Déni comparé : occultations, omissions intentionnées, escamottages,
distorsions, révisionnismes, négationnismes, racismes

  • La participation de Voltaire à La Compagnie française des Indes Orientales qui pratiquait la traite négrière :
    - C Foque, MJ Thiel, Les routes de l'esclavage, Hermé, Paris, 2004, p.33
    - O Pétré-Grenouilleau, L'argent de la traite, Paris, Aubier, 1996
  • Cette information bibliographique contribue au travail de Mémoires comparées Arméniens / Noirs.

    En effet, dans l'émission de LCI Ferry/Julliard, Luc Ferry ne manque pas de répéter quand la candidature de la Turquie à l'UE est débattue, qu'il faut regarder si cette candidature va dans le sens des intérêts de la France. Et il dit que c'est le cas et il a ajouté une fois qu'il se sentait plus chez lui à Istanbul qu'à Berlin. Mais se serait-il bien senti à Berlin si l'Allemagne n'avait pas reconnu les crimes nazis ? Par eurocentrisme, il fait du deux poids deux mesures en occultant le crime génocidaire de 1915 qui n'a pas été reconnu par l'Etat turc.

    Luc Ferry, a la technique de faire du déni soft, de construire des non-existences de crime contre l'Humanité : c'est faire du négationnisme rampant en le banalisant. Ainsi
    à l'émission du 16 décembre 2005 , il disait que les Encyclopédistes avaient des actions dans la Traite négrière, il le disait comme si de rien n'était -dans un ton normal de conversation en montrant que c'était un fait de l'époque. On parfume ainsi un même phénomène pour ces deux époques différentes  : le profit à tout prix, même au prix d'occulter ces deux crimes contre l'Humanité -en vidant le sens des mots.
  • Suite à l'occultation du crime contre l'Humanité du profit à tout prix, la Mémoire arménienne n'est-elle pas en résonnance transversale avec celle de l'esclavage ? En effet, n'y a-t-il pas rencontre croisée des occultations de crimes organisés à deux époques différentes ?
    - Occultation du crime à l'époque de l'esclavage pour le profit des esclavagistes mais aussi des banquiers, des assureurs et des armateurs de la Traite négrière
    - et aujourd'hui occultation par la Commission européenne de Bruxelles du négationnisme de l'Etat turc candidat à l'UE, un Etat violant les droits de l'Homme et affrontant la reconnaissance du génocide arménien de 1915.

    Car le négationnisme est un crime : c'est vouloir exterminer une deuxième fois. Un génocide chasse en effet la Mort, ce chaînon naturel de la chaîne de transmission humaine qui relie une génération à l’autre. Un génocide remplace la Mort naturelle par le meurtre -un meurtre prémédité et planifié- et les ravages perdurent tant qu'il y a déni. Pour ce qui est de la Traite négrière et de l’esclavage, crimes contre l’Humanité organisés et programmés par les négriers, les armateurs, les assureurs et banquiers de l'époque, il s’agissait de remplacer le chaînon de la Mort par un processus déshumanisant de marchandisation ou de production -une idéologie de chosification codifiée par le Code Noir qui fut supervisé par Colbert.

    Dans ce cas, faire du négationnisme aujourd'hui, c'est faire du négationnisme "soft", "light", non frontal, sous forme de révisionnisme. C’est chercher à décriminaliser la Traite négrière et l'esclavage, à ne s'en tenir qu'à l'aspect économique de choses, à les minimiser au point de les considérer comme "un détail" de l'histoire, à les banaliser comme si de rien n'était, à vider finalement le sens de ces faits historiques dans une conversation de bon ton. Au delà d'un tel flou artistique élaboré essayant de diluer le crime passé, c'est aussi chercher encore à dénigrer en non-dit l'humanité des descendants d'esclaves et de leurs a
    ï
    eux -en faisant agir un racisme rampant non déclaré et instrumentalisé.

    De semblables manipulations historiques, sémantiques et médiatico-politiques, nous les retrouvons aujourd'hui -mais en inverse- avec les tentatives d'évacuation de la reconnaissance du Génocide arménien. Dans ce cas, surtout apr
    ès l'assassinat du journaliste arménien de Turquie, Hrant Dink, la nouvelle tendance est de mettre l'accent sur un aspect psycho-affectif. En effet, en s'attristant, en s'émouvant, en s'apitoyant sur la "tragédie" de 1915, on estompe l'organisation des déportations et des exterminations par l'Etat ottoman. Cela est d'autant plus accentué par le fait qu'une reconnaissance officielle du Génocide arménien met en évidence chaque fois une nouvelle responsabilité : la part de responsabilité des Etats signataires du Traité de Lausanne en 1923 dans le bétonnage du négationnisme de l'Etat turc actuel.

  • Nil Agopoff

à compléter