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Le dessinateur de BD Farid Boudjellal, et son album "Mémé d'Arménie" , nous rappelle l'histoire de sa grand-mère arménienne, survivante du Génocide de 1915
Le Musée-mémorial du Génocide de 1915 à Deir erZor (Syrie)
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Préface d'Yves Ternon
- Quatre-vingt-dix ans après le génocide, des rescapés, leurs enfants et petits-enfants aujourd'hui bédouins témoignent auprès d'un photographe et cherchent à savoir d'où ils viennent. Ce livre est le premier ouvrage photographique consacré aux Arméniens du désert syrien ainsi qu'aux lieux du génocide. Quatre-vingt-dix ans après, des rescapés, leurs enfants et petits-enfants aujourd'hui bédouins dans le désert syrien témoignent et cherchent à savoir d'où ils viennent. Aujourd'hui encore des ossements, à même le sol, au milieu des cultures, témoignent de la réalité de ce génocide.
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- Photographe, Bardig Kouyoumdjian est retourné dans le désert syrien, là où ont échoué des centaines de milliers d'Arméniens ottomans qui avaient eu la chance de ne pas mourir de faim ou de maladie au cours de leur déportation, ou qui n'avaient pas encore été massacrés. Ce désert fut le bout de la route, le seuil du monde des morts, comme celui des survivants. Bardig a retrouvé les lieux de déportation comme Alep, Meskéné, Rakka ou Deir-es-Zor. Il a retrouvé aussi les lieux des massacres comme Chaddadé, Markadé, Ras-el-Aïn ou Souar. Ces terres portent, quatre-vingt-dix ans plus tard, les restes des morts et la descendance des survivants. Dans ce désert, Bardig a rencontré les enfants et petits-enfants des orphelins rescapés du génocide, recueillis par les bédouins, de gré mais aussi de force.
- Perdus dans l'immensité de l'Histoire, ils sont porteurs d'une mémoire enfouie dans leur inconscient: les souffrances de leur famille, la marque de la barbarie défi lant sous leurs yeux, la poussière de cet enfer de feu et de sable s'échappant des touffes d'herbes et des amas de roche, la cuisante douleur du soleil sur les corps, l'humiliation et le viol des êtres chers. C'est le contenu de ce bagage que Bardig Kouyoumdjian a essayé d'enfermer dans son boîtier. Talaat n'avait pas prévu que tout ceci se transmettrait de génération en génération, se transporterait dans les chairs des vivants de demain et que, comme Bardig Kouyoumdjian, ceux-là n'auraient d'autre choix, dans le monde qui serait le leur, dans une langue étrangère, sur un sol inconnu, que de réclamer la vérité à ses successeurs pour se construire en tant qu'individu. Aujourd'hui est faite au pouvoir turc une demande qui ne s'éteindra que lorsque la vérité sera contenue dans la bouche de tous, victimes comme bourreaux.
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