- Ardavazt (Monseigneur) SURMEYAN, l'auteur. ( 1889 - 1951 ) - Texte dans le site bibliographique de l'ACAM
Naissance le 16 mai 1889 à Akn (Turquie), décès le 27 septembre 1951 à Paris (France).
Mgr Ardavazt Surmeyan, baptisé Tigrane, naquit à Agn en 1889 que ses parents fuirent pour gagner Constantinople après les massacres de 1896. Là, il fut élève à l'école Aramian de KadiKôy puis au Collège Guétronagan où, encore étudiant, il apporta son concours au quotidien Arévelk (Orient) et aux hebdomadaires Pountch (Bouquet) et Dzaghig Mangan (Fleur d'Enfant). Ses études à peine achevées, il publia un hebdomadaire littéraire qui ne parut que deux printemps, jusqu'au moment où il fut invité, en 1909, comme professeur permanent au Collège Garabedian. Un an plus tard, on lui proposa le poste de directeur de l'école nationale d'Esguichéhir qu'il dirigea durant trois ans avant de passer à Konya. Avec une grande sagesse, il créa rapidement un internat propre au Collège, tout en continuant sa collaboration au journal Achkhadank (Travail) de Smyrne, ainsi qu'à Jamanag (le Temps) et Nor Lour (Nouvelle information) de Constantinople, ses articles étant signés de son pseudonyme "Sossi".
Il débuta sa carrière littéraire sous le régime ottoman par la publication de deux périodiques : Sassoun et La lyre de la Patrie, puis en écrivant une série de nouvelles intitulée Ertoghlou. Tout au long de la période du grand génocide d'avril 1915, des lettres poignantes en provenance des régions soumises à la terreur ottomane arrivaient, de plus en plus nombreuses, au Patriarcat arménien de Constantinople, réclamant des prêtres pour porter assistance aux personnes désemparées. Tigrane Surmeyan, plein de bonne volonté, se présenta alors au Patriarcat National Arménien afin de devenir prêtre célibataire, conscient qu'il serait un jour sacrifié, lui aussi, sur le sentier rocailleux et plein d'épines de l'apostolat. Il fut ordonné vartabed (prêtre régulier) sous le nom d'Ardavazt, en 1918, dans l'église arménienne de Kadi-Kôy par Mgr Kenèl Kalemkiarian.
Ses 40 jours de méditation achevés, il partit pour Konya en qualité de prélat des 300 000 arméniens de la région. Le mouvement Jeune-Turc kémaliste de 1920 l'ayant jugé indésirable l'exila et le fit enfermer à Erzeroum. Le jeune Ardavazt y trouva un compagnon d'infortune en la personne d'un métropolite grec avec lequel il se lia d'amitié et auquel il apporta du réconfort. Ce dernier admirait son courage spirituel, l'ayant vu poursuivre, même en prison, ses obligations cultuelles tant personnelles qu' à l'égard des 6.000 prisonniers arméniens amenés de Kars ou des 4.000 soldats-ouvriers enrôlés de force. Il n'était pas resté un seul Arménien à Erzeroum, ceux-ci ayant été tous chassés vers les fins fonds de l'Anatolie. Il fallait alors vraiment beaucoup de courage pour assurer une mission religieuse dans une Arménie mise à feu et à sang. Les angles obscurs, humides et misérables de sa prison étaient souvent illuminés par les cantiques qu'il chantait et dans lesquels il puisait la force de sa foi.
Ayant bénéficié d'une grâce, il revint à Constantinople en 1922, où pendant deux ans, il fut professeur, prédicateur et rédacteur du mensuel officiel du Patriarcat Hay Khosnag (Le messager arménien).
Fin 1924, il fut élu prélat du diocèse de Péria (Alep) où il resta jusqu'en 1940. Les Arméniens d'Alep doivent beaucoup à "Metran el Ermeni" comme avaient coutume de l'appeler les arabes et les chrétiens locaux. Les ministères lui ouvraient respectueusement leurs portes. Grâce à lui, les Arméniens étaient honorablement reconnus partout. On construisit rapidement des églises, des écoles et tout le diocèse fut réorganisé.
En récompense de ses éminents et dévoués services ainsi que pour son oeuvre écrite, il fut sacré évêque en 1929, dans l'église des Saints Quarante enfants martyrs, à l'époque siège du Catholicossat de Cilicie, par le regretté Catholicos Sahag II Khabayan qui, en 1933, l'éleva à la dignité d'archevêque. Seize années durant, il dirigera le diocèse d'Alep avec un extrême dévouement et une compétence exceptionnelle et il publiera, six années de suite Datev, un almanach littéraire, historique et philologique.
Elu Prélat des Arméniens de France et de Belgique en 1940, il ne put rejoindre son poste en raison de la Seconde Guerre mondiale et s'installa à Beyrouth pour se consacrer à des travaux littéraires en attendant l'issue du conflit. En 1942, il fut nommé Délégué Catholicossal du diocèse du Liban.
En 1945 il se rendit à Etchmiadzine comme envoyé du Diocèse du Liban pour participer à l'élection du Catholicos de Tous les Arméniens, S.S. Kevork VI qui le nomma Délégué Apostolique pour l'Europe, titre contre lequel certains s'élevèrent car non limité dans le temps. Il rejoignit sa nouvelle affectation en 1946, à Paris, où il décéda le 27 septembre 1951 à l'âge de 62 ans des suites d'une affection diabétique et rénale, après cinq années d'activités malheureusement remplies d'adversités.
Ses obsèques furent célébrées le 14 octobre par Mgr Khat Atchabayan et ses restes inhumés le lendemain dans le caveau des Prélats arméniens du cimetière du Père-Lachaise.
Si l'Eglise Apostolique Arménienne venait de perdre un grand dignitaire, un fidèle enfant de sa patrie, un pasteur attentif rempli d'abnégation, les lettres arméniennes, elles, portaient le deuil d'un intellectuel éclairé et d'un grand érudit.
Mgr Ardavazt Surmeyan était un grand journaliste, un écrivain et un chercheur infatigable très versé dans le domaine des manuscrits et des inscriptions historiques. A côté de ses articles et périodiques, il a écrit un nombre important d'études littéraires dont la plupart a été éditée ainsi qu'une trentaine de livres dont le dernier, en français : La vie et la culture arménienne d'Alep au XVIIe siècle.
Parmi ses livres, il faut citer :
-"Le Dictionnaire encyclopédique des Saintes Écritures"
-"Description du manuscrit du Livre d'Heures du roi Ochine" publié à Antélias en 1933
-"Histoire des cimetières nationaux d'Alep et des inscriptions des tombes arméniennes" publié à Alep en 1935
-"Le Grand catalogue des manuscrits arméniens d'Alep et d'Antélias", volumes 1 et 2 édités à Alep 1935-1936
-"L'agriculture ancienne chez les Hébreux, Jérusalem" édité à Alep en 1937
-"Un grand éducateur, l'Abbé de Lagurie", traduit d'Henri Bordeaux, édité à Alep en 1937
-"L'éducation familiale à l'intérieur de nos maisons", Alep 1937
-'"La forteresse de Bagdad", Alep 1937
-"Étude sur Damas", Alep 1938
-"Hovhannès Golod Pachitsétsi et Papkèn Catholicos coadjuteur de Cilicie", Antélias 1938
-"Étude sur Palmyre" , Alep 1939
-"L'Histoire des arméniens d'Alep", tome 1 édité à Alep en 1940, tome 2 à Beyrouth en 1946 et le troisième qui s'arrête à 1908, édité à Paris en 1956.
-"Le Trésor spirituel", Beyrouth 1942
-"Vers l'Arménie, pensées et souvenirs" Beyrouth 1946
-"Techvari ezkayoutiounner" Paris 1947
-"Le premier volume du catalogue principal des manuscrits du monastère des Saints Jacques de Jérusalem", en 1948.
-"Mes Maîtres des Lycées Aramian et Guétronagan" Marseille 1950
-"Le catalogue principal des manuscrits arméniens dans les collections spécialisées", Paris, 1950.
Kégham Torossian, dans le fascicule publié par l’Ephorie de la Cathédrale apostolique arménienne Saint-Jean-Baptiste à Paris, pour le 55e anniversaire du décès de Mgr Ardavazt Surmeyan
Principales sources :
Les journaux arméniens de l'époque dont "Haratch" et "Sion" (Périodique du Patriarcat arménien de Jérusalem).
Livre numéro 582 La Vie et la culture arméniennes à Alep au XVIIe siècle
Titre : La Vie et la culture arméniennes à Alep au XVIIe siècle / auteur(s) : Ardavazt (Monseigneur) SURMEYAN - conférence faite à Alep dans les salles de l'Union française (adresse ? Paris) par Mgr Ardavazd Surmeyan, Archevêque d'Alep, le 19 avril 1934
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