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Lettre de MonsieurVartkes Robert HAMPARIAN adressée l'émission télévisée Thalassa Emission THALASSA Monsieur le Directeur, Technicien chercheur en biologie marine, je suis régulièrement l'émission Thalassa consacrée au monde de la mer. Lors de la vision d'un reportage ayant pour thème l'or noir de la Caspienne, nous avons , à notre grande stupéfaction, entendu dire à plusieurs reprises par l'animateur à l'écran que l'Azerbaïdjan était en guerre avec l'Arménie. Ceci pour expliquer la présence de réfugiés en situation précaire dans la zone de Bakou. Cette contrevérité, que nous ne pouvions manquer mes amis et moi de relever, a malheureusement pu faire son chemin chez d'autres auditeurs moins avertis. En fait, c'est la population du Karabagh qui, par autodétermination au moment de la chute de l'Empire soviétique, s'est détachée du pouvoir de Bakou et lutte pour sa survie. Cette erreur n'est pas imputable, je le crois, au commentateur présent sur les images et qui,par ses apparitions hebdomadaires aux quatres coins de la planète, doit tout juste avoir le temps de préparer ses déplacements et veiller à une apparence présentable à l'écran . En revanche, pour ce qui concerne les scénaristes et leurs nègres investigateurs et auteurs de textes, vous pouvez leur dire que s'ils savent parler des choses de la marine,ils devraient s'y cantonner et n'aborder d'autres sujets qu'avec une extrême prudence. Par exemple ce sujet historique et géopolitique d'une actualité malheureusement brûlante pour lequel ils se sont montrés particulièrement incompétents. Les problèmes que connaissent les Azéris ne sont pas à mettre sur le dos de l'Arménie. Ce sont eux qui, par d'incessantes vagues de progroms et de persécutions depuis le début du siècle passé, ont éradiqué la population de Bakou des intellectuels et notables dynamiques arméniens qui avaient fait de cette ville une cité florissante. Une des dernières victimes en date du dernier carnage a failli être Garry Kasparov lui même , génie mondial des échecs, dont le nom reste lié à celui de Bakou sa terre natale. Lui, n'a dû son salut qu'à l'amitié de quelques-uns ,à la fuite et à l'exil, comme très peu ont pu le faire. Nous n'allons pas vous faire le cours d'histoire contemporaine mais ce qui nous préoccupe le plus, Monsieur le directeur, c'est que le commentaire ressemblait plus à une prise de position - pour raison d'Etat français- le pétrole de la Caspienne étant certes plus alléchant qu'un quelconque intérêt pour l'intégrité des peuples du Caucase. Aznavour, après tout, est assez grand pour s'en débrouiller!!. Ainsi, pour des raisons d'intérêts géopolitiques et de relations internationales, reconduisons-nous les mêmes erreurs , sacrifiant les peuples à la cupidité de quelques-uns. En d'autres contrées, ce type d'attitude a pu provoquer les résultats catastrophiques que vous savez, comme des réactions terroristes, celles que nous rapportent quotidiennement les écrans de télévision. Faire acte d'historien est de nos jours d'une extrême délicatesse lorsque cela concerne les médias, car l'écoute est nombreuse et une mauvaise interprétation se répercute dans la même proportion, conditionnant nombre d'auditeurs et téléspectateurs. Plutôt que de faire porter à la nation arménienne le chapeau de l'agresseur, vos nègres historiens auraient pu souligner son rôle de victime et son dépeçage par les expansionnismes ottoman et soviétique d'une part,ainsi que le non respect du traité de Sèvres par les Etats occidentaux soucieux de préserver leurs intérets pétroliers sur les gisements de la Caspienne. Ainsi, vous avez contribué à une certaine justification dans les esprits, du blocus économique dont souffre une nation qui, depuis des siècles ,défend les valeurs des Lumières dont ont bénéficié les hommes libérés, tout en étant prise dans le carcan de peuplades arriérées de pillards, incapables de gérer les richesses du sol, exterminant les minorités laborieuses afin de s'approprier leurs biens . Je vous écris ceci car l'histoire de ces gens,Arméniens, Azéris, c'est aussi la mienne , et je vous demande de ne pas la falsifier. Veuillez agréer, Monsieur, l'expression de mes respectueuses salutations Vartkes Robert HAMPARIAN Laboratoire de Biologie Exposition de M. Hamparian
à l'Université de Guadeloupe |