- "L'Archiprêtre Boghos GHAMBEGUIAN, vicaire général de l'Evêque catholique à Trébizonde, fut convoqué avec beaucoup de courtoisie au konak, à la veille des déportations, pour y régler soi-disant certaines affaires. Arrivé là il fut invité à prendre place dans une voiture escortée par un peloton de soldats, baîonnette au canon. Conduit au village de Djevizli sous prétexte d'assister à une perquisition importante, pour laquelle sa présence serait nécessaire il fut descendu de la voiture et massacré sur place. Né le 6 octobre 1843, élève du Collège Urbain à Rome, ordonné prêtre en 1868, nommé successivement curé à Trébizonde, son pays natal, à Samsoun, Merzifoun, Livourne en Italie, a Adana, après les massacres de 1909 il était rentré à Trébizonde pour y être chargé du Vicariat Episcopal du Diocèse."
- "L'Archiprêtre Joseph NOURIAN, né à Trébizonde le 17 octobre 1845, élève des P.P. Jésuites à Ghazir (au Liban) envoyé plus tard à Orléans pour y achever ses études, ordonné prêtre le 1er janvier 1874. Il était procureur et Aumônier des Soeurs Arméniennes de l'Assomption à Trébizonde. Déporté avec elles, il a subi toutes les soufrances de l'exil; à son dernier tranfert d'Eguin, exténué de fatigue et de privations, il tomba de sa monture sur une pente vers l'Euphrate et mourut sans pouvoir être assité par les soeurs qui, accourues vers lui avaient été éloignées à coups de fouet par les gendarmes. Ceux-ci dépouillèrent tranquillement le cadavre et le laissèrent sur place."
- Meguerditch AMBARIAN, né à Trébizonde le 16 février 1858, ordonné prêtre dans la même ville en 1882 le 16 mai. Il se trouvait dans la caravane des Soeurs tout le long de la déportation, de Trébizonde à Kharpout. Il a été violemment maltraité, battu à coups de bâton à chaque étape , précipité à plusieurs reprises dans les rivières; à Eguin, on lui arracha la barbe poil par poil ; arrivé à Kharpout, tout exténué, il a succombé au cimetière même sur les fosses d'autres massacrés."
- "Jean Baptiste MEGHMOUNI, né à Merzifoun le 17 septembre 1867, élève du collège Urbain à Rome, ordonné prêtre le 19 mai 1894. Son journal ci-dessus reporté nous donne l'histoire exacte de sa fin glorieuse."
- "Joseph KHATCHADOURIAN, mentionné souvent dans le même journal de l'Archiprêtre curé de Meghmouni, est né à Kharpout (Mamouret el Aziz) en 1881 et ordonné en 1905. Il était nouvellement rentré de Rome, après le Congrès de Lourdes. C'est là que Monseigneur Naslian l'ayant rencontré le dissuada d'aller aux Etats-Unis et lui recommanda de se consacrer au Ministère de son Diocèse. Il suivit ces conseils et il le précéda à Samsoun, où il s'était dévoué aux oeuvres de la paroisse quand la déportation le surprit avec le curé paour le faire disparaitre à Tournous. Il était élève du Séminaire de Saint Louis à Constantinople."
- "Joseph Zoghouni, après l'incendie de l'Eglise et du Presbytère, le 22 avril 1915, le jeune curé de Merzifoun avait loué une maison et l'avait adapté au culte. Il avait avec lui, le jour de la déportation, deux autres collègues, l'Abbé Karékine DONIKIAN et l'Abbé Grégoire HADIGUIAN, venus de Havza par suite de l'occupation de Havza par les Turcs."
"Les Merzifouniotes n'ont pas été déportés très loin de leur ville; ils ont été massacrés dans les villages musulmans de la banlieue. Quelques jours après l'exode, les prêtres arméniens catholiques et grégoriens furent emprisonés, ensuite menés à deux heures de distance de la ville, où ils furent abattus à coups de hâches. Les musulmans qui avaient pris part ou assisté simplement à l'horrible carnage répétaient: "Sourp...Sourp... le "Sanctus" que ces prêtres martyrs auraient récités pendant qu'on les exécutait.(Pour quelques détails de l'application des mesures générales à Merzifoun, nous renvoyons le lecteur à l'Annexe VII de l'Appendice-Résumé du Rapport du Docteur Lepsius)."
- page 218:
"Nous verrons dans la lite des religieuses la glorieuse fin des Soeurs de l'Assomption, chassées de Havza après l'occupation de leur couvent. L'Abé Zoghouni Joseph était né à Merzifoun même, le 23 avril 1884. Elève du collège arménien à Rome, il avait été ordonné prêtre à Tokat, pour raison de santé, par l'Archevêque de Sivas, le 28 novembre 1909; rentré à son collège à Rome pour compléter ses études, il avait plus tard accompagné son évêque, sacré à Rome, pour son diocèse en 1912."
"Grégoire HADIGUIAN, né à Trébizonde, le 3 juillet 1883, élève du Séminaire Saint Louis de Constantinople, il fut ordonné le 13 janvier 1897. Nous l'avons vu à Havza, comme directeur des Soeurs et à Samsoun, en compagnie de l'Abé Meghmouni entreprenant des démarches pour sauver le couvent de Havza. Comme il avait protesté contre la perquisition de ce couvent, il fut sérieusement blessé par les agents de policed. Plus tard, il dut se retirer à Merzifoun pour y continuer son oeuvre d'assistance des Soeurs. C'est là qu'il a subi le même sort que celui de ses collègues."
"Karékine DONIGUIAN, né à Merzifoun en 1863, ordonné en Diocèse le 2 février 1887, il avait été pendant 17 ans le curé de Samsoun. Il a été tué avec le curé de sa ville natale où il se trouvait en retraite depuis une dizaine d'année."
"Simon BAYAN, né à Zagorta (Mont-Liban) le 7 septembre 1872, il fut ordonné prêtre en 1894 à Bzommar où il avait fait ses études. Remplacé dans sa charge de directeur de Havza par l'Abbé Grégoire Hadiguian, il s'était rendu à Tokat pour s'y reposer. L'ordre de déportation l'y surprit et il subit le même sort que celui du curé du lieu, accusé d'avoir caché des armes dans l'Eglise. Il fut déchiqueté depuis les ongles des pieds jusqu'à la tête. Il était déjà alité lors de son arrestation et il fut conduit à la prison, enveloppé dans une couverture de laine."
Joseph BAÏTOUNI, nous l'avons vu cité dans le journal de l'Abbé Meghmoni. Au départ des Pères Jésuites, il s'était chargé de la garde de l'Eglise, du presbytère, des établissements scolaires et de leurs meubles respectifs. Plus tard, le gouvernement ne lui laissa que l'Eglise et quelques chambres annexex pour son logement. Mais avant le dimanche des Rameaux (voir journal du 28 mars) il fut mis à la porte de son habitation. A peine a-t-il pu sauver le Saint Ciboire du Tabernacle. A partir de ce jour il disait la messe en cachette et de nuit dans des maisons catholiques."
"L'heure de la déportation sonna aussi pour les Amassia et quoique l'Abbé Baïtouni eût été autorisé par le Moutassarif à rester en ville, il préféra accompagner ses fidèles dans l'exil où il a été massacré à coups de hache à Tchenguelli dans un défilé de montagnes entre Tokat et Amassia. Une famille française avait recueilli ces nouvelles et les avait transmises au R.P. Biard S. J. missionnaire à Amassia, qui me les communiqua à son tour, après l'Armistice.
L'Abbé BAÏTOUNI est né à Merzfoun le 22 août 1876, élève du Collège arménien à Rome, ordonné le 26 février 1899."
"Der CLARGUE, né à Amassia en 1836, ordonné chez les Grégoriens en 1881, il exerçait le min itère sous la direction du Curé."
- page 170:
"A)La ville de Trébizonde
1. Les déportations
Dès les premiers jours du mois de juin 1915 tous les musulmans apprirent que les Arméniens seraient traités comme des criminels. A Trébizonde, le samedi 25 juin, on placarda dans les rues l'affiche concernant la déportation des Arméniens. Le jeudi 1er juillet, toutes les rues étaient gardées par des gendarmes baïonnette au canon et l'expulsion des Arméniens de leurs maisons commença. Je laisse la parole au Consul général d'Italie, M. Gorrini qui a été interviewé à ce sujet par le "Messagero" de Rome."
Je cite donc M. Gorrini Consul général d'Italie à Trébizonde:
"La proclamation officielle de l'internement est arrivé de Constantinople. C'est l'oeuvre du gouvernement central et du Comité "Union et Progrès". Les autorités locales et même la population musulmane, en général, essayèrent de résister, de modérer, de faire des exemptions, de l'étouffer. Mais les ordres du Gouvernement central furent catégoriquement confirmés et tous les Arméniens furent obligés à se résigner et à obéir. Le corps consulaire intervint et essaya de sauver les femmes et les enfants. Nous réussîmes en fait, à obtenir de nombreuses exemptions, mais elles ne furent pas respectées par la suite, en raison de l'intervention de la section locale "du Comité Union et Progrès" et de nouveaux ordres arrivés de Constantinople.
"C'était une véritable extermination et un "massacre des Innocents", des choses inimaginables, une page noire marquée par la violation flagrante des droits les plus sacrés de l'humanité, de la Chrétienté, et des nationalités. Les Arméniens catholiques qui, précédemment, avaient toujours été respectés et exemptés des massacres et des persécutions furent cette fois, aussi maltraités que les autres, toujours sur les ordres du Gouvernement central. Ils n'avaient jamais occasionné de désordres ou donné motif à des mesures collectives de police. Lorsque je partis de Trébizonde il ne restait pas un Catholique. Du 24 juin 1915, date de la publication du cécret infâme, jusqu'au 21 juillet, date de mon départ de Trébizonde, je n'ai pa pu dormir ni maqnger. Je fus en proie à des troubles nerveux et à des nausées, tant était terrible le tourment de devoir assister à l'exécution en masse de ces créatures innocentes et sans défense. le défilé des convois d'Arméniens déportés sous mes fenêtres et devant la porte du Consulat, leurs appels au secours auxquels ni moi, ni personne, ne pouvait répondre, la ville dans un état de siège gardé par 15.000 soldats en complet équipement de guerre, par des milliers d'agents de police, par des bandes volontaires et par des membres de"l'Union et Progrès"; les lamentations, les pleurs, les imprécations, les nombreux suicides, les morts soudaines de peur, des êtres perdant subitement la raison, les incendies, les tueries dans la ville à coups de fusils, les perquisitions féroces dans et hors de la ville; les centaines de cadavres trouvés chaque jour le long de la route d'exil; les jeunes femmes converties de force à l'islamisme et exilées comme les autres; les enfants arrachés à leurs familles ou aux écoles chrétiennes et remis par force aux familles musulmanes ou bien embarqués par centaines sur des barques avec leur chemise pour tout vêtement, puis chavirés et noyés dans la Mer Noire ou dans la rivière "Deïrmen Deré".
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