" La milice excède rarement dix ou douze mille hommes ; elle suffit pour tenir dans la crainte et la soumission une population de cinq millions d'âmes, qui déteste son joug en cédant à la nécessité d'obéir à de tels monstres "... PANANTI. (P. 244-245).
" Un seul Turc fait trembler tout un douer et donne des coups de bâton à ces misérables, qui ne sont plus des hommes en la présence d'un Turc. On ne peut exercer une tyrannie plus affreuse et plus cruelle que celle des Turcs envers les Arabes de ce pays "... PEYSONNEL. (P. 291).
" Ces 3.000 Turcs, au milieu de tant de peuples qui sont intérieurement leurs ennemis, suffisent pour maintenir o tout dans l'ordre et l'obéissance, mais ce n'est que par une extrême vigilance, qu'ils peuvent y parvenir, et ils ne doivent jamais l'oublier "... VENTURE DE PARADIS. (P. 3).
" Il est à propos que je vous rapporte, monsieur, de quelle manière les Turcs se comportent avec les Maures pour le logement, et comment ceux-ci pratiquent l'hospitalité. Dès qu'un spahi arrive à un douar, il choisit le meilleure tente. En abordant, le maître le salue et lui dit qu'il est le bien arrivé ; le Turc ré-pend par des paroles injurieuses, le traite de cocu, de maq... et autres ordures, lui ordonne de vider la moitié de la tente et de porter à manger à ses chevaux. Après être descendu, il lui ordonne d'aller tuer un mouton. Le Maure le refuse ; le Turc lui dit des inj ures, et bien souvent lui donne des coups de bâton. Le Maure apporte le mouton et, s'il ne convient pas au Turc, il lui dit qu'il n'est pas assez beau, le renvoie et s'en fait apporter un autre. Pendant ce temps, la femme prépare le rafis, qui est une espèce de gâteau cuit dans une terrine de grès, ensuite coupé en morceaux et mêlés avec le miel et la mentèque, et quelquefois entremêlés de dattes. Le soir, il demande de l'orge pour les chevaux, et veut une double mesure. Dans ces quartiers, comme les sauterelles avaient tout dévoré, ces pauvres misérables étaient hors d'état d'en fournir et le refusaient ; mais, à grands coups de bâton et à force de mauvaises paroles, il les forçait d'en apporter. Le soir, on fait cuire le mouton avec les couscoussou, et ce qui reste le spahi le prend. Si l'hôtesse est jolie, souvent le Turc s'en accommode, et le matin tout est payé par un grand beselemen ou bon voyage, que le Maure souhaite au Turc sans autre paiement que le plaisir de ne l'avoir plus dans sa tente. "... PEYSONNEL. (P. 365 et 366).
" Les peuples qui habitent la Barbarie, dit un écrivain judicieux, gémissent sous un joug qu'ils sont impatients de rompre. Esclaves de quinze ou vingt mille Turcs ramassés dans les boues de l'Empire Otto-man, ils sont de mille manières différentes les victimes de cette audacieuse soldatesque "... SHAW. (P.212).
" Tous les Turcs qui arrivent à Alger et se font incorporer dans la milice sont ordinairement des gens sans aveu, sans ressources et de moeurs dépravées, qui viennent du Levant, d'où ils ont été obligés de s'enfuir pour se soustraire au châtiment dû à leurs crimes. Ils n'ont besoin, pour être admis dans ce corps, que de prouver qu'ils sont Turcs. On y reçoit aussi les chrétiens renégats, et les Cologlis, nom donné aux individus nés de Turcs et de femmes arabes ou maures. Mais les Maures et les Arabes en sont absolument exclus, parce qu'ils sont toujours suspects aux usurpateurs de leur patrie, qui les tiennent dans une sujétion qui ne diffère guère de l'esclavage.
Tous ceux qui composent cette milice jouissent de grands privilèges, et regardent avec le dernier mépris ceux qui n'en font pas partie. Ce sont les hauts et puissants seigneurs du pays. On leur donne le titre d'effendi ou seigneur, tandis que l'on ne qualifie les autres individus que de sidy ou monsieur. C'est parmi eux que l'on choisit les deys, les beys et autres principaux officiers de l'Etat. Ils sont exempts de toute espèce d'impôts et des droits de capitation. Ils ne peuvent p oint être punis en public, et le sont rarement à huis clos. Ils se soutiennent tous à tort ou à raison contre les Arabes et les Maures ; et le dernier d'entre eux fait trembler par un regard les plus puissants d'entre ces derniers, qui leur doivent partout la préséance, sous peine d'être maltraités à l'instant même "... SHAW. (P. 182-183).
" Les Turcs prennent des concubines parmi les femmes du pays ; mais leurs descendants sont mis au rang des Maures, et incapables d'entrer dans l'armée "... LAUGIER DE TASSY. (P. 128).
" Les garçons nés de Turcs et de femmes arabes ou maures ne sont point considérés comme Turcs. Il est vrai qu'ils sont reçus dans la milice comme soldats ; mais il ne parvienent point aux différentes charges de l'Etat, et ne jouissent point, en un mot, des privilèges accordés aux soldats turcs. Le Gouvernement a eu recours à ces restrictions pour éviter que les soldats ne s'alliassent en trop grand nombre avec les femmes du pays, et ne se rendissent ainsi un jour redoutables à l'Etat, par l'augmentation de leurs familles. Les Maures et les Arabes sont également exclus du corps de la milice, par les mêmes motifs. Nous croyons devoir remarquer à ce sujet qu'il n'y a point ou peu de femmes turques a Alger. Elles ont en horreur ce pays, qu'elles regardent comme le réceptacle de tout ce qu'il y a de plus vil et de plus méprisable dans les Etats ottomans. Les véritables Turcs se contentent d'y avoir des concubines du pays ou des esclaves chrétiennes "... SHAW. (P. 185-186).
" Des chefs sans principes, des tribunaux sans lumières, des prêtres sans moeurs, des marchands sans foi, des ouvriers sans émulation. Ce qu'il (cet état) produit ? L'abrutissement entier de Maures, des Arabes, des Juifs, tous plongés dans la misère et dans l'opprobre, tous esclaves aussi rampants, aussi tremblants que s'ils avaient encore quelque chose à perdre. Pouvoir lire et écrire, c'est la plus grande ambition à laquelle aient jamais aspiré les habitants des villes, toujours opprimés, toujours avilis, toujours malheureux. Les peuples errants dans les déserts n'ont pas même assez de tranquilité ou de repos pour donner à leurs enfants cette première éducation. Les Turcs, d'un caractère naturellement inquiets, ne songent qu'à dominer et à s'enrichir. Tout ce qui est étranger à ces deux passions leur paraît digne du plus grand mépris "... RAYNAL. (Tome 1. P. 81)