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  • Site GALLICA : Un appel pour l'Arménie / Journal des Débats 17 décembre 1922

  • "Il convient donc, Mesdames et Messieurs, qu'une assemblée de Français rende à ce peuple, dans sa grande et noble infortune, un solennel hommage. Nous accomplissons ici un devoir sacré. Nous rendons à l'Arménie les honneurs dus, moins encore à ses illustres infortunes, qu'à la constance avec laquelle elle les a supportées. Nous la louons de cet invincible amour qui l'attache à la civilisation des peuples représentés dans cette salle à notre civilisation. Car l'Arménie est unie à nous par les liens de famille et, comme l'a dit un patriote arménien, elle prolonge en Orient le génie latin."
    "L'Arménie, son histoire, sa littérature, son rôle en Orient". Préface d'Anatole France. Paris - Mercure de France - 1897
    [Anatole France, dans "Trente ans de vie sociale" cité par Edmond Khayadjian dans "Archag Tchobanian et le Mouvement Arménophile en France" – Ed. Sigest]
  • - Anatole France, un esprit ouvert et discernant qui fait parler un de ses personnages demandant à Mme Nozière, dans "la Vie en fleur" (1922, Chapitre XIX) :
    : "-Quel était le jour le plus funeste de l’histoire ?
    Mme Nozière ne le savait pas.
    - C’est, lui dit-il, le jour de la bataille de Poitiers, quand, en 732, la science, l’art et la civilisation arabes reculèrent devant la barbarie franque."
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Discours prononcé le 18 mars 1903 à la Salle l'Eden du Temple par Anatole France
- réunion en faveur de l'Arménie et de la Macédoine -
organisée par la Société Républicaine de Propagande

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Citoyens,

sur l'ordre du Sultan Rouge, trois cent mille Arméniens sont tombés. Des sommets du Taurus au plateaux de l'Ararat, un peuple d'orphelins vit sous le couteau. En Macédoine, à quelques heures de Buda-Pesth et de Vienne, les soldats et les fonctionnaires turcs massacrent des paysans dont ils ont violé les filles et les femmes. Ces crimes commis à la honte de l'Europe, l'Europe doit les réprimer.

L’humanité lui en fait un devoir, le traité de Berlin lui en donne le droit positif.

La France a envoyé ses cuirassés pour réclamer à la Porte, par la bouche des canons, le remboursement de Lorando et de Tubini. Nos cuirassés sont-ils uniquement au service de Tubini et de Lorando ?
Le sultan, en livrant l'Arménie et la Macédoine aux égorgeurs, ne s'est-il donc exposé à aucune réclamation des puissances ? L'Allemagne, l’Angleterre, la France, ses tutrices, lui diront-elle : « tu peux tuer, pourvu que tu payes ! »

Il y a deux  politiques si l’on en croit d'habiles gens. Celle de la prudence, et la nôtre. Nous répondons que devant le crime il y a qu'une politique : celle de l'humanité.

On prétend que nous manquons de réserves et de précautions. Non, en prévoyant les massacres qui dans quelques jours ensanglanterons la Macédoine et en criant à quiconque peut nous entendre que le sabre Turc est toujours levé sur l'Arménie, nous ne manquons ni de prudence ni de sagesse. La prudence n'est pas de taire et de nier les massacres. La prudence n'est pas d'autoriser le crime par un lâche silence. La lâcheté n'est jamais sage.

Quelle est donc cette sagesse de se taire quand le sang des victimes crie ? Seule notre politique est sage parce qu'elle est ouverte et franche, et qu'en dehors des voies droites, il n’y a que surprises et dangers.
Seule, notre politique et pacifique parce qu'elle se fonde sur le sentiment populaire dans les nations civilisées, et que partout le peuple a la guerre en exécration.

    Citoyens,

Nous intéressants au sort des Arméniens et les Macédoniens, non parce qu'ils sont chrétiens, mais parce qu'ils sont des hommes, nous réclamons comme garantie de leur salut et  pour l'affermissement de la paix universelle, l'exécution pleine et entière du traité de Berlin en ce qui concerne l'Arménie et la Macédoine.
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à compléter