Le Conseil de l'Europe & les crimes contre
l'Humanité :
omettre ou ne pas omettre ?
- L'idéologie-sélective-du-deux-poids-deux-mesures :
l'occulter ou ne plus l'occulter?
Face à la mondialisation conduite par les Etats-Unis, la nouvelle politique
francophone animée par Jacques Chirac à Beyrouth, semble vouloir se
poser comme un recours plus humain, un recours contre une globalisation
envahissante opérant sur le seul mode de l'efficacité économique.
Les 18-19-20 octobre, développant les engagements en faveur des droits
de l'Homme au nom de cette nouvelle francophonie , les intervenants
originaires du Moyen-Orient n'ont pas manqué d'évoquer les situations
critiques de leur région.
Dans son intervention à
ce IX Sommet de la Francophonie, Sa Sainteté Aram Ier, Catholicos
de la Grande Maison de Cilicie, dont le Saint-Siège se trouve à Antélias
près de Beyrouth, a souligné que "la Francophonie n'est pas seulement
une organisation regroupant des pays de culture française; elle n'est
pas non plus une structure de nature politique ou économique; elle est
plutôt une mission pour la promotion des valeurs humaines, culturelles
et morales" C'est ainsi que le prélat de l'Eglise apostolique arménienne
a rappelé que la décision du peuple français de reconnaître le génocide
arménien de 1915 "a ses racines dans l'histoire et la culture françaises
et la prise de position du peuple français vis-à-vis de l'injustice
flagrante dont fut victime le peuple arménien est bien dans la lignée
de la tradition française". Aram Ier n'a pas manqué d'interpeller la
communauté francophone sur le silence et l'indifférence concernant ce
génocide impuni encourageant ainsi la répétition des crimes contre l'Humanité
: une communauté francophone en particulier composée de pays musulmans
et de pays africains que le Catholicos connaît bien.(*1)
Or le 18 Octobre, s'est tenue à Strasbourg une réunion au cours de laquelle
les ministres de l'éducation des pays membres du Conseil de l'Europe
devaient adopter une déclaration. Cette déclaration devait instituer
dans les établissements scolaires, une Journée de la mémoire de la Shoah
et de la prévention des crimes contre l'humanité. La délégation française
à cette réunion au Conseil de l'Europe ne pouvait se conformer à cette
nouvelle orientation de la Francophonie qui sera impulsée par le Président
français à Beyrouth par la suite.
En effet, au cours de la réunion du 18 octobre, la délégation française
s'est efforcée de circonscrire le champ de la journée de commémoration,
qui, à l'origine, s'étendait à tous les génocides.
Ainsi, dans les déclarations de Mme Simone Veil et de M. Xavier Darcos
rapportées dans l’article
du Monde consacré à la réunion de Stasbourg, on peut remarquer
que :
- il y a omission de la part de représentants officiels de la France
du génocide arménien de 1915 pourtant reconnu publiquement par la France.
- omettre ce génocide dans une déclaration publique concernant les génocides
:
. ce n'est certes pas faire du négationnisme
. mais c'est cependant construire une non-existence de ce génocide dans
l'espace public.
- c'est dès lors ne pas se conformer à la
loi du 29 Janvier 2001.
Dans ces déclarations, on constate également un mutisme sur :
- l'extermination organisée des Tsiganes et des homosexuels par les
nazis;
- les crimes coloniaux, en particulier le travail forcé comme ce fut
le cas pour la construction du chemin de fer Océan-Congo qui a coûté
la mort d'un Africain par traverse, comme l'a rapporté l'éminent journaliste
Albert Londres;
- et la traite négrière & l'esclavage reconnus pourtant par la loi comme
crimes contre l'humanité.
Ces omissions relèvent-elles de l’occultation ? Car vouloir faire état
de "la comparaison à tout va" ou vouloir "éviter toute banalisation"
au point d'omettre ces crimes contre l'humanité, semblent ressortir
d'une idéologie-sélective-du-deux-poids-deux-mesures.
Nous ne savons pas ce qu'en pense M. Xavier Darcos. Pour ce qui est
de Mme Simone Veil, elle est connue comme s'étant déjà opposée à la
reconnaissance du génocide arménien par le Parlement européen quand
elle était sa Présidente à Strasbourg en 1988. Cela avait été en contradiction
avec son passé de survivante des camps de concentration nazis. De plus
à l’occasion du débat en question au Parlement européen, les associations
franco-arméniennes n'avaient pas manqué de l'informer de la phrase d'Adolf
Hitler : "Qui se souvient encore de l'extermination des Arméniens
?" (*2)
Une citation que M. Xavier Darcos devrait proposer avec celles concernant
les autres crimes contre l’humanité, dans la déclaration des ministres
de l'éducation des pays membres du Conseil de l'Europe, cette déclaration
instituant dans les établissements scolaires :
Une Journée de la mémoire de la Shoah et des génocides
et de la prévention des crimes contre l'humanité.
Jean-Claude Kébabdjian, Président-Fondateur du CRDA
Nil Vahakn Agopoff, chercheur au CRDA
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