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Manifestation du mardi 18 Mai devant le Sénat organisée par le CCAF
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www des intervenants : NAM - Collectif VAN - DiasporaMag

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  • Allocution de Nil Agopoff, représentant l'UCFAF, l'Union culturelle française des Arméniens de France, Ֆրասահայ Մշակութային Միութիւն, fondée à Paris en 1949 :

Cher(e)s amie(e)s,  

Nous sommes 100 % français, nous sommes 100 % arméniens.
Nous sommes des citoyens français d'origine arménienne et en tant que citoyens français nous faisons appel aux élus de la République quelles que soient leurs responsabilités pour qu'ils interviennent auprès de nos Sénateurs et qu'ils leur demandent d'inscrire au calendrier des débats la proposition de loi pénalisant le négationnisme du Génocide des arméniens en 1915.  

Chers amie(e)s, nous sommes 100 % français, nous sommes 100 % arméniens selon l’expression même d’Henri Verneuil ou de Charles Aznavour.
Nous demandons à être reçus par nos Sénateurs pour leur dire combien il est urgent et nécessaire de condamner le déni d'un génocide non reconnu. Monsieur le Sénateur, Madame la Sénatrice, nous vous disons que laisser importer et laisser banaliser le déni d'un génocide impuni et non reconnu ne peuvent qu'encourager -consciemment ou inconsciemment- délinquance ou discrimination dans notre pays.

Il ne s'agit pas ici d'une simple proposition de loi déclarative dite "mémorielle" face à la falsification de la réalité historique. Jean Jaurès, Clémenceau, Frédéric Mistral, Anatole France et des milliers d'autres arménophiles -connus ou inconnus- dénonçaient le nettoyage ethnique qui commençait en Arménie ottomane dès la fin du XIXème siècle. Surtout ces français dénonçaient à l’époque en tant que citoyens, le complot du silence en France, un mutisme face à ces tueries perpétrées en Turquie et en Arménie occidentale.    

Pour informer les municipalités des villes où sont nés ces Armérnophiles français, où ils ont vécu, où ils sont enterrés, nous utiliserons internet et les moyens de communications modernes. Les associations franco-arméniennes n’y manqueront pas d’organiser des commémorations sur leurs tombes comme cela a été fait récemment en Dordogne pour le vice amiral Dartige du Fournet qui avait sauvé les Arméniens du Moussa Dagh.  

Le peuple de la France profonde et de sa riche diversité sont à nos côtés. Nous allons mettre au courant ces municipalités à travers le pays, leurs Conseillers municipaux, les radios locales, la presse régionale, comment ces arménophiles de la République étaient aux côtés des victimes arméniennes. Ce fut le cas du géographe Elisée Reclus, du poète Charles Péguy, de l'académicien Louis Renault, de l'écrivain Romain Rolland, et tant d'autres de l'Institut de France, de la Sorbonne, du Collège de France, de l'École normale supérieure, des catholiques, des protestants, des juifs, eh bien ces personnalités et ces patriotes français, ils ont refusé de se taire !  

Et les citoyens français que nous sommes, nous informons les associations françaises d'anciens combattants et de résistants. Elles savent comment les volontaires arméniens à la 1ère guerre mondiale, sont tombés au Champ d'Honneur en Artois, en Champagne, dans la Légion d'Orient en Palestine. Ces associations sont maintenant aussi au courant que Missak Manouchian et ses compagnons d'armes avaient compris que le nazisme recommençait l'horreur de 1915, un crime contre l'Humanité.
 
Cependant aujourd’hui, le déni de ce crime génocidaire est banalisé, ce DÉNI est diffusé dans notre pays, ici en France, comme si de rien n'était.  Cher(e)s ami(e)s, nous faisons partie de l'identité citoyenne de la France d'aujourd'hui. Et à ce titre nous ne voulons pas qu'en 2010 se renouvelle un scénario analogue de ce qui s'était passé en Cilicie en 1921 où les réfugiés arméniens rescapés de 1915, avaient été abandonnés aux bandes armées kémalistes. Aujourd'hui face au négationnisme bétonné et offensif venant d'Ankara, nous demandons aux Sénateurs français de ne pas répéter ce comportement de 1921 pour plaire à la Realpolitik avec un État turc à mentalité prussienne et qui mobilise des budgets colossaux.  

Nous sommes 100 % français, nous sommes 100 % arméniens.
Sachant que la France est la patrie des Droits de l'Homme, comment des Sénateurs peuvent-ils être crédibles s’ils se comportent en champions de l’immobilisme face à une revendication citoyenne aussi fondamentale ? …car ne s’agit-il pas ici d’un négationnisme d’État envahissant et agressif à l’encontre de descendants de rescapés d'un génocide impuni, non reconnu et dont l’existence avait été écartée et occultée pendant des dizaines d’années ?

D’autant plus que les franco-arméniens sont souvent donnés en exemple comme réussite d'intégration en France. Alors dans ces conditions, comment peut-on penser que ces Sénateurs soient crédibles dans leur relation avec la diversité multiethnique de la France –une diversité en majorité originaires des anciens pays colonisés ? Sachant en plus que beaucoup de nos concitoyens de la Diversité française, ont eu leurs aïeux qui se sont battus pour la France –comme les arméniens– pendant les deux guerres mondiales.

Pour terminer nous savons que le négationnisme cherche à exterminer une deuxième fois et ce n'est pas seulement dans le registre du symbolique. Après l’éradication des Arméniens, des Assyrio-chaldéens et des Grecs pontiques, le dernier peuple autochtone à rester sur place, c'est-à-dire les Kurdes, ont été les victimes de l’impunité du génocide de 1915. En effet, faudra-t-il rappeler ici les massacres successifs perpétrés à l’encontre du peuple kurde par l’État kémaliste ?

Le négationnisme n'est pas une simple opinion, c'est plus grave qu'un délit à l'encontre de l'ordre public et de la paix civile. Car, dans son déni et ses mensonges, le négationnisme dans sa version de révisionnisme rampant, cherche chaque fois à escamoter la déshumanisation qui a existé en 1915 : cette innommable déshumanisation qui se répète chaque fois avec la Shoah, avec le Cambodge, avec la Bosnie, avec le Rwanda et aujourd’hui avec le Darfour.

Cher(e)s ami(e)s, il faut une loi de la République, une loi de droit fondamental qui protège l'intégrité et la dignité humaine face aux relents banalisés d’un État qui nie les crimes contre l’Humanité de son histoire –dont le crime imprescriptible de 1915 !

Cher(e)s ami(e)s, il faut faire inscrire au calendrier des débats cette proposition de loi qui préservera l'identité citoyenne de notre pays, c'est-à-dire la France.

Nil Agopoff

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