- - chaque franco-arménien est libre ... de prendre du recul et d'aller en vacances en Turquie
- l'exigence de reconnaissance du génocide arménien n'est pas un caprice de diasporiques hystériques
- c'est un problème de justice fondamentale, qui définit la limite entre la civilisation et la barbarie
- il s'agit de ne pas être complètement noyé dans le loukhoum
- et d'avoir le nécessaire regard critique - dont on ne peut faire l'économie, si agréables aient été nos vacances en Turquie
- sur le caractère profondément amoral du comportement politique de ce pays, où le nationalisme prime sur le respect des Droits humains
- le problème du génocide arménien ne se conceptualise pas en termes de "les turcs ne sont pas gentils car ils ne veulent pas reconnaitre" ou "les turcs sont sympas car j'ai passé de bonnes vacances chez eux".
- ce n'est pas un problème entre individus, à appréhender sur un plan affectif.
- presque un siècle, un Etat tenu par une clique de fascistes a écrabouillé un peuple (ou plutôt des peuples, n'oublions pas les assyro-chaldéens et les grecs) pour forger une nation homogène en s'accaparant un héritage commun (l'empire ottoman).
- la chape de plomb de la realpolitik a étouffé l'affaire.
- 92 ans plus tard, le peuple assassiné est à l'état de débris,
. entre un réduit géographiquement vulnérable, à la marge de manœuvre dérisoire,
. et des miettes éparpillées en voie de décomposition identitaire rapide, et ce, dans l'indifférence générale.
- l'Etat né de ce meurtre a prospéré et notamment en récupérant les biens des victimes, n'a jamais reconnu ni spontanément, ni sous la pression internationale, exerce un blocus sur ce qui a survécu, continue d'opprimer plus ou moins en sourdine ses minorités ethniques, religieuses ou politiques
- et pourrait même un jour rejoindre l'UE après avoir été généreusement arrosée de crédits européens, sans aucune repentance ni réparations.
- réjouissons nous car nous vivons dans un monde de justice et d'équité. C'est ça la réalité du problème, une réalité géopolitique et éthique qu'aucune partie de plaisir en Turquie ne saurait faire oublier.
- penser qu'il faut passer la question de la reconnaissance par pertes et profits au prétexte que c'est un obstacle au seul moyen d'évolution politique de la Turquie qu'est l'intégration à l'UE, c'est se livrer à l'esprit de Munich.
- rien ne dit que cette intégration permettra réellement à la Turquie de changer en profondeur.
- continuer à lutter pour la reconnaissance, c'est pénible, décourageant et frustrant car il faut lutter
. contre des intérêts extrêmement puissants,
. contre l'inertie de l'indifférence majoritaire, l'usure du temps, le ressassement du pathos, et l'éventualité qui semble probable d'une cause perdue d'avance.
- lutter pour la reconnaissance est peut être pour certain une névrose,
- c'est en tout cas un acte de résistance. Qui a dit que résister est agréable et facile ?
- Source : l'internaute Lewiss Carroll du forum NAM (13 juin 2007)
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