- Le Livre étant présenté comme un acteur de modernité dans l'Empire ottoman et la Turquie contemporaine lors de ce Colloque du mardi 2 Février, ne permettez pas une omission supplémentaire du Génocide de 1915 en posant ces quelques questions suivantes.
- - Comment la presse francophone d'Istanbul dans la seconde moitié du XIXe siècle a-t-elle rapporté les massacres des Arméniens de 1894-96 ? Fut-elle influencée par la presse française de l'époque ?
- Que sont devenues les imprimeries et les bibliothèques arméniennes de l'Empire ottoman après le Génocide de 1915 ?
- Sont-elles signalées dans les publications turques actuelles ? si oui, svp quelles bibliographies ?
- Y a-t-il des plaques commémoratives prévues aux emplacements de ces imprimeries et bibliothèques arméniennes -en particulier à l'occasion de "Istanbul 2010, capitale européenne de la Culture"?
- Où en sont les études sur les anciennes publications
en langue turque avec des caractères arméniens ?
- Quelles sont les recherches faites
sur Diran Kélékian (1862-1915) , né à Kayseri, journaliste au journal Sabah, auteur d'un dictionnaire Turc Français publié en 1911 et arrêté le 24 avril 1915 à Constantinople ?
- L'abandon de l'écriture osmanlie avec l'adoption de l'alphabet latin (1928) : au delà de la réforme linguistique présentée comme une modernisation de l'Etat turc, a-t-on pu évaluer l'entrave aux témoignages sur le génocide de 1915 ?
- Durant les années kémalistes, il y eu une série de falsifications historiques exultantes : les Turcs, descendants des Hittites, la langue-Soleil, les Congrès du Ministere de l'Éducation, etc, etc. qui furent diffusées dans le nouvel État-nation.
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Aujourd'hui a-t-on mesuré les impacts psycho-sociologiques de ces falsifications sur les générations turques ?
. Ces contrefaçons historico-culturelles n'ont-elles pas été aussi des fuites en avant dans l'irrationnel pour une pseudo-thérapeuthie nationaliste en non-dit ? En effet, l'Inconscient collectif turc n'a-t-il pas dû faire face aux souvenirs des Turcs acteurs ou témoins du Génocide de 1915 ?
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Au delà du nettoyage ethnique et de la nouvelle donne de table rase, n'y a-t-il pas eu destructuration de l'Inconscient collectif turc suite à ces déportations organisées, les déshumanisations méthodisées ou les exterminations finales dans le désert arabe ?
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Enfin face à l'impunité des anciens criminels jeunes-turcs s'étant enrichis et ayant eu des fonctions officielles dans le nouveau régime kémaliste, ne fallait-il pas une nouvelle mythologie nationaliste en Turquie qui puisse succéder à la mythologie pantouraniste précédente ? [voir les travaux de la psychanlyste Hélène Piralian-Simonyan]
- Le Dr. Refik Saydam 1881 - 1942, ancien membre de l'Organisation spéciale sous le Gouvernement jeune-turc, a été Ministre de l'Éducation nationale à plusieurs reprises de 1931-38 et était un anti-sémite notoire.
Quel a été son impact sur la politique culturelle de la Turquie en matières d'impressions de livres ?
- Même question pour :
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le Prof.Dr.Tevfik Salim Sağlam 1882-1963, médecin criminel à Erzeroum en 1915, recteur de l'Université d'Istanbul de 1943 à 1946 ?
. Falih Rıfkı [Atay] 1894-1971, jeune turc notoire, rédacteur en chef des journaux Hakimiyeti Milliye, Milliyet et Ulus
- Le conférencier s'est-il informé aussi de la Turcologie et études turquisantes en Arménie et en particulier à l'Institut des Etudes orientales d'Arménie ? Ne serait-il pas temps d'entendre un autre son de cloche et de prendre en considération les sources et les témoignages des populations autochtones de l'Arménie occidentale ou des communautés arméniennes de l'Anatolie qui ont été éradiquées ?
- Pour terminer, peut-on croire qu'il serait possible d'avoir un tel colloque à la BnF sur "Le Livre dans l'Empire allemand et l'Allemagne contemporaine, acteur de modernité" avec une Allemagne actuelle nationaliste qui n'aurait pas reconnu les crimes nazis, qui aurait une politique de négationnisme d'État, en mobilisant ses Ministères, des budgets, des fonctionnaires et son réseau diplomatique ?
- Recherches historiographiques : Nil Agopoff
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