- Bibliothèque Universitaire
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. à partir du 2 septembre : lun au ven : 8h-19h, sam : 8h-13 ....
- Une oeuvre réalisée en hommage à Yves Leborgne, enseignant engagé, récemment disparu.
Exilé loin des siens, par une ordonnance préfectorale qui permettait d'éloigner des D.O.M. tout fonctionnaire indésirable, Y. Leborgne a combattu et obtenu l'abrogation de cette loi humiliante et infamante.
- Vartkes Hamparian est cartographe et technicien de recherche au laboratoire de biologie marine à la Faculté des Sciences de l'Université des Antilles et de la Guyane. Son travail d'étude sur les effets locaux des ouragans a été publié (Les Antilles terres à risques.Editions Karthala 1999) ....
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Liberty dream, liberty drum...Planète grise
par Vartkes Hamparian
exposé à la Bibliothèque Universitaire de Guadeloupe. |
- LIBERTY DREAM, LIBERTY DRUM… PLANETE GRISE
Cette figure allégorique exprime le contraste
entre un idéal – un rêve- de Liberté, et cette autre « liberté », celle
imprimée sur le monde par les forces qui gouvernent la Planète, et dont
on peut dire qu’elles la rendent de plus en plus grise, détruisant peu
à peu ce qui la rattache à l’Homme, dont elle est la Mère. La Planète
est figurée par une sphère cerclée de chaînes et éclatée en deux parties
articulées. Contrastant avec le caractère oppressant des chaînes, des
cercles lisses, méridiens et parallèles, expriment les réseaux encore
fluides qui subsistent. Dans l’échancrure de la Planète éclatée, se
dresse une statue de la Liberté, une satire de l’ oeuvre de Bartholdi
: « La Liberté éclairant le Monde ».
Le personnage de LIBERTY DRUM est chargé de symboles : le corps est
un baril de pétrole, celui des grandes multinationales (les « Sept Sœurs
») qui pèsent sur la géopolitique mondiale. Le visage est macabre, aux
yeux en viseurs de mitrailleuse. L’expression se veut neutre, mais l’attitude
est agressive, la torche brandie étant hérissée de pointes zigzagantes,
éclairs ou baïonnettes. Un pendentif arbore le signe du dollar, ce même
signe étant appliqué à l’emplacement des oreilles (écouteurs ?) La couronne
est une auréole rayonnant tous azimuts. La Planète est d’un gris sombre
dans lequel subsistent quelques taches plus claires, LIBERTY DRUM est
de la couleur kaki des « choses militaires ».
LIBERTY DREAM est une sculpture de bois –poirier pays (Tabebuia pallida)-
d’une jolie texture, représentant une femme allongée aux formes classiques,
dans une attitude de repos. Le corps et le visage au modelé émoussé,
sont imprégnés de sérénité. Elle est posée sur une plaque de verre translucide
et parait donc flotter en apesanteur. V.R.H. « C’est un ensemble de
belles dimensions (h :195cm, L :175cm, l :140cm), une œuvre puissante
qui occupe bien son espace. L’exécution en a été parfaitement maîtrisée
et, autant pour ce qui concerne le travail de l’acier que celui du bois,
le savoir-faire de l’auteur côtoie la prouesse technique. Liberty dream,
Liberty drum… veut lier, sans les opposer, des influences naïve, moderne
et classique, et il semble qu’elle y parvienne avec rythme et équilibre.
»
- Gilles DOUSSEAU (Artiste peintre, Sainte-Anne)
- Liberty dream, Liberty drum... Planète grise.
Jaillissant d'un globe terrestre qui
avec ses parallèles et ses méridiens est le clin d'oeil que le géographe
Robert Hamparian s'envoie à lui-même, un lourd bidon de fuel supporte
une tête aux cheveux de gorgone surmontée d'un nimbe à pointes. Deux
bras désarticulés animent par saccades ce corps trapu, qui tangue dangereusement
sur lui-même et paraît vouloir entraîner dans sa démarche de robot ivre
la planète Terre au rythme de son dollar en sautoir. Au pied de cette
image grinçante d'un vert de gris obsédant, symbole travesti d'une des
images les plus chères au coeur des Américains, celle de la statue de
la Liberté qui veille sur New-York, une fine silhouette de femme allongée,
dort sur ses bras repliés, de fins bracelets au poignet droit. L'ensemble
s'impose par sa maîtrise de l'espace, qui devient un des éléments essentiels
de l'oeuvre.
Le matériau qu'adopte le sculpteur est
le fer, auquel l'ancien élève chaudronnier -carrossier, premier prix
et deux fois consécutives, du Concours général de la Fédération des
Industries Mécaniques et Transformatrices des Métaux, en 1959 et 1960,
sait donner une puissance d'expression qui emporte l'adhésion. Au lisse
opaque du bidon s'oppose le traitement audacieux des cheveux faits de
torons de câbles, et l'alternance de vides et pleins qui donne sa matérialité
au globe terrestre. Au coupant, au piquant, au rugueux des surfaces
métalliques s'oppose l'onctuosité du corps de femme en bois, au volume
tout en longueur, traité dans un naturalisme sentimental qui joue avec
la texture du poirier-pays et la douceur des courbes.
La Liberté n'éclaire plus le monde. Tout
oppose au rêve américain, assoupi et nu, mais plus tentant peut-être
que ne l'aurait voulu l'artiste, la brutalité des tambours qui hantent
une nuit froide aux relents de jeep et d'arme à feu, de casque et de
chaînes. Dans ce sommeil de la raison, l'expression du visage de métal
se réduit à de simples jeux de fentes, de trous, de griffures, les monstres
ne sont jamais loin, suggérés plus que montrés. Le veau d'or est toujours
debout, le dollar grouille, tel des vers immondes, dans les cheveux
de l'allégorie féminine.
Affichant sa puissance, cette sculpture
ambitieuse rappelle les fortes réalisations des grands sculpteurs espagnols
du début du XXè siècle, Gargallo (1881-1934) sûrement, Gonzalès (1876-1942
) peut-être, mais aussi les fers travaillés haïtiens. Art de dénonciation,
il est quelque part l'adieu sans doute involontaire de l'artiste au
monde de ses vingt ans, quand au mal ("yankee" pour les uns, "russkoff"pour
les autres ) répondait une définition commode du bien. Car les tambours
américains (occidentaux ? ) d' aujourd'hui battent dans un monde privé
de sens, qui ne sait remplir ses béances que par les décombres de tours
jumelles ou de camps de réfugiés
- Danielle Bégot (Historienne, Université des
Antilles et de la Guyane)
- Quelques pages www sur la Guadeloupe :
(*1)
- (*2) - (*3)
- (*4)
- Voir aussi une lettre
adressée l'émission télévisée Thalassa
de la part de MonsieurVartkes Robert Hamparian.
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