Dans son émission du
6 janvier consacrée à la présentation des enjeux liés à l'entrée
de la Turquie en Europe, Arte a soigneusement évité de mentionner
la question du génocide arménien dont la reconnaissance par Ankara
figure pourtant parmi les critères d'adhésion définis par la résolution
du Parlement européen du 18 juin 1987.
Cette occultation ne saurait être interprétée comme un simple
oubli. Elle traduit la complaisance d'Arte à l'égard du négationnisme
turc et constitue un outrage aux victimes du génocide et aux survivants
dont une grande partie a trouvé asile en France. Citoyens français
d'origine arménienne, nous sommes indignés par cette désinvolture
à l'égard du martyr de tout un peuple.
Nous dénonçons la malhonnêteté intellectuelle de cette
émission qui présente la Turquie comme un "Etat laïc"
en omettant de signaler que cette laïcité s'est construite sur
l'élimination d'un million et demi d’Arméniens chrétiens et de
centaines de milliers d'Assyriens chrétiens.
Nous dénonçons également la présentation de la "laïcité
turque" comme si celle-ci avait quoi que ce soit de comparable
avec la genèse de la laïcité en France. Depuis la suppression
du Califat en 1924, le blocus kémaliste de l'islam cherche à occulter
toute condamnation religieuse du crime de 1915. Les non-dits de
cette émission sur la dite laïcité turque omettent un recours
à l'islam pour la condamnation du génocide arménien : l'islam
dont peuvent se réclamer près de six millions de
personnes en France.
Et ce recours est co-substantiel au dialogue islamo-chrétien,
dialogue qui a existé dès les premiers califes avec les Eglises
orientales dont fait partie l'Eglise apostolique arménienne .