- Yves TERNON. Historien.
Le spectre du négationnisme. Analyse du processus de négation des génocides
du XXe siècle.
Le néologisme "négationnisme" eut
pour fonction initiale de se substituer à "révisionnisme" pour désigner
la négation de la Shoah en France.
Cependant la pertinence de ce mot appelle à
un usage plus large, une extension de sens qui comporte un risque de
banalisation. Pour fixer les limites de ce spectre, il suffit de traiter
du processus de négation des génocides, ce qui renvoie certes à la question
de la qualification d'un crime comme génocide.
La négation apparaît comme une composante des
génocides, présente à tous les temps du meurtre, et le négationnisme
n'est que l'organisation de cette négation en système de défense pour
se soustraire à une responsabilité. Pour soutenir cette analyse, une
approche comparée de la négation de cinq événements considérés comme
des génocides ou pour lesquels la qualification de génocide fait encore
l'objet d'une controverse est présentée : la Shoah, le génocide arménien,
le génocide des Tutsi du Rwanda, le génocide cambodgien et le génocide
par la famine en Ukraine.
Cette comparaison démontre que, si la négation
utilise les mêmes outils dialectiques, elle diffère selon les buts que
se proposent les négationnistes et que chaque génocide est nié de façon
singulière.
Le négationnisme est un délit et il doit être
examiné comme tel par le législateur afin d'en sanctionner la pratique.
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