Genèse génocidaire comparée avec le parcours prussien-nazi
"Espace vitale". Expulsion des turcs des Balkans
une réflexion basée sur la levée des enfants chrétiens de l'Empire ottoman et leur turquification qui ont été ordonnés par les Sultans pendant trois siècles : le devchirmé, un rapt d'enfants décrété et organisé en melting pot forcé qui a façonné la mentalité turque.
Voir nos deux articles sur le devchirmé : (*1) - (*2)
expliquer à la base les similitudes importantes dans les mécanismes (soujacents occultés et non-dits) :
- Turquie / expulsion des Grecs en 1955 & légalisation de la "République chypriote turque" > turquification de l'Union européenne investie par une expansion turquisante
- et non pas "l'islamisation de l'U.E." ou encore une adhésion de la Turquie présentée comme une "européanisation de la Turquie"
A cause du devchirmé ottoman, il y a eu :
- une pratique légalisée et codifiée
- pendant trois siècles
- de s'approvisionner systématiquement dans le parc humain non turc chrétien,
- un parc humain qui devait s'y soumettre.
Une pratique historique qui s'est transmise ou sublimée dans l'Inconscient collectif turc que l'on peut décoder ainsi dans :
- les déclarations turques actuelles : "Nous aimons l'Europe", "Soif d'Europe", etc...
- une susceptibilité extrême quand il n'y a pas soumission : déclarations officielles de Ministre des Affaires étrangères Gul, etc.
Ne pas confondre janissaires et devchirmé. : en effet, les janissaires étaient des enfants capturés dans les nouveaux villages chrétiens investis par l'armée otomane au fur et à mesure qu'elle avançait (ou reculait) : Hongrie, Balkans, etc. Ces enfants puis adolescents grandissaient dans le cadre de l'armée.
Mais pour le devchirmé, il s'agit de l'intérieur de l'Empire et en temps de paix. Ce n'est pas le même mécanisme et le but était différent : le premier était du registre militaire, l'autre était surtout du registre ethno-civil.
Le devchirmé a duré trois siècles pour les Balkans et deux siècles pour les Arméniens. D'après Mahé, à la TV, il avait dit qu'un Patriarche arménien de Constantinople avait réussi à le faire accepter par son Sultan.
Il y a une réalité importante des conséquences psycho-sociologiques du devchirmé.
L'approche psycho-sociologique du melting pot (libre) et de ses conséquences est étudiée aux USA et maintenant en Europe avec les mariages mixtes et le métissage francophone des immigrés.
Le métissage forcé du passé pour ne pas dire le broyage ethnique est étudié pour la traite négrière et l'esclavage au Nouveau monde : Amérique du Nord et Amérique latine.
Le nationalisme turc (virulent) est le résultat de plusieurs composantes du passé. Et le devchirmé est une de ces composantes.
Quelle Turquie pour quelle Europe ? C'est une question d'actualité concrète et politico-internationale : aussi une question qui nous renvoie à un questionnement sur l'Europe elle-même.
Nous savons que la Turquie est candidate à la candidature à l'Union européenne et que le Conseil de l'Europe va se décider bientôt s'il doit examiner une telle candidature. Or la Turquie est un Etat non démocratique qui viole les droits de l'Homme. Mais elle a 70 millions d'habitants avec un marché économique important le dit-on : surtout avec ses caractéristiques géo-culturelles, la Turquie serait un point d'appui, un pont vers les richesses naturelles de l'Asie centrale -le Turkestan, la contrée d'origine des turcs.
Dans les déclarations contre la candidature de la Turquie, on fait état que la Turquie est un pays musulman avec une grande population et qu'il y aura un processus d'islamisation de l'Europe. C'est un point de vue, mais c'est surtout profiter de l'occasion à vouloir diaboliser l'islam encore une fois de plus. L'islam a apporté beaucoup à l'Europe aussi bien par l'intermédiaire de l'Andalousie que de la Sicile. Les traductions arabes des philosophes grecs y seront traduites plus tard en latin. L'islam est une grande civilisation et a cultivé les sciences : chirurgie, médecine, astronomie, algèbre, mathématiques et bien d'autres domaines.
Comme pour le judaïsme, en tant que spiritualité et sentiment religieux, on peut dire que l'islam a sa place dans l'Europe d'aujourd'hui tout en sachant qu'il y a islam et islam, comme il y a christianisme et chistianisme. Le christianisme de l'Inquisition n'est pas celui du message des Evangiles. L'islam turc en filiation avec celui de l'Empire ottoman et de ses janissaires n'est pas l'islam de la civilisation arabo-islamique, ni celui de la Perse. De plus il s'agit ici de la candidature d'un Etat et non pas d'une religion : les déclarations à propos de la candidature de la Turquie à l'Union européenne brouillent, escamotent, omettent souvent des données essentielles jusqu'au non-sens.
Ainsi dans les déclarations en faveur de la candidature turque, on ne manque pas d'occulter officiellement le fait que le Parlement européen a conditionné la candidature de la Turquie à l'Union européenne à la reconnaissance du génocide des arméniens en 1915. Comme si de rien n'était, la France et l'Union européenne seraient-elles donc prêtes à marcher symboliquement sur le cadavre d'un peuple génocidé pour décrocher des contrats commerciaux?
Pourrait-on imaginer une telle situation de candidature avec une Allemagne qui n'aurait pas reconnu le génocide des juifs par les nazis et qui mettrait tout son appareil d'Etat au service d'un négationnisme à l'échelle internationale ? Cela ne saurait être acceptable : alors y aurait-il donc deux poids deux mesures ? Comme dans la tradition d'une certaine Europe dite "chrétienne" puis "des Lumières", qui ne manquait pas de pratiquer la Traite négrière : une activité dite "commerciale" qui a fait la richesse des ports de l'Atlantique avec ses banques et ses assurances.
Mais aujourd'hui l'Union n'est pas seulement composée de pays ayant le passé du commerce triangulaire ou du colonialisme. Aujourd'hui il y a aussi les nouveaux pays d'Europe centrale ou de la Méditerranée qui n'ont pas ce passé banalisant l'apât du gain à tout prix -au point qu'il a été légalisé en 1685 par le Code noir de Colbert. Ces nouveaux pays de l'Europe autochtone ont plutôt une sensibilité régionale et une tradition chrétienne encore très vivante : seulement certains de ses politiciens voulant s'allier à la politique occidentaliste de l'Otan, pourraient être favorables à la candidature de la Turquie. D'autant plus que les peuples de ces pays d'Europe centrale ont eu affaire directement pendant des siècles aux armées ottomanes et à la violence de leurs janissaires.
Les janissaires étaient, faut-il le rappeler, les garçons chrétiens qui étaient capturés systématiquement au front pour être islamisés et turquifiés en grandissant dans l'armée ottomane. Ce système de turquification ne s'appliquait pas seulement au front en temps de guerre mais également en temps de paix à l'intérieur des pays occupés par les Ottomans. Peu connu en Occident, le devchirmé ottoman a terrorisé pendant trois siècles les populations chrétiennes des Balkans et de l'Anatolie. Voulant dire "levée" en turc, le devchirmé, cet impôt sur le sang, consistait à lever les enfants des villages chrétiens pour être turquifiés. Les plus belles filles étaient choisies en priorité pour être envoyées dans les harems des villes et les moins belles comme nouvelles épouses dans les villages des Turcs de l'Empire. Les jeunes garçons étaient choisis pas trop jeunes, pour ne pas mourrir en route, et pas trop agés pour qu'ils ne gardent pas leur langue et leur religion.
Selon l'historien français du XIXème siècle, Théophile Lavallée, cinq millions de jeunes slaves, grecs ou arméniens ont été ainsi turquifiés au cours de trois siècles. Les convois de jeunes gens quittant les villages chrétiens encadrés par des soldats janissaires ou non pour être placés auprès des propriétés des notables turcs de l'Empire, faisaient parti du paysage ottoman. C'est ainsi qu'au cours de ces trois siècles, les Turcs originaires du Turkestan, du même groupe ethnique que les Mongols, sont passés à l'aspect physique qu'on leur connait aujourd'hui.
Le devchirmé qui amputait les villages chrétiens d'une partie de leurs enfants, les a terrorisés pendant des générations et fait partie de la mémoire collective des peuples chrétiens sous le joug ottoman. C'était un véritable broyage ethnique qui approvisionnait la population turque. Le devchirmé était organisé en institution au niveau du pouvoir central et supervisée par le sultan lui-même, souvent né d'une mère islamisée non turque. A part les avantages concrets que le devchirmé pouvait apporter à la classe ottomane, un tel processus permettait aux turcs de s'enraciner symboliquement dans la terre des Balkans et de l'Anatolie, une terre dont les nombreux monuments de l'architecture chrétienne leur rappeler qu'ils n'y étaient pas des autochtones.
Même si certaines phases de ce melting-pot forcé (arracher les enfants à leur familles ou faire appel au chef du village pour les choisir ou institutionalisation du processus) ressemblent fortement à celles de la traite négrière contemporaine du devchirmé, ce dernier est moralement très supérieur à la traite négrière. Il n'y avait pas d'esclavage, pas d'exploitation dans les champs de cannes à sucre ou dans les raffinneries. Les enfants chrétiens capturés lors du devchirmé dont les plus doués étaient envoyés à des écoles coraniques, devenaient des adultes turcs et alimentaient ainsi la population turque qui se renouvelait. Un des exemples les plus connus du devchirmé et dont la réussite est éminente, est le grand architecte ottoman d'origine arménienne du XVIème siècle, Sinan. Aujourd'hui le devchirmé est présentée par l'historiographie turque officielle comme un système de promotion sociale. C'est une façon de présenter les choses, comme si on disait que la traite négrière était organisée comme un moyen d'évangélisation des Africains afin de les mieux préparer à des contrats de travail.
Tout au long de trois siècles, la population turque s'est renouvelée -cependant tout en incorporant le traumatisme des centaines de milliers jeunes garçons et d'adolescentes arrachés à leur famille d'origine. Pendant des générations et des générations, il y a eu ce traumatisme plus ou moins repoussé, plus ou moins supplanté, plus ou moins résorbé, consciemment ou inconsciemment, qui s'est ajouté aux caractéristiques nationales des tribus seldjoukides ou ottomanes venant d'Asie centrale. Ce processus a incorporé pendant des générations dans l'Inconscient collectif de la nation turque un mécanisme de dépendance à vouloir s'alimenter dans l'humanité euro-chrétienne. A part les raisons économiques et commerciales, on peut comprendre l'insistance de la Turquie à vouloir intégrer absolument l'Union européenne. On peut dire que l'espace européen deviendrait ainsi dans l'Inconscient collectif turc son nouveau parc humain où se ravitailler : tout comme, l'Etat américain après avoir confisqué la terre aux indiens indigènes, prend le monde comme une nouvelle frontière afin de s'y pourvoir en matières premières et d'y investir de nouveaux marchés.
Certains politiciens veulent mettre en garde le fait que l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne pourrait servir de cheval de Troie à l'intégrisme islamiste. Mais l'intégrisme islamiste n'est que la neige qui recouvre la partie visible de l'iceberg d'un mécanisme déstructurant profond : un mécanisme souterrain qui remonte à la suppression du Caliphat par Mustapha Kémal en 1924. En effet, le Caliphat était une institution religieuse prestigieuse et continue dès le début de l'islam tout comme l'institution papale l'a été pour le christianisme : peut-on imaginer à quel point serait l'intégrisme centrifuge et en nébuleuse dans le monde catholique si la fonction papale avait été supprimée il y a 80 ans ?
La suppression de cette symbolique forte qu'est le Caliphat, est présentée avec insistance comme une modernisation de la Turquie et un moyen d'instauration de la laïcité en Turquie. C'est une parade. Vouloir présenter la Turquie comme pays laïc à l'occidentale tient de la confusion de genres ou de l'imposture : confusion de genres par myopie politico-culturelle, imposture par islamophobie psycho-politicienne. La Turquie n'est pas un pays laïc, mais un pays laïciste qui embrigade la religion au service de son idéologie kémaliste. Cette suppression du Caliphat a été faite surtout pour que cette éminente institution religieuse à une personne ne puisse pas condamner un jour le génocide des arméniens comme crimes contre l'Humanité et contre le message divin : comme l'a fait le pape Jean-Paul II. De plus, un caliphe en place n'aurait pas manqué aussi de condamner avec toute son autorité religieuse et historique, les centaines de milliers de Kurdes massacrés par la Turquie kémaliste.
De même, présenter l'instauration de l'alphabet latin en Turquie comme un acte moderne en direction de l'Europe, est aussi une parade. Il s'agissait surtout de créer une cloison culturelle entre la génération ottomane témoin -ou acteur- des massacres et les générations suivantes : ne plus pouvoir lire l'information sur les massacres planifiés et organisés. Aujourd'hui la falsification historique en Turquie est instituée par tout l'appareil de l'Etat au point d'une énormité politico-culturelle comme il y a pu en avoir sous Hitler ou Staline. La très grande majorité de sa population turque n'est pas au courant du crime prémédité de 1915, de ses caravannes de la mort ou des massacres organisés. Tout comme la grande majorité des gens en Occident n'est pas au courant du réseau négationniste de l'Etat turc au niveau mondial : la diabolisation de l'islam orchestré par les islamophobes profitant de l'actualité du terrorisme islamiste, crée à son tour un écran masquant toute cette organisation négationniste de l'Etat turc nationaliste.
Penser que la Turquie pourrait être un intercesseur auprès de l'islam ou un Etat-harki à l'encontre du terrorisme islamiste, ne réglera certainement pas les racines de l'islamisme et de ses dérives terroristes. Accepter la candidature de l'Etat turc à l'Union européenne en pensant que cet Etat sera plus efficace et plus motivé à combattre le terrorisme islamiste ou celui du PKK, concernera les différents politiciens et stratèges de l'Union européenne et des Etats-Unis d'Amérique.
Aujourd'hui, il faudrait déjà plus être concerné par les communautés turques existantes en Europe sachant comment l'Etat turc a conditionné sa population au négationnisme officiel. Le négationnisme d'Etat de ces quarante dernières années, a pu bénéficier de l'expérience antérieure importante de falsification historique à l'époque kémaliste. Kémal Atatürk lui-même et son ministre de l'Education nationale avaient décrété que les Hittites étaient les ancêtres des Turcs, que les Turcs étaient porteurs de techniques civilisatrices face aux peuples autochtones misérables (Chinois, Egyptiens, etc), que "la langue-soleil" étaient à l'origine de toutes les langues du monde, etc., etc. On peut comprendre que ces surenchères nationalistes, ces fuites en avant dans des symboliques grisantes et autres fantasmes délirants, étaient nécessaires à la nouvelle Turquie pour surmonter son inconscient collectif qui avait basculé dans la folie avec le génocide de 1915.
Déjà avant 1915, l'Inconscient collectif turc avait été mis à l'épreuve au XIX° siècle avec les révoltes des peuples chrétiens de l'Empire ottoman : symboliquement les Ottomans ne pouvaient plus puiser dans ce réservoir humain qui ne se laissait plus faire. Les maîtres ne pouvaient plus exercer la grâce qu'ils accordaient à leurs sujets de les turquifier. Pendant trois siècles, les Ottomans l'ont fait concrètement à leur guise et cela faisait parti de leur habitude socio-culturelle. On comprend ainsi la violence de la répression turque à l'égard des révoltes grecques ou bulgares au XIX siècle qui remettaient trop en cause l'identité même turque.
Pour mieux apréhender ce qui est arrivé par la suite en 1915, on peut prendre un exemple comparable qui s'est passé en Europe. C'est le mécanisme analogue avec les Chevaliers teutoniques qui avaient germanisé les autochtones slaves et qui en avaient fait des prussiens : des prussiens zélés à germaniser plus que les allemands eux-mêmes. Après la défaite de la première Guerre mondiale, il était insupportable à la mentalité prussienne de côtoyer l'existence d'une population polonaise qu'il n'était plus possible de germaniser. Symboliquement, une telle impossibilité était perçue comme une atteinte existentielle à la mentalité prussienne qui faisait perdurer l'identité prussienne. Cette situation psycho-symbolique sera récupérée politiquement par l'idéologie nazie de "l'espace vitale" : d'où la création du pays de la Warthe et le projet de repousser les slaves au-delà de l'Oural. Un tel scénario fut appliqué en 1915 quand le gouvernement Jeune-Turc de l'époque entreprit d'exécuter un nettoyage ethnique dans les montagnes d'Arménie pour faire jonction avec l'Azerbaïdjan : dans une folle fuite en avant et commencer ainsi un grand empire touranien qui irait de la Méditerranée au Pacifique.
Aujourd'hui nous savons à quel point il est exécrable qu'il y ait des politiciens en Europe qui parlent "de détails" pour les chambres à gaz ou des skinheads profanant des tombes chrétiennes, juives ou musulmanes. Qu'en serait-il si ces individus savaient qu'il y a un Etat derrière eux qui les soutient ou qui les encourage? Depuis plus de cent ans, l'Etat turc est diplômé à la tradition de l'impunité du crime. Il y a un non-dit que tout cela ne pourra pas être en faveur de la civilité sociale et de la paix civile en France et en Europe.
On n'ose imaginer le cauchemar, la catastrophe irrémédiable si un tel Etat faisait partie de l'Union européenne. Qu'en sera-t-il alors dans le cas où la candidature de la Turquie à l'Union européenne serait examinée? Depuis les massacres du Sultan Hamid II, on sait que la machine étatique turque a une expérience plus que séculaire en corruptions internationales, en pressions diplomatiques, en mensonges procédant entre énormité et obséquiosité. Cette machine étatique à budget important au service du négationnisme fonctionne déjà, hélàs, à plein.
Sans aller aux mafiosis ou aux Loups gris de Turquie qui visent déjà le marché européen, qu'en sera-t-il alors des immigrés turcs en Europe? Ces immigrés sont déjà une situation délicate, ont des problèmes d'emploi, d'intégration que tous les immigrés vivent avec diverses difficultés très concrètes. En outre, ces personnes turques ont été à l'école kémaliste et ont été conditionnées au négationnisme -sachant en plus que l'Inconscient collectif turc des hommes a été forgé à l'esprit de clan des janissaires. Ce n'est pas aussi évident pour les familles turques (dont l'inconscient hérite du devchirmé historique) de faire face à tout cela dans notre envirronnement européen dont certains Etats ont reconnu le génocide arménien.
Il est légitime et adéquat de savoir si les diverses administrations d'immigration des pays d'accueil sont-elles conscientes de ce problème important? Les autorités socio-administratives, sont-elles qualifiées pour comprendre les conséquences psycho-sociologiques négatives du déni du génocide arménien dans le comportement turc? Les associations d'accueil et d'accompagnement des immigrants turcs à notre connaissance n'informent pas les nouveaux immigrants de la réalité du génocide de 1915.
Ainsi par exemple, l'Association Ellele qui fait un bon travail d'accompagnement auprès des familles turques, n'en semble pas en faire cas. Lors du colloque organisé par Ellele sur Islam et laïcité en Turquie et en Europe, les 30-31 Janvier 2004 au Sénat à Paris, les ravages dans l'Inconscient collectif turc causés par le déni du génocide arménien furent occultées. Devant tant de carrences, il est à craindre que des agressivités turques ne manqueront pas de se manifester en France et en Europe. Déjà au lendemain même de l'inauguration le 24 Avril 2003 par le Maire de Paris et par le Ministre des Anciens Combattants, du monument dédié à la mémoire des arméniens morts pour la France et des victimes du génocide de 1915, une association kémaliste de Belgique investit avec des drapeaux turcs ce monument : un monument représentant le Père Komidas, éminent musicien arménien, devenu fou à la suite du génocide de 1915 et soigné à Paris.
Dans les discours officiels des autorités européennes, il y a régulièrement omission du génocide arménien : comme avec une codification occulte et répétitive. Le crime contre l'Humanité de 1915, son négationnisme actuel, sa non-reconnaissance, l'occultation banalisée de ces derniers et le mutisme sur tout cela, forment le socle de base de cette Turquie anti-démocratique qui viole les droits de l'Homme et qui agit à sa guise. Face à sa candidature en contradiction fondamentale avec une Union européenne démocratique, on va jusqu'à biaiser le problème de fond : Jacques Chirac en réponse à une question d'un journaliste d'une radio juive, a tout simplement évacué la problématique génocidaire en la renvoyant à une affaire régionale bilatérale entre l'Arménie et la Turquie.
Ce n'est pas la première fois que les Arméniens sont refaits par une France généreuse en engagements officiels non respectés à propos du génocide. Une des plus grandes ruines, qui a coûté aux Arméniens des exactions supplémentaires de la part des Turcs fut le revirement français de 1921 en Cilicie. L'armée française qui était au Nord de la Syrie l'avait occupée en 1918. Les autorités françaises d'alors avaient invité et encouragé les survivants arméniens des massacres de 1915 à venir s'y établir. Les réfugiés arméniens s'y établirent et retrouvèrent leur foyer : jusqu'au jour, suite à des accords entre les nouvelles forces kémalistes, les troupes françaises décidèrent de se retirer secrètement du pays. Cet épisode peu élogieux pour la France, qui peut préfiguere le laçage des harkis en Algérie en 1962, fut entreprise la nuit, en enveloppant de tissus les sabots des chevaux pour ne pas qu'on entende les convois militaires partir en catimini...
Il y a tout un destin de l'Arménie, de ses survivants de 1915, de ses rescapés abandonnés en Cilicie aux mains des troupes turques, un destin de lutte des réfugiés pour la survie, pour l'émigration en France ou dans d'autres pays, sans parler des difficultés d'intégration dans leur pays d'accueil. Mais au delà d'un tel destin, il faut savoir que des agissements polititiques à la Ponce Pilate, cherchant chaque fois à escamoter les véritables problèmes du registre de l'Humanité, ne peuvent sincèrement pas contribuer à une bonne image de l'équité : une équité qui est sensée exister à travers la France et l'Union européenne en devenir.
Il y a cependant une véritable équité -non creuse celle-là- qui doit exister aujourd'hui dans la nouvelle Union européenne... C'est celle qui est tant désirée de la part des citoyens : des citoyens, en particulier ceux qui sont d'origine non européenne et ceux des nouveaux pays entrant dans l'Union européenne. Et on peut se demander -à juste titre- juqu'à quand, un tel système eurocentriste des deux poids deux mesures, pourra leur être encore appliqué...