ministre turc de l’Education Nationale donne
la preuve que la Turquie se trouve encore à des années-lumière
des normes en vigueur en Europe en matière d’éducation. Ces mesures
contreviennent totalement aux engagements pris par ce pays dans
le cadre du partenariat renforcé pour son adhésion " a estimé
la Présidente de la Fédération Euro-Arménienne. La Fédération
EuroˆArménienne annonce qu’elle lance une campagne à l’échelle
de l’Europe pour demander la suspension des subventions de l’Union
Européenne au système éducatif turc. Pour information, la Turquie
a bénéficié pour son seul système éducatif de 100 millions d’euros
d’aide de la part de Commission européenne sur la période 1995-1999
et bénéficiera du même montant sur la période 2003-2009. A partir
de 2003, elle est en outre éligible pour les programmes éducatifs
communautaires SOCRATES, LEONARDO DA VINCI et JEUNESSE.
" Nous demandons à toutes les associations, organisations, institutions
et responsables européens, arméniens, assyro-chaldéens, grecs,
aux démocrates de tous les pays européens, de rejoindre la Coalition
Européenne pour dénoncer le financement par l’Europe du négationnisme
de l’Etat turc. Nous invitons l’ensemble des citoyens et ONG soucieux
de construire une Europe des Droits et des libertés à dénoncer
ces dérives d’un pays candidat ", a conclu Hilda Tchoboian.
L’appel de la coalition est disponible ci-après. Les associations
et institutions, ainsi que les citoyens et responsables politiques,
qui souhaitent se joindre à cet appel peuvent envoyer leur signature
via e-mail en inscrivant "signature" dans l'objet du message,
ou en renvoyant par fax la déclaration signée, au +32 2 732 70
27.
APPEL DE LA COALITION DES CITOYENS ET ORGANISATIONS
EUROPÉENS
CONTRE LE NÉGATIONNISME DANS LES PROGRAMMES SCOLAIRES TURCS
Nous, citoyens, associations et responsables politiques des différents
pays de l’Union européenne, avons pris connaissance des dernières
mesures prises par la Turquie à l’encontre de ses minorités grecque,
arménienne et assyro-chaldéenne.
Nous condamnons avec la dernière fermeté la demande faite par
le Ministère de l’Education Nationale de Turquie aux établissements
primaires et secondaires d’organiser des conférences et des "
témoignages " en vue de faire croire que ces minorités n’ont jamais
subi d’extermination en Turquie. Cette condamnation sans appel
concerne principalement la demande faite aux élèves de rédiger
des dissertations sur le thème de la " lutte contre les allégations
de génocide ".
Nous sommes notamment scandalisés que ces demandes touchent délibérément
les nombreux élèves arméniens qui comptent encore dans leurs familles
des rescapés du génocide ou des descendants directs de ces rescapés.
Nous sommes particulièrement choqués que les directives prohibent
explicitement l’utilisation de certaines formules, comme " les
Turcs ont pu tuer des Arméniens " et demande qu’elles soient remplacées
par d’autres présentant ces faits comme une nécessité face aux
" massacres perpétrés par les Arméniens ".
Nous rappelons que le génocide des Arméniens est un fait historique
universellement reconnu et que seule la Turquie mène un combat
rétrograde visant à le nier, et dans lequel s’inscrivent les grossières
atteintes à la liberté d’expression ici dénoncées.
Nous considérons que ces mesures haineuses sont totalement contraires
aux valeurs prônées dans les systèmes éducatifs de l’Union Européenne
et sont par ailleurs intolérables de la part d’un pays candidat.
En conséquence, nous appelons l’Union Européenne à la plus grande
fermeté sur ce sujet et suggérons avec insistance que ce point
soit mis à l’ordre du jour des prochaines réunions communautaires
sur les relations entre l’Union Européenne et la Turquie.
Le cas échéant, nous demandons à l’Union Européenne d’exclure
la Turquie des aides communautaires présentes et futures ayant
trait à l’Education. Si ces mesures s’avéraient insuffisantes,
nous exigeons la remise en question de l’ Accord de Partenariat
et de Coopération UE-Turquie.
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