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Quels héritages comparés pour quelle(s) Europe(s) ? |
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Déjà avant 1915, l'Inconscient collectif turc avait été mis à l'épreuve au XIX° siècle avec les révoltes des peuples chrétiens de l'Empire ottoman : symboliquement les Ottomans ne pouvaient plus puiser dans ce réservoir humain qui ne se laissait plus faire. Les maîtres ne pouvaient plus exercer la grâce qu'ils accordaient à leurs sujets de les turquifier. Pendant trois siècles, les Ottomans l'ont fait concrètement à leur guise et cela faisait parti de leur habitude socio-culturelle. On comprend ainsi la violence de la répression turque à l'égard des révoltes grecques ou bulgares au XIX siècle qui remettaient trop en cause l'identité même turque.(*) Pour mieux apréhender ce qui est arrivé par la suite en 1915, on peut prendre un exemple comparable qui s'est passé en Europe. C'est le mécanisme analogue avec les Chevaliers teutoniques qui avaient germanisé les autochtones slaves et qui en avaient fait des prussiens : des prussiens zélés à germaniser plus que les allemands eux-mêmes. Après la défaite de la première Guerre mondiale, il était insupportable à la mentalité prussienne de côtoyer l'existence d'une population polonaise qu'il n'était plus possible de germaniser. Symboliquement, une telle impossibilité était perçue comme une atteinte existentielle à la mentalité prussienne qui faisait perdurer l'identité prussienne. Cette situation psycho-symbolique sera récupérée politiquement par l'idéologie nazie de "l'espace vitale" : d'où la création du pays de la Warthe et le projet de repousser les slaves au-delà de l'Oural. Un tel scénario fut appliqué en 1915 quand le gouvernement Jeune-Turc de l'époque entreprit d'exécuter un nettoyage ethnique dans les montagnes d'Arménie pour faire jonction avec l'Azerbaïdjan : dans une folle fuite en avant et commencer ainsi un grand empire touranien qui irait de la Méditerranée au Pacifique. Aujourd'hui nous savons à quel point il est exécrable qu'il y ait des politiciens en Europe qui parlent "de détails" pour les chambres à gaz ou des skinheads profanant des tombes chrétiennes, juives ou musulmanes. Qu'en serait-il si ces individus savaient qu'il y a un État derrière eux qui les soutient ou qui les encourage? On ne peut que se rappeller les incidents qui avaient existé en Tchécoslovaquie où des Sudètes se présentaient comme "agressés" alors qu'ils étaient les agresseurs sachant l'appui de l'État allemand. On n'ose imaginer ce qu'il se passera avec l'agression arménophobe de Valence si la Turquie entre dans l'Union européenne. Car, depuis plus de cent ans, l'État turc est diplômé à la tradition de l'impunité du crime. Il y a un non-dit que tout cela ne pourra pas être en faveur de la civilité sociale et de la paix civile en France et en Europe. Nil Agopoff (*) : Le psychanalyste Gilles Lussac évoque la question. |
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