Lettres à M. Philippe Douste-Blazy, Ministre des Affaires étrangères
  • Monsieur le Ministre,

    Je vous écris afin de vous faire part de ma colère suite aux propos que vous avez émis lors de votre intervention à la tribune de l'Assemblée Nationale au cours de la discussion de la proposition de loi déposée par le parti socialiste visant à sanctionner pénalement la négation du génocide arménien en France.

    Vous avez affirmé que les intérêts économiques de la France en Turquie constituaient un élément essentiel et que l'adoption de cette loi par l'Assemblée Nationale représenterait une menace au niveau des relations franco-turques.
    Par conséquent, vous avez choisi de rompre avec les valeurs humanistes, qui ont accompagné l'évolution de la société française, au profit du maintien de relations commerciales avec un Etat négationniste.

    Monsieur le Ministre, ce n'est pas un acte anodin.

    Par ailleurs, je tiens à rappeler que l'année suivant l'adoption de la loi relative à la reconnaissance officielle du génocide arménien par le parlement français, le volume d'échanges commerciaux entre la France et la Turquie a connu une forte croissance.
    Les menaces proférées préalablement par les autorités turques envers la France ne furent pas appliquées car les conséquences auraient été beaucoup plus importantes pour la Turquie.
    La situation actuelle est sensiblement identique.
    Par conséquent, votre décision me laisse perplexe.

    Vous avez affirmé également que la fonction du parlement n'est pas d'écrire l'histoire et que les seuls historiens sont habilités à délibérer sur ce sujet.
    J'en conclus que vous souhaitez une révision des lois mémorielles adoptées au parlement, y compris la loi relative à la reconnaissance officielle de la Shoah dans laquelle la responsabilité et l'implication de l'Etat français furent avérées.
    Un génocide a un caractère universel par conséquent il appartient à la communauté internationale d'oeuvrer en faveur de sa reconnaissance et de prendre les dispositions nécessaires afin de lutter efficacement contre le négationnisme.

    Enfin, vous avez affirmé que les Arméniens de Turquie étaient défavorables à l'adoption d'une loi condamnant la négation du génocide arménien.
    Monsieur le Ministre, la situation des minorités grecque, arménienne et assyro-chaldéenne en Turquie est préoccupante. En effet, leurs libertés d'expression et de culte sont bafouées quotidiennement.
    Ces minorités sont contraintes de se conformer à la politique négationniste de l'Etat turc. Dans le cas contraire, elles s'exposeraient à des représailles des composantes les plus dures de la société turque.
    Par conséquent, la plus grande vigilance s'impose quant aux déclarations effectuées au sein de ces minorités.

    Monsieur le Ministre,

    les Français d'origine arménienne désapprouvent fortement votre position concernant cette proposition de loi. Je ne peux vous cacher que celà a suscité une vive émotion.

    Une loi condamnant pénalement la négation du génocide arménien en France est nécessaire car elle constitue une réalité quotidienne.
    Des monuments dédiés aux victimes du génocide arménien sont régulièrement saccagés, des manifestations niant le génocide arménien se multiplient dans notre pays et des thèses négationnistes sont développées librement et quotidiennement sur internet.

    Je conçois que les pressions, dont vous êtes l'objet, sont nombreuses mais je sais que vous êtes une personne dont l'esprit de justice vous anime, c'est pourquoi je vous prie de redéfinir votre décision et de vous associer à la proposition de loi déposée par le parti socialiste visant à sanctionner pénalement la négation du génocide arménien en France.
    Lorsqu'il s'agit d'honorer la mémoire des victimes d'un génocide et de garantir la protection de leurs descendants, les clivages politiques traditionnels ne peuvent être maintenus.

    Dans l'attente, je vous prie d'agréer, Monsieur le Ministre, l'expression de ma considération distinguée.

    Benjamin Kasparian (Marseille
    le 20 mai 06)
  • Préparation de l'Information citoyenne concernant la prise de position idéologique du Philippe Douste-Blazy, Ministre des Affaires étrangères :
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à compléter