• Arménie, ma douleur
    Une avocate turque, Fethiye Çetin, raconte le génocide tel que sa grand-mère l'a vécu. Un récit bouleversant

    Depuis la parution du récit de Fethiye Çetin, en 2003, ils sont des milliers, en Turquie, à s'interroger sur le visage caché de leurs aïeules, à prendre soudain conscience du silence vertigineux dans lequel elles se sont ensevelies. A 70 ans passés, la grand-mère de l'auteur lui a raconté son enfance dans un village arménien, puis, quand elle avait 9 ans, l'irruption du malheur, les gendarmes emmenant tous les mâles de plus de 16 ans, attachés deux par deux, pour les égorger dans une vallée voisine, le départ du convoi misérable des femmes et des enfants vers les montagnes arides, sa propre grand-mère contrainte de noyer deux petits enfants épuisés par la marche, avant de se jeter elle-même dans le Tigre - sous un pont que Fethiye avait si souvent emprunté en ignorant tout de ce cauchemar. Les enfants « donnés » en route aux badauds, ou plus souvent enlevés par des cavaliers guettant le passage des convois pour y prélever femmes à violer, jolies filles à marier ou bébés à adopter... Impossible de chiffrer le nombre de ces survivants, des femmes pour la plupart, converties de force à l'islam, prostituées ou mariées selon le bon vouloir de leur « sauveur », contraintes d'oublier leur langue, leur religion et jusqu'à leur prénom, afin de mêler leur sang au sang de leur nouveau maître - parfois celui-là même qui avait fait périr leurs parents.

    Par chance, le grand-père de Fethiye Çetin n'était qu'un enfant au moment de ces sanglantes orgies, et il fut toute sa vie un mari respectueux, voire admiratif. C'est peut-être ce qui a permis à Fethiye d'accepter la terrible révélation sans fuir dans le déni, de surmonter la honte intime de se découvrir descendante d'Arméniens - longtemps une insulte en turc -, ceux qu'on appelle « les restes de l'épée », de partager la douleur sans se laisser submerger par la haine. Mais elle a dû à son tour traverser l'épreuve du silence, trente ans avant de pourvoir rendre publique son récit intime.

    « Le Livre de ma grand-mère », par Fethiye Çetin, traduit du turc par Alexis Krikorian et Laurence Djolakian, Editions de l'Aube, 144 p., 14,60 euros.
    Nouvel Observateur - 06/07/2006
  • C'est une petite fille turque qui récite une harengue avec force. Est-ce un hommage habituel à Mustafa Kémal ou est-ce un déni structuré du génocide arménien ? Le titre "Holy Mountains by System Of A Down" est-il volontairement faussé ou est-ce une coquille informatique de "Your Tube" ?

    En tout cas, cela semble très-très nationaliste. Même avec ce minimum, les députés pourront réfléchir un peu plus sur la candidature de la Turquie à l'Union européenne.

    Je me rends compte de plus en plus que le génocide de 1915 soulève (inconsciemment ou non) une (très grande) question identitaire chez les Turcs, des tréfonds de leur Inconscient collectif :

    http://www.crda-france.org/fr/ainconscient/1inconscient_turc/analyse_negationnisme.htm

    http://www.crda-france.org/fr/6histoire/a_d/16_devchirme.htm

    Voici le clip :
    http://www.youtube.com/watch?v=M-0gHd3wh74&search=armenian%20genocide
  • Je vous remercie de m'avoir éclairé. Effectivement cela semble sincère, mais quand même il y a omission (conscient ou inconscient) d'un crime contre l'humanité prémedité, programmé à l'échelle d'un empire et non reconnu, c'est-à-dire un génocide qui est un crime imprescriptible.

    Le jour où il sera reconnu, la vie deviendra toute naturelle, elle continuera sans cadavres non enterrés et sans fantomes errant jusqu'à la reconnaissnce.

    Ce qui m'a faussé au départ, reconnaissons que ce sont le commentaires ajoutés :

    http://www.youtube.com/watch?v=M-0gHd3wh74&search=armenian%20genocide

    "Armenian Genocide is a LIE! one clip and couple of pictures dont make a nation GENOCIDER?! If you still have common sense, check other videos agains Armenians! Listen to other side.Turkish government invited Armania to compare historical documents for 1915-1925. Armania did not even reply. Turks have historical documents that proof this genocide is made by Armanians to their neighbours (Turks, Kurds etc) in their sleep! They cut breasts of pregnant women, killed kids and olds, raped young girls and lots lots brutality!!

    You Armenians! Stop lying, bring documents or the lies you told is more then enough!

    First clean Azeri blood from your hands. You massacared so many Azarbaijanian brothers of us. You tried to genocide them. How come, a nation who knows how much painfull being genocided, does the same thing to another nation! You don't know that feeling, because you're always on the genocider side. Killing others, betraying your neighbours. This is in your blood, DNA and nature. ..."

    Ces commentaires négationnistes, mensongers et hargneux ont bien gaché ce clip. C'est dommage, parce que la petite récite avec passion, elle a dû travailler avec ses parents pendant des heures et cela demande considération. Il serait bon de retrouver la vidéo originale qui doit exister sur le site de la chaine de TV.

    Nil Agopoff (CRDA)
    http://www.netarmenie.com/pointsdevue/structure/article13.php


  • faites un effort d'imaginer que cette petite soit une petite allemande d'une Allemagne actuelle

    . qui n'aurait pas reconnu les crimes nazis (qui seraient restés impunis) ;

    . qui aurait consacré un budget d'Etat pour faire réécrire l'Histoire ;

    . qui aurait annexé les Sudètes comme une région historiquement allemande ;

    . qui aurait conditionné sa population à un mensonge d'Etat pendant des décennies ;

    . qui aurait cherché par un chantage économique à imposer son négationnisme ;

    eh bien cette petite allemande qui aurait récité avec autant de passion et de force l'hymne national de cette Allemagne post-nazie, comment se comporterait-elle en tant qu'adulte quand on ferait état des crimes nazis ? c'est-à-dire de 1915 ? Avec en plus une loi Gayssot qui n'aurait pas existé...

    Ne croyait-vous que c'est un peu trop. Trop, c'est trop. Too much is too much. You understand ?

    Vous comprenez ? Je pense que les députés eux, le comprendront. Qu'en pensez-vous ? Faut-il en faire une page pour proposition de lettre-type ? On verra...
  • L’impensable est pourtant bien visible. Mais, Elif Shafak ne veut rien voir. Comme si l’évidence pouvait détruire quelque chose de fondamental dans son identité turque. Si elle pouvait nous dire quoi, nous serions peut-être à même de comprendre son effroi. Mais, comme tous les autres, elle se tait. L’évidence est pourtant bien là qui désigne les coupables, peut être ses ancêtres directs, grands-parents ente autres, comme criminels, comme monstruosités. N’est pas cette crainte qui tétaniserait tout un peuple ?

    Et c’est bien, chers disparus, que, depuis qu’ils vous ont anéantis, le pays soit devenu plus stérile et que ses habitants se sont « asséchés », tant sur le plan culturel, artistique et philosophique que sur celui de la conscience. C’est bien la preuve que vous étiez, chers disparus, les sels mêmes de ce pays aujourd'hui maudit pour des siècles.

    Elif Shafak ne croit pas à la vérité historique. C’est elle-même qui le dit. C’est l’une des raisons pour lesquelles elle n’utilise pas le terme de génocide. Le négationnisme est donc bien ancré dans sa pensée de turque. Mais, avec le temps, quelques failles ont ouvert les brèches au doute, et même à une névrose collective qui s’installe à la manière d’une épidémie qu’on ne saurait contenir encore bien longtemps. Et tous les Hackers turco - azéris n’y pourront rien, quoi qu’ils fassent de virtuel.

    L’impensable génocide, qui présuppose la mise en place d’un plan d’extermination, ne peut se concevoir à nouveau sans que soit brisée l’image de soi et l’image due nous collectif, c'est-à-dire la représentation de soi et de tout un peuple qui hurle au mensonge.

    Pourtant, l’impensable refoulé est bien visible, facilement imaginable par la seule raison, la seule déduction, l’honnêteté intellectuelle la plus élémentaire. Comment expliquer en effet que les déportés soient, par le seul hasard, toujours acheminés vers des lieux inhospitaliers, abiotiques ? Comment expliquer que des régions entières soient vidées par des chemins concentrant de plus en plus de réfugiés sur les mêmes routes sans qu’ordre ne soit donné ? Où, dans tout cela, sont les preuves des négationnistes avançant des soucis humanitaires ? Je n’en vois aucune. Serais-je à mon tour frappé de cécité ?

    Cet oubli n’est pas seulement la volonté tout autant que la faute du Kémalisme. C’est aussi celui le souhait de tout un peuple honteux et surpris de la défaite de l’oubli forcé, entretenu, acquis, finalement confortable. Le Kémalisme est en partie fondé sur le négationnisme, à commencer par celui de la turquicité. C’est en quelque sorte un ethnocide appliqué à soi-même. Avec le changement d’alphabet, la culture n’a pas été transmise de génération en génération comme elle aurait dû l’être. Or, en histoire, on ne remet pas les compteurs à zéro selon le bon vouloir du prince. Il existe en effet des choses qui se transmettent hors des livres. Qui se transmettent dans des attitudes, par l’oral comme par l’ineffable. Ce que n’avait pas prévu le Kémalisme aveuglé par les apparences à mettre en place, pour faire croire que …

    L’identité turque est bien une identité blessée d’abord par elle-même ensuite par les autres. Les mécanismes de défense mis en place par l’état n’y pourront plus grand-chose. Si la vérité n’est pas encore en marche, le doute occupe désormais la place avec les malaises qui l’accompagne. La blessure cachée s’infecte du dedans comme du dehors. La turquicité liée au kémalisme se meurt lentement. L’agonie sera sans aucun doute longue et douloureuse. Beaucoup y laisseront leur déraison. Quelques-uns en sortiront guéris.
  • JP Forum du NAM

  • "Je ne crois pas aux vérités historiques intangibles. C’est l’une des raisons pour lesquelles je n’utilise pas le terme de génocide. En effet, il s’agit là d’un concept très absolu. Il suppose un massacre organisé. Je ne suis pas sûre que ce soit ce qui s’est passé à l’époque ottomane." Elif Shafak