Décès de Madame Ayché Nour
Zarakolu
- Paris, le 28 janvier 2002
- LES ARMENIENS PLEURENT LEUR « MÈRE
COURAGE » TURQUE
L’éditrice turque Ayché Nour
Zarakolu est décédée le 28 janvier 2002 à l’Hôpital Tchapa de la Faculté
de médecine d’Istanbul des suites d’une longue maladie, à l’âge de 56
ans. Elle était né le 9 mai 1946 à Antakya (Antioche). La « Mère courage
» de Turquie, ainsi appelée par les Arméniens et les médias français,
avait été emprisonnée et torturée en 1984 pour sa défense des minorités,
et à nouveau 1994 et 1996 pour avoir édité le premier livre sur le génocide
des Arméniens de 1915 sous le titre Le Tabou arménien (traduction du
livre de Yves Ternon Les Arméniens, histoire d’un génocide), toujours
interdit en Turquie, ainsi que pour d’autres prises de position. Après
avoir achevé ses études de sociologie, elle quitta l’Université pour
fonder sa maison d’édition qu’elle nomma les Editions de la Documentation
Internationale (Belgué Uluslararasi Yayincilik). Avec son mari Ragip
Zarakolu, elle fut cofondatrice de l’Association des Droits de l’Homme
de Turquie, et, à travers plus de 400 titres, elle lutta pour l’établissement
dans son pays de la vérité sur le traitement des minorités dans le passé
comme pour la protection des Kurdes persécutés durant la « sale guerre
» qui ensangleta l’Est de l’Anatloie durant les années 1984-1998.
Mme Ayché Nour Zarakolu était venue
pour la première fois dans notre pays comme invitée à l’occasion de
la commémoration du 50e anniversaire de la Déclaration universelle des
droits de l’homme dans la capitale. Elle avait été présentée à la télévision
comme une « Mère courage » au cours d’interviews réalisées dans les
locaux du Centre de Recherches sur la Diaspora Arménienne et dans la
rue Cadet, où se trouve cette association qu’il l’avait accueillie avec
des fleurs, du pain, du sel et du vin, selon la tradition orientale.
Le couple avait noué depuis 1993 des liens très étroits avec le CRDA,
notamment lors d’une présentation à Paris de la traduction en turc du
roman de Franz Werfel, Les 40 jours du Musa Dagh, édité par sa maison
pour la première fois en Turquie, puis au cours de conférences et de
colloques organisés par le CRDA en France, en Allemagne et en Arménie.
A la suite de l’intervention de Jean-Paul Bret, député socialiste de
Villeurbanne, qui l’avait parrainée lors de sa première venue à Paris,
et du ministre de la Santé, Bernard Kouchner, Mme Ayché Nour Zarakolu
avait suivi de brefs soins en France en août dernier
Le président du CRDA, M. Jean-Claude
Kebabdjian, déclare : « Les descendants des Arméniens dispersés dans
le monde après le génocide de 1915 pleurent aujourd’hui cette enfant
d’Anatolie, turque d’origine, qui a sauvé par son courage l’honneur
et la conscience de son peuple, mais non encore l’honneur et la conscience
de son pays qui refuse la reconnaissance officielle du crime passé.
Elle ne verra pas ce jour pour lequel elle a tant combattu. Nos pensées
les plus tristes vont vers son mari et ses deux fils Deniz et Sinan
décidés à poursuivre le combat plus que jamais. »
La cérémonie religieuse aura lieu
à la mosquée Yedikoulé, dans la banlieue d’Istanbul, en face de l’hôpital
arménien Sourp Perguitch (Saint-Sauveur).Un livre d’hommage sera ouvert
au CRDA : 9 rue Cadet, 75009 Paris. Tél. : 01 42 46 05 58 – Fax : 01
42 46 33 78.
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