• Bibliothèque Universitaire
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    Pointe à Pitre Cedex Tél : 05 904 89001 Fax : 05 904 89089


  • Dates et heures d'ouverture :
    . jusqu'au 29 juin : jours ouvrables : 8h-19h, samed i: 8h-13h,
    . fermé du 1er au 6 juillet, . du 8 au 26 juillet : 8h-13h (sauf samedi et dimanche)
    . fermé du 27 juillet au 25 aout . du 26 au 30 aout : 8h-13h
    . à partir du 2 septembre : lun au ven : 8h-19h, sam : 8h-13 ....

  • Une oeuvre réalisée en hommage à Yves Leborgne, enseignant engagé, récemment disparu.

    Exilé loin des siens, par une ordonnance préfectorale qui permettait d'éloigner des D.O.M. tout fonctionnaire indésirable, Y. Leborgne a combattu et obtenu l'abrogation de cette loi humiliante et infamante.

  • Vartkes Hamparian est cartographe et technicien de recherche au laboratoire de biologie marine à la Faculté des Sciences de l'Université des Antilles et de la Guyane. Son travail d'étude sur les effets locaux des ouragans a été publié (Les Antilles terres à risques.Editions Karthala 1999) ....
Liberty dream, liberty drum...Planète grise
par Vartkes Hamparian

exposé à la Bibliothèque Universitaire de Guadeloupe.
  • LIBERTY DREAM, LIBERTY DRUM… PLANETE GRISE

    Cette figure allégorique exprime le contraste entre un idéal – un rêve- de Liberté, et cette autre « liberté », celle imprimée sur le monde par les forces qui gouvernent la Planète, et dont on peut dire qu’elles la rendent de plus en plus grise, détruisant peu à peu ce qui la rattache à l’Homme, dont elle est la Mère. La Planète est figurée par une sphère cerclée de chaînes et éclatée en deux parties articulées. Contrastant avec le caractère oppressant des chaînes, des cercles lisses, méridiens et parallèles, expriment les réseaux encore fluides qui subsistent. Dans l’échancrure de la Planète éclatée, se dresse une statue de la Liberté, une satire de l’ oeuvre de Bartholdi : « La Liberté éclairant le Monde ».

    Le personnage de LIBERTY DRUM est chargé de symboles : le corps est un baril de pétrole, celui des grandes multinationales (les « Sept Sœurs ») qui pèsent sur la géopolitique mondiale. Le visage est macabre, aux yeux en viseurs de mitrailleuse. L’expression se veut neutre, mais l’attitude est agressive, la torche brandie étant hérissée de pointes zigzagantes, éclairs ou baïonnettes. Un pendentif arbore le signe du dollar, ce même signe étant appliqué à l’emplacement des oreilles (écouteurs ?) La couronne est une auréole rayonnant tous azimuts. La Planète est d’un gris sombre dans lequel subsistent quelques taches plus claires, LIBERTY DRUM est de la couleur kaki des « choses militaires ».

    LIBERTY DREAM est une sculpture de bois –poirier pays (Tabebuia pallida)- d’une jolie texture, représentant une femme allongée aux formes classiques, dans une attitude de repos. Le corps et le visage au modelé émoussé, sont imprégnés de sérénité. Elle est posée sur une plaque de verre translucide et parait donc flotter en apesanteur. V.R.H. « C’est un ensemble de belles dimensions (h :195cm, L :175cm, l :140cm), une œuvre puissante qui occupe bien son espace. L’exécution en a été parfaitement maîtrisée et, autant pour ce qui concerne le travail de l’acier que celui du bois, le savoir-faire de l’auteur côtoie la prouesse technique. Liberty dream, Liberty drum… veut lier, sans les opposer, des influences naïve, moderne et classique, et il semble qu’elle y parvienne avec rythme et équilibre. »

  • Gilles DOUSSEAU (Artiste peintre, Sainte-Anne)


  • Liberty dream, Liberty drum... Planète grise.

    Jaillissant d'un globe terrestre qui avec ses parallèles et ses méridiens est le clin d'oeil que le géographe Robert Hamparian s'envoie à lui-même, un lourd bidon de fuel supporte une tête aux cheveux de gorgone surmontée d'un nimbe à pointes. Deux bras désarticulés animent par saccades ce corps trapu, qui tangue dangereusement sur lui-même et paraît vouloir entraîner dans sa démarche de robot ivre la planète Terre au rythme de son dollar en sautoir. Au pied de cette image grinçante d'un vert de gris obsédant, symbole travesti d'une des images les plus chères au coeur des Américains, celle de la statue de la Liberté qui veille sur New-York, une fine silhouette de femme allongée, dort sur ses bras repliés, de fins bracelets au poignet droit. L'ensemble s'impose par sa maîtrise de l'espace, qui devient un des éléments essentiels de l'oeuvre.

    Le matériau qu'adopte le sculpteur est le fer, auquel l'ancien élève chaudronnier -carrossier, premier prix et deux fois consécutives, du Concours général de la Fédération des Industries Mécaniques et Transformatrices des Métaux, en 1959 et 1960, sait donner une puissance d'expression qui emporte l'adhésion. Au lisse opaque du bidon s'oppose le traitement audacieux des cheveux faits de torons de câbles, et l'alternance de vides et pleins qui donne sa matérialité au globe terrestre. Au coupant, au piquant, au rugueux des surfaces métalliques s'oppose l'onctuosité du corps de femme en bois, au volume tout en longueur, traité dans un naturalisme sentimental qui joue avec la texture du poirier-pays et la douceur des courbes.

    La Liberté n'éclaire plus le monde. Tout oppose au rêve américain, assoupi et nu, mais plus tentant peut-être que ne l'aurait voulu l'artiste, la brutalité des tambours qui hantent une nuit froide aux relents de jeep et d'arme à feu, de casque et de chaînes. Dans ce sommeil de la raison, l'expression du visage de métal se réduit à de simples jeux de fentes, de trous, de griffures, les monstres ne sont jamais loin, suggérés plus que montrés. Le veau d'or est toujours debout, le dollar grouille, tel des vers immondes, dans les cheveux de l'allégorie féminine.

    Affichant sa puissance, cette sculpture ambitieuse rappelle les fortes réalisations des grands sculpteurs espagnols du début du XXè siècle, Gargallo (1881-1934) sûrement, Gonzalès (1876-1942 ) peut-être, mais aussi les fers travaillés haïtiens. Art de dénonciation, il est quelque part l'adieu sans doute involontaire de l'artiste au monde de ses vingt ans, quand au mal ("yankee" pour les uns, "russkoff"pour les autres ) répondait une définition commode du bien. Car les tambours américains (occidentaux ? ) d' aujourd'hui battent dans un monde privé de sens, qui ne sait remplir ses béances que par les décombres de tours jumelles ou de camps de réfugiés

  • Danielle Bégot (Historienne, Université des Antilles et de la Guyane)

  • Quelques pages www sur la Guadeloupe :
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  • Voir aussi une lettre adressée l'émission télévisée Thalassa de la part de MonsieurVartkes Robert Hamparian.