L’intraduisible
- Deuil - Mémoire - Transmission -
200 p - 23 € - ISBN 2-10-049208 - www.dunod.com - Juin 2005
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L’auteur, Janine Altounian est traductrice et essayiste. Elle collabore aux traductions des oeuvres complètes de Sigmund Freud aux Presses universitaires de France.
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Elle a publié notamment
Ouvrez-moi seulement les chemins d’Arménie, un génocide aux déserts de l’inconscient (Belles Lettres, 1990)
et
La Survivance, traduire le trauma collectif (Dunod, 2000),
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deux ouvrages qui, avec celui-ci, constituent une trilogie.
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- L’ouvrage porte sur la douleur de l’empêchement à s’engager dans la tendresse que rencontre l’héritier d’une transmission traumatique chez son parent survivant.
L’écriture constituera le truchement pour ressentir, en place de l’autre détruit, des affects excédant ses capacités psychiques. Elle vise à subjectiver une souffrance parentale encryptéedans le mutisme et tente de nommer les conséquences traumatiques des meurtres de masse sur les descendants de survivants.
Dans un cheminement apparemment inversé, une tentative de réflexions contemporaines au sein des récits ancestraux sera menée pour dessiner les différentes étapes d’une psychisation de longue haleine.
La survie relève alors d’une capacité d’invention proprement artisanale, c’est-à-dire d’un savoir faire «avec des restes», la vie ultérieure ne pouvant se construire qu’avec la réintroduction du tiers anéanti lors de la terreur.
Le parcours analytique rapporté dans ce livre soutient l’hypothèse que, chez un héritier de survivants, le travail de la cure peut amener la scène du meurtre às'ouvrir au tiers pour le dialogue ou le conflit, attribuant par là à ses deux enjeux définis par Freud -capacité de travailler, capacité d'aimer –une pertinence radicale.
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TABLE DES MATIÈRES
- AVANTPROPOS XI
Une méthode qui présente l’après-coup dans une position inaugurale XI
- INTRODUCTION 1
Une émotion ineffaçable insiste à vouloir s’écrire 2
Les traces sensorielles d’une joie douloureuse 5
L’artisanat chez Pénélope, Benjamin et Freud 9
PREMIÈRE PARTIE : TRANSMETTRE UNE SAGESSE
- 1. Savoir faire avec les restes 19
Les mains à l’ouvrage de la vie 19
Un sésame qui entrouvre le monde des vivants 23
« Un flacon d’huile de rose » 24
Une tendresse empêchée oeuvre à une nidation 27
- 2. Inhumer les restes 33
Fonction séparatrice de la sépulture 33
Évitement dans le récit et dans l’adresse à l’autre 35
Absence de localisation ou empiétement 39
Empiétement ou rupture des liens 41
Le refoulement freudien face à la « disparition » 43
L’écriture comme seul espace réservé à la vie 47
- 3. Inscrire les restes 49
Des enveloppes rituelles aux enveloppes scripturaires 49
Remémorer (erinnern) selon Freud ou acquérir « àl’intérieur » ce qui demeurait extérieur 53
« Remémoration » d’une violence jusque-là séquestrée 56
Effets subjectifs d’une « répétition » violente dans l’espace public 59
Remémoration, traduction et transgression 61
Peut-on douter, devant les catastrophes actuelles, de la nécessité d’inscrire ce qui fut effacé ? 65
La violence à l’oeuvre dans la démarche psychisante de l’écriture 67
Paradoxalité politique de l’instance traductrice 68
Un événement en quête de récepteur 70
Fonction médiatrice de l’écriture et contre-transfert analytique 73
DEUXIÈME PARTIE : TRANSMETTRE UN ENFANT
- 4. Confier au tiers ce qui reste 79
Préférer un tiers incertain à la mort certaine 79
« Un flacon d’huile de rose » 81
Survivre nécessite l’innovation de nouvelles hiérarchies 83
D’une apparente « déchéance » à un déshonneur en quête de sujet 86
Qui est déshonoré lorsqu’il est attenté au nom ? 88
Peut-on aimer/haïr père et mère sous la terreur de l’extermination ? 91
Que devient la différence des sexes devant la mise à mort pour tous ? 93
La tendresse est empêchée quand l’amour fut impuissant 94
La féminité naissante face à l’impudeur du corps supplicié des hommes 97
Les leurres de la tradition face à l’usinage des cadavres 100
Un « non à la mère » mortel devenu, grâce au tiers, un « non » à la mort 103
Entre mère et fille une alliance tacite dans un enfermement invivable 106
Les hommes sont des morts ou des assassins, reste la mère abusive, pourtant modèle de sang froid et de dignité 110
L’ambivalence amour/haine ne peut s’exprimer que dans la sécurité 113
Les conflits oedipiens demeurent irrésolus lorsque part en fumée le temps d’aimer ou d’être aimé 116
- 5. Traduire au tiers ce qui reste 119
Apprendre le parler de l’autre crée de la tiercéité 119
Passer par l’autre et son langage pour faire advenir le sien 122
Devenir audible à soi et à sa filiation 125
« Faire avec » le tiers, incapable de comprendre mais capable d’accueillir 126
L’École de la République, jadis « mère adoptive » des sinistrés 128
Nécessité d’une filiation d’adoption pour les enfants de survivants 130
Rôle émancipateur de l’école chez Sarraute, Camus, Ernaux et Handke 132
L’Instruction publique « pour tous » 136
Un métissage nécessaire pour se séparer des morts et transmettre leur vie 140
Fonction de l’institution tierce dans la transmission post-traumatique 142
Transmission d’un patrimoine sous le couvert d’une thèse de doctorat en langue « étrangère » 146
Une littérature qui sert d’enveloppe psychique à un être exilé de lui-même 149
Un testament qui ne se déchiffre que traduit dans une université « étrangère » 152
Le détour, opérateur de transmission et instrument de recherche 153
Les délimitations « dehors/dedans » sont nécessaires pour démasquer le déni 156
Les « transferts de populations » sont inducteurs de « transfert » sur l’autre 158
Tra-duire un monde nié en l’autre 161
Portée politique de la mixité des identités 165
- CONCLUSION 167
«... cette impossibilité de s’engager dans la tendresse » ? 167
- ANNEXE 173
Étude lexicale des citations de Benjamin et de Freud 173
- BIBLIOGRAPHIE 189
- INDEX 197
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