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Chers amis, La jeunesse arménienne tient à rendre hommage aujourd'hui à tous ces hommes politiques qui ont soutenu et soutiennent encore la cause arménienne. C'est grâce à leur détermination que nous avons franchi le 29 janvier 2001 une étape déterminante pour notre combat. La France a reconnu la réalité du génocide des arméniens par la force d'une loi de la République, une loi symbolique et déclarative, sans volet pénale, et c'est bien cela qui nous réuni ici aujourd'hui. Rappelez-vous, à Lyon, en mars 2006, en dépit de cette loi, les loups gris, cette organisation nationaliste d’extrême-droite turque, organisait une manifestation en plein cœur de la ville, afin d’empêcher l'inauguration d’un monument à la mémoire des victimes du génocide des arméniens. Les manifestants avaient alors brandi des pancartes proclamant " Non au mémorial d'un prétendu génocide", " Il n'y a jamais eu de génocide arménien", ou encore «nous sommes fiers de notre passé». Ils marquaient ainsi le caractère ouvertement négationniste de leur mouvement et leur mépris flagrant de la loi française et des résolutions européennes. Pire encore, cette manifestation avait dégénéré en affrontement digne de guérilla urbaine lorsque des étudiants qui manifestaient pour toute autre chose, choqués par ces slogans négationnistes, ont commencé à scander «nous sommes tous Arméniens!». Il aura fallu l’intervention des forces de l'ordre pour disperser les manifestants. Au même moment à Berlin, le comité Talaat Pacha, du nom du bourreau du peuple arménien, organisait une marche en l’honneur de ce «Hitler Turc». En octobre 2006, quelques jours à peine après l'adoption par l’Assemblée nationale de la loi sur la pénalisation du génocide des arméniens, les loups gris ont manifesté, à Paris même, sur les marches de l'Opéra Bastille en tenant des propos négationnistes. Comment est-ce possible? En octobre 2007, à Bruxelles, un groupuscule nationaliste turc s'est attaqués à l'ambassade américaine, a brûlé le drapeau américain, a tabassé un journaliste turc indépendant et pour finir a saccagé un café tenu par un arménien uniquement parce qu’il appartenait à un arménien. Il faut savoir qu'il existe des réseaux dormants d'ultra-nationnaliste turcs en France, en Belgique, en Allemagne, partout en Europe. Ces réseaux n'attendent qu'un signal pour se réveiller. La jeunesse arménienne pose la question suivante aux Sénateurs: quand le négationnisme d’État turc s’invite en France et en Europe par le biais de ses consulats et ambassades comme au travers d’associations diverses, doit-on attendre que celui-ci dérive vers des agressions physiques pour prendre les mesures légales qui s’imposent? Mesdames et Messieurs les Sénateurs, vous devez savoir que la jeunesse entend bien mener le combat jusqu’au bout. Elle était présente en 2000 pour participer à un piquet de 150 jours d'affilé, ici même. Entre Octobre et Décembre 2008, c'est aussi la jeunesse qui a organisée une série de sitting, et elle se tiendra toujours prête à réinvestir la rue car la cause, sa cause, est juste et universelle. Universelle...On ne peut pas ne pas rendre hommage, à ces défenseurs des droits de l'homme et de la liberté, à ces intellectuels et artistes turcs démocrates, qui ont commémoré publiquement le 24 avril à Istanbul. Nous saluons leur courage et leur intégrité morale. le Sénat français serait bien inspiré de prendre exemple. Mais le 24 avril à Istanbul, le mot génocide n'a pas été employé et pour cause, l'article 301 du code pénal turc menace quiconque ose contredire l'histoire officielle de l'Etat turc. Faut-il rappeler Hrant Dink qui a payé de sa vie. Son délit était d’être un Arménien et d’avoir rappelé leurs crimes aux criminels. L'Etat profond pense qu’il a le droit de commettre tous les crimes. Il pense qu’il a le droit de détruire les identités, d’assimiler, de commettre un génocide. En faisant peur au gens, il interdit d’objecter, il tente de faire taire ceux qui protestent. Et même ceux qui restent silencieux sont confrontés à sa violence destructrice. Le fils de Hrant Dink, Arat Dink, déclarait le 19 janvier dernier: “Il y a cent ans nous étions 20 %, aujourd’hui nous sommes à peine 1%... Il y a cent ans, nous étions des proies, aujourd’hui nous sommes des appâts”. J'aimerais également cité les propos d'une femme remarquable, Eren Keskin, vice-présidente de l’Association Turque des Droits de l’Homme, je la cite: «Ceux qui ne disent pas explicitement “génocide”, ceux qui sont toujours ambivalents, ceux qui restent silencieux, qui ont peur, je voudrais vous rappeler les mots du Dr. Nazim lors d’une réunion secrète du Comité Union et Progrès au début de l’année 1915: “... Les Arméniens sont comme une blessure mortelle. On a d’abord cru que cette blessure était sans danger. Mais si elle n’est pas traitée à temps par un médecin, elle tuera. Nous devons agir immédiatement. Si nous agissons comme en 1909, cela fera plus de mal que de bien. Cela éveillera les autres groupes que nous avons décidé d’éliminer, les Arabes et les Kurdes, et le danger sera triplé...” “...Si ce nettoyage n’est pas général, il blessera plus qu’il ne guérira. Nous devons effacer la nation arménienne de nos terres. Pas un seul individu ne doit survivre et le nom Arménien doit être oublié ... Cette fois, l’opération sera un nettoyage total” Je cite toujours Eren Keskin: «Oui, ce dont parle le Dr. Nazim a été commis. Mais est-ce que la mentalité a changé? Malheureusement la réponse à cette question est un énorme NON.» fin de citation. NON ! La mentalité de l’Etat turc n’a pas changé. Grâce à la société civile turque, on commence à entendre des voix qui vont à l’encontre de cette mentalité. Le 22 avril dernier, à Hamburg, le Professeur Halil Berktay de l’Université de Sabanci et éditorialiste à Taraf disait : «En tant qu’historien je le reconnais comme un Génocide» et il ajoutait: «la crème de la crème des historiens turcs le reconnais aussi comme un Génocide». Mais la mentalité de l’Etat turc n’a pas changé! Sa stratégie est toujours braquée sur un négationnisme de plus en plus actif. C'est pour faire barrage à ce négationnisme d'Etat, unique par son ampleur et par sa violence, que le Sénat français doit apporter une RÉPONSE PÉNALE ADÉQUATE. Merci. |
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