Le Génocide de 1915 : un crime contre l'humanité
...et aussi contre l'islam ?
« …C’est un crime que désapprouve l’humanité, l’islam et tous les musulmans ; mais ceux qui ignorent la vérité ne manqueront pas d’en jeter la responsabilité sur le fanatisme religieux. »
« … Certes l’islam doit se disculper des fautes dont on pourrait l’incriminer, car si l’Europe n’est pas mise au courant de ces évènements, elle les considérera comme une tâche ineffaçable dans l’histoire de l’islam.
Or, il ressort des versets et des citations que nous avons reproduits que les agissements du gouvernement turc sont contraires aux dogmes de la religion. Et un gouvernement qui se dit le protecteur de l’islam et qui détient le khalifat ne peut agir contrairement aux préceptes de la Châri’ah, et en le faisant, il cesse d’être un gouvernement musulman et n’a plus aucun droit à ses prérogatives. Les musulmans doivent donc renier un pareil gouvernement qui foule aux pieds les versets du Coran et les hadiths du Prophète en tuant des innocents ; sinon ils seraient considérés comme ayant trempé dans ce crime qui n’a pas de précédent dans l’histoire.
En terminant, je m’adresse aux Puissances de l’Europe et j’atteste ce qui a encouragé le gouvernement turc dans ses méfaits ce sont ces mêmes Puissances qui, connaissant la mauvaise administration turque et les cruautés qu’elle a commises en maintes occasions, n’ont rien fait pour l’empêcher de continuer de mal oeuvrer. »
Faiez El-Ghocein était un chef bédouin syrien et capitaine dans l’armée ottomane pendant la 1ère Guerre mondiale. Sachant que le Cheikh ul-islam ottoman de l'époque était franc-maçon (1) et que la plupart des autres dirigeants jeunes-turcs étaient des athées dénoncés comme mécréants par les croyants musulmans, le texte de ce notable arabe renvoie à une réflexion historico-politico-religieuse. D'où cette interrogation dans le titre de la présentation : aussi un crime contre l'islam?
Faiez El-Ghoceïn fut avocat de profession. La 1ère édition de son témoignage fut publiée en français au Caire en 1917. Les autres versions furent :
. en anglais à New York en 1918
. en allemand à Zurich en 1918
. en arabe : à Beyrouth en 1988 . (Photos de 3 publications)
L'avocat arabe rendit visite au Bureau arménien de Londres en 1920 à l'occasion de la signature du Traité de Sèvres.
Nil Agopoff
(1) Musa Kiazim membre du parti Union et Progrès, sera initié à la franc-maçonnerie à la loge "Constitution" de Salonique dont le vénérable était Djavid bey un autre Jeune-Turc.[Arthur Beylérian, Les Grandes Puissances, l'Empire ottoman et les Arméniens dans les Archives françaises (1914-1918), Publications de la Sorbonne, Paris 1983, introduction p. XVI]