ARMENIE 1915
- Hagop, gros commerçant d'abricots et poète ridicule,
a des démangeaisons politiques, tandis que les coups de théâtre et les
quiproquos se multiplient avec la montée en puissance du premier génocide
du siècle. L'Empire Ottoman se suicide. Des âmes basculent dans la folie,
d'autres dans l'héroïsme, avec leurs fulgurances démoniaques et leurs
nobles couleurs. Personnage historique, Moustapha, ce Juste de l'Islam,
saura-t-il, à temps, éteindre le nationalisme vengeur de son propre
fils, et Anahide, la Chrétienne farouche, attachée à sa terre, décidera-t-elle
sa famille à fuir ?
Et puis, il y a Anouche, la belle séquestrée, demi-folle, dit-on, ou
trop consciente de son destin et de celui de tout un peuple. Ne jouerait-elle
pas de cette même folie pour dresser sa voix contre l'Innommable et
tenir ce lien fragile entre une réalité désastreuse et sa consolation
en contes et légendes millénaires ? Du reste, est-elle bien une seule
personne et une seule voix ? S'agit-il, au final, de la même histoire
et d'un même souvenir ?
Parole gardée est la confession paranoïaque d'une mémoire douloureuse,
aujourd'hui encore interdite et largement combattue. Un chant d'ivresse
pour temps de catastrophe. Chez
L'Harmattan
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François Besset
lors de la semaine du FICEP
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François BESSET,
agrégé de Philosophie est professeur au Lycée Carnot de Cannes, en
Classes préparatoires aux Grandes Ecoles au Lycée des Eucalyptus à
Nice et à la Faculté libre de Théologie de Nice-Sophia Antipolis.
- A Serge Adamian qui, le premier, aima ce
drame.
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Extrait
de la Pièce, PAROLE GARDEE, Acte III, scène 5.
Méhèmed
: Tu donnes asile aux ennemis de
la Nation !
Moustapha : Et ton tripot de délateurs accorde trop d'importance
aux rumeurs !
Méhèmed : Nous avons des preuves ! Tu donnes asile aux ennemis
de la Nation !
Moustapha : Les ennemis de la Nation ?! Ces fillettes transies
et ces garçons cravachés à la gueule ? Tu les as vus parqués comme
du bétail, et laissés sans vivre, exprès ? Les as-tu bien regardés,
couverts de haillons à grelotter sous la pluie, raidis dans la crasse,
les pieds mangés par la boue ? Hier, ils formaient ensemble une
immense forêt incendiée à pourrir chacun dans un silence trempé,
nos petits traîtres.
Méhèmed : Demain, les enfants des Arméniens auront grandi.
Moustapha : Pas eux, il ne grandiront plus. Va rassurer tes
amis.
Méhèmed : La pitié est le droit des femmes.
Moustapha : Et la compassion le devoir des hommes. Ma ville
est au coeur d'un dispositif criminel sans précédent. Et j'ai ça
sous mes fenêtres ! La mort m'embaume, je mange leur peine et sue
vos crimes.
Méhèmed : Père ! (Il cherche dans ses poches et lui tend
une feuille de papier, suppliant presque). |
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