- ...à Padoue en Italie, un collège fondé en 1833, fut rattaché à l'établissement que les Mekhitaristes possédaient dans cette ville. Jusquen 1843, le gouvernement autrichien respecta la liberté relative dont jouissaient les religieux arméniens de Padoue, mais à dater de cette année, probablement à l'instigation de John Moorat, fils de Samuel, il suscita des difficultés aux Mekhitaristes. C'est alors qu'ils songèrent à transporter en France le collège qu'ils avaient créé. En 1844, Théodore Sarkis et Jean Sorguggi vinrent à Paris chercher un local et faire les démarches nécessaires pour obtenir les autorisations dont ils avaient besoin. Le 30 novembre 1844, ils s'adressaient au Ministre de l'Instruction publique qui, le 19 mai 1845, leur donnait licence d'ouvrir à Paris un collège indépendant de l'Université, et qui relèverait de lui seul. Une ordonnance de Louis-Philippe, en date du 11 juin 1846 confirmait les privilèges que le Ministre avait conférés aux Mekhitaristes.
Au mois d'octobre 1846, s'ouvrait, rue Monsieur, dans l'ancien hôtel du marquis de Nicolaï, le collège Samuel Moorat. Dès les premières années, de nombreuses familles arméniennes envoyèrent leurs enfants s'instruire à Paris. Les Melcoum, de Téhéran, Arlim bey, d'Alexandrie, Badian, Allaverdi, Hassoun, Serpos, Capamagian, Portugalian. Gasparian, Mamourian sont des noms que l'on relève fréquemment sur les listes des élèves du collège Samuel Moorat. Des élèves français se joignirent aux Arméniens; l'un des plus notoires parmi eux fut sans contredit Dulaurier. Frappé de la décadence de l'enseignement de l'arménien en France, le savant abandonna ses études de langue et de littérature malaise et javanaise, puis se mit à l'étude de la langue arménienne sous la direction des maîtres du collège Samuel Moorat.
Sous la direction des P. P. Sarkis, Gabriel Aïvazovski et Ambroise Calfa, le collège prit de l'extension; les jeunes Arméniens y trouvaient un foyer et une forte instruction. Aux jours solennels de distribution des prix, ils chantaient en choeur :
Vive Moorat, soutien de notre nation,
Suivant tous nos progrès avec affection
Mandataire fervent du haut rang qu'il honore,
Vive, vive à jamais le Père Théodore.
- Lorsque le Collège national de la rue Violet ferma ses portes, celui de la rue Monsieur subsista seul sous la direction du P. Alishan qui en était devenu supérieur. Il prospéra et aux cérémonies de fin d'année la colonie arménienne de Paris venait ouïr le discours d'usage que tantôt prononçait le P. Alishan ou une autre personnalité. De ces allocutions, certaines sont encore consultées par les historiens : en 1859, le P. Alishan étudia le "Haygh" ; en 1860, il traça un tableau succinct de l'histoire et de la littérature de l'Arménie ; Reynaud , en 1862, présida la distribution des prix le 12 août et il rappela que. lors de l'Exposition de 1855, l'Imprimerie de Saint-Lazare, dirigée par les Mekhitaristes, avait obtenu la grande médaille d'or.
Les événements de 1870 amenèrent le départ du personnel enseignant du collège Samuel Moorat qui ferma ses portes et fut transféré en Italie. Durant les vingt-quatre années de son existence parisienne, cette institution avait groupé la majeure partie de la jeunesse studieuse arménienne qui. de Turquie, de Perse, d'Egypte, des Indes ou de Russie, venait s'instruire à Paris.
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