Objectifs du colloque

- Engager une réflexion sur la mémoire, la connaissance et la visibilité des catastrophes historiques à partir des phénomènes de la négation et du témoignage de la violence politique extrême. Interroger la ténacité des négationnismes et le développement du témoignage comme manifestations conjointes, sur fond d'une apparente crise du savoir, de la culture, de la pensée et des actes à l'endroit de l'humain et de sa destructivité politique.

- Observer le témoignage dans sa structure épistémologique, sa fonction anthropologique, sa place au croisement des pratiques historiographique, juridique, artistique et philosophique. Définir son lien ou son étrangeté à ce qui semble être son envers, la négation de l'événement destructeur, dont on tentera d'interpréter les structures discursives, les mobiles, les mécanismes, les fonctions, les effets.

- Interpréter l'importance croissante du témoignage comme "institution" sociale naturelle (R. Dulong) de plus en plus requise dans l'écriture de l'histoire et les dispositifs juridiques internationaux, et consacré aujourd'hui en "genre" littéraire et corpus philosophique.

- Amorcer une topographie et une interprétation des formes de négation des massacres et génocides du siècle passé, en distinguant entre les doctrines instituées, complices du crime et relevant d'une stratégie politique, et les formes diffuses de déni, qui procèdent à une déréalisation ou à une suspension du sens et du jugement.

- Poser des jalons pour une approche comparative, différenciatrice, des modes de négation et de témoignage à l'oeuvre selon les événements, leur degré de constitution historiographique, de reconnaissance juridique et d'existence culturelle. Observer les "marges" issues des points aveugles de l'Occident. Faire la part des cultures de l'écrit et de l'oral dans les rythmes d'écriture de l'histoire.

- Amorcer une réflexion épistémologique sur le positivisme historiographique et son usage pervers (de type faurissonien), et sur le statut cognitif ou véridictionnel du témoignage. Interroger le statut du témoignage dans le discours négationniste, et dans sa réplique lorsqu'elle est prise dans le cercle vicieux de la demande de preuve et lorsqu'elle cherche à s'en dégager.

- Interroger le brouillage des polarités politiques droite/gauche dans les discours de la négation. Chercher ce qui tracerait les lignes de partage effectif, dans les discours politiques, entre la prise en compte du sens des crimes d'Etat et leur effacement.

- Réfléchir sur les conditions de possibilité d'une écriture de l'histoire et du temps présent, ainsi que sur ses obstacles, ce qui pourrait conduire à un questionnement des formes actuelles du nihilisme, au plan politique et culturel à la fois.


à compléter