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Lettre du 11 Février à Madame Huguette Meunier-Chuvin |
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Madame Huguette Meunier-Chuvin, chargée de mission auprès du Commissariat général de la Saison de la Turquie en France, Chère Madame,
Merci pour votre lettre du 8 Février dernier et vos explications.
Cependant le débat citoyen reste entier à propos de l'approche historico-culturelle du Génocide de 1915 et de son déni dans le cadre de cette saison. A part la réserve que l'on peut avoir sur le choix des différentes thématiques et des conférenciers, on peut remarquer comment certains conférenciers turcs manipulent stratégies et méthodes historico-sémantiques pour diluer la réalité génocidaire : http://www.globalarmenianheritage-adic.fr/fr_9informationcitoyenne/saisonturque/100analyseparfumage.htm
Il s'agit de la Saison de la Turquie et non pas de la Saison de la Culture turque comme il avait été formulée à certains moments il y a bien un an. Il y a à prendre en compte l'importance historique et culturelle de l'Arménie et du Royaume arménien de Cilicie : comme pour les différents autres pays qui ont existé sur le sol de la Turquie actuelle.
De plus, avec toute la bienveillance et les encouragements que l'on avoir pour les démocrates turcs actuellement, il y a toutefois la réalité de l'État turc à idéologie nationaliste avec ses fonctionnaires et ses habiles diplomates. Cela ne date pas d'hier. Faut-il rappeler le témoignage du Père Félix Charmetant (1844-1921), Directeur Général de L'Œuvre d'Orient, à propos de la publication du Livre Jaune ? Le Père Félix Charmetant s'exprime ainsi sur la diplomatie turque :
Le Père Charmetant a vu juste sur la diplomatie turque. En effet, cette diplomatie turque réussira jusqu'à faire abandonner les survivants arméniens de 1915 par les autorités françaises en Cilicie (qui les avaient appelés auparavant à s'y établir) à la merci des bandes armées kémalistes en 1921.(*) Je vous prie de croire, chère Madame, à l'assurance de mes sentiments dévoués. ______________________________________________________ 8 Février 2010
Cher Monsieur, Je vous remercie de votre rapide réponse et de la non moins rapide publication dans le Magazine des Nouvelles d'Arménie de la lettre que j'avais envoyée la semaine dernière (il ne s'agissait pas d'un droit de réponse, dans la mesure où je n'étais pas attaquée, mais d'une simple mise au point).
Je crois que nous sommes d'accord sur le fond même s'il est vrai que, pour des raisons évidentes, nous ne portons pas le même regard sur les manifestations de la Saison de la Turquie. Je sais, cependant, qu'il y a une véritable ouverture à l'heure actuelle en Turquie sur les questions historiques, historiographiques et donc politiques et que ce mouvement mérite d'être accompagné avec vigilance, certes, mais aussi avec bienveillance.
J'ai rencontré, comme vous peut-être, des enseignants (dans le secondaire et surtout dans le supérieur) de Turquie qui critiquent l'enseignement de l'histoire et oeuvrent par exemple à écrire (ou traduire) de nouveaux manuels (l'un d'entre eux, traduit du manuel de Hachette, ayant été financé par la TÜSIAD). De plus en plus d'intellectuels turcs utilisent publiquement le terme de génocide en dehors de leurs frontières, si vous avez assisté aux colloques organisés cette année, vous aurez pu le constater vous-même. Ces changements, impensables il y a quelques années encore, me rendent personnellement optimiste et j'espère vivement qu'ils aboutiront à une reconsidération globale du passé (par la société civile qui doit, vous le dites fort bien, faire entièrement son travail de mémoire) et du discours officiel sur le passé. Les mêmes intellectuels pourront ainsi tenir le même discours à l'étranger et dans leur patrie... Si j'ai utilisé le terme de "tabou arménien", ce n'est pas pour ne pas avoir à utiliser celui de génocide, mais parce que le sujet portait sur le tabou ou bien parce que le mot apparaît dans le titre du livre. Cette première étape n'est pas négligeable même si, encore une fois, elle est incomplète, nous en sommes d'accord. Mais, honnêtement, je ne crois pas avoir aidé à importer le négationnisme, ce qui irait à l'encontre de mes convictions.
Je pense aussi qu'en accentuant la coopération éducative entre nos pays, c'est-à-dire en envoyant plus d'étudiants européens en Turquie et en faisant venir plus d'étudiants turcs en France, nous travaillons à modifier en profondeur les mentalités.
J'ai bien conscience de ne pas vous satisfaire pleinement, mais je tenais à vous assurer que, dans notre équipe, nous avons beaucoup réfléchi, beaucoup discuté, beaucoup travaillé dans cette optique.
Vous remerciant une fois encore de votre réponse, je vous prie d'agréer, Cher Monsieur, mes salutations les meilleures,
Huguette Meunier-Chuvin
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