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__On
ne devait discuter aucun programme législatif... Ceci était
décidé et consenti d'avance!...
__Nous pensons tout à fait le contraire!
__Il semble que les Jeunes Turcs
auraient dû être les premiers à exiger que certains projets législatifs
fussent examinés et qu'il y eût une entente cordiale et un accord
parfait entre tous les partis d'opposition, particulièrement sur
cette question essentielle. La loyauté, l'intérêt de la Turquie
en général et des peuples qui y habitent en particulier, les Causes
de ces derniers, qui relèvent du domaine de l'histoire et de la
politique internationale, devraient dicter aux Jeunes Turcs
cette conduite.
__Il était indispensable de savoir,
avant tout, sur quelles nouvelles bases législatives les Jeunes
Turcs pensaient fonder la Turquie nouvelle? L'attitude de l'absolutisme
est trop connue ; quelle serait celle, des Jeunes ? En quoi
différeraient-ils, au point de vue législatif, de la force qui jusque-là
avait fait marcher la Turquie et qui avait fourni l'occasion, aux
peuples avancés qui portaient son joug, de se mécontenter, de se
révolter, voire même de se séparer d'elle? C'est la seule question
qui nous intéressait particulièrement, nous les Arméniens; son équitable
solution seule aurait pu assurer aux Jeunes Turcs notre concours
pour l'uvre de la rénovation de tout l'empire ottoman. Malheureusement
cette question, d'une importante si capitale, véritable nud
gordien, non seulement n'a point été agitée dans le Congrès
mais elle a été passée sciemment sous silence par les Représentants,
organisateurs du Bureau. Ce fait était suffisant pour permettre
aux Macédoniens, aux Arabes, aux Albanais, aux Arméniens et aux
Grecs de se comporter avec méfiance vis-à-vis des congressistes
et du Congrès.
__Au point de vue purement arménien,
la participation à ce Congrès du Comité de Droschak ne démontre
absolument rien; elle ne peut avoir aucune conséquence pratique.
De sorte que notre cause subsiste toujours telle qu'elle était avant
la réunion du Congrès et l'attitude du peuple Arménien n’en
sera nullement changée ; elle est aujourd'hui telle qu'elle lui
fut imposée dès l'an 1880. La question arménienne, la cause des
Arméniens de Turquie continuera donc son chemin comme à l'ordinaire;
elle se comportera - surtout après ce fameux Congrès - comme
elle s'est comportée jusqu'à ce jour!...
__Tant que sur la question législative
et d'autres questions importantes les Jeunes Turcs n'aboutiront
pas à une entente et un accord préalables avec nous, pour nous,
il n'y aura point, il ne peut y avoir, de question ni de rénovation
générale de la Turquie, ni de la conservation de celle-ci !
__Car, nous répétons encore une fois,
si les Jeunes Turcs désiraient franchement, sans restriction,
la collaboration des Albanais, des Grecs, des Macédoniens, des Arabes,
des Arméniens et des Syriens pour la rénovation générale de la Turquie,
il aurait fallu commencer par exposer devant les représentants de
ces diverses races, un programme nouveau, une forme législative
nouvelle, des bases nouvelles sur les quelles doit reposer la Turquie
future. Grâce à cette mesure franche autant que juste, les Jeunes
auraient pu s'assurer, infailliblement et irrévocablement, la sympathie
et le concours de toutes les nationalités soumises à la Turquie.
Elle seule aurait pu former l'union, l'accord et la coopération!
__Les événements de Russie pourraient
servir d'exemple
aux Jeunes Turcs. Dans ce grand empire
les deux principaux partis, politiques - le parti Social-Démocrate
et le parti Constitutionnel-Démocrate - qui voulaient réformer le
pays et fonder la Nouvelle Russie, exposèrent clairement, avec force
détails, leurs plans d'action, leurs programmes complets.
__Le parti Social-Démocrate russe proposa
au peuple - sans distinction de race et de religion - de créer par
le suffrage universel, direct, secret et égal, un
corps législatif qui puisse donner à la Nouvelle Russie des principes
politiques, économiques et sociaux compatibles avec les exigences
nouvelles de la vie moderne. Dès le début, ce parti reconnut et
respecta sous forme d'autonomie locale ou d'autonomie complète,
le droit d'existence de l'individualité turc nationale de tous les
peuples qui composent l'empire moscovite.
__Le parti Constitutionnel-Démocrate
- parti des Cadets – suivant l'exemple des Social-Démocrates, lui
aussi, reconnut immédiatement et fit inscrire sur son programme
l’autonomie politique et administrative des différentes nationalités
soumises à l'empire.
__Quand le programme de ces deux partis
fut connu, il arriva ce qui devait fatalement arriver. Des éléments
de toutes les nationalités vinrent se grouper de préférence autour
de ces deux partis. De plus, les nouveaux partis qui se formèrent
ultérieurement, tout en conservant leur existence propre, collaborèrent
volontiers avec ces partis pour la création de la Nouvelle Russie.
Et cette Nouvelle Russie devait donner satisfaction non point à
une seule nation, à une classe privilégiée, mais à toutes les nations
enclavées, dans l'empire, à toutes les classes de la population.
Il était donc très compréhensible le zèle prodigué par les partis
existants, russes et autres, dans la lutte entreprise contre le
tsarisme.
__Si nous voulions donner des exemples
tirés de l’histoire, en fouillant la vie des nations contemporaines,
nous verrions que, chez toutes, les mêmes phénomènes se sont produits-
avec peut-être quelques variantes - quand il s'est agi de renverser
le vieux pour construire le neuf.
__Or, les Jeunes Turcs apportent-ils
un programme semblable? Désirent-ils former un Corps législatif
tel où tous les éléments de l'empire, sans distinction, pourront,
grâce au Suffrage universel, direct, secret et égal,
créer des lois telles, des règlements tels qui constitueraient les
fondements de la Nouvelle Turquie, et qui donneraient satisfaction
- du moins jusqu'à une certaine limite - à tous les peuples sans
distinction ; et qui de plus, reconnaîtraient les droits des producteurs,
des travailleurs et des paysans, comme hommes et comme citoyens.
__La force qui dirigeait la Vieille
Turquie avait créé et imposé des lois, auxquelles obéissaient les
peuples contraints par le fer. Elle n'avait reconnu ni les droits
des nations vaincues - comme individualités historiques, - ni ceux
de la classe ouvrière et paysanne. La Nouvelle Turquie différera-t-elle
de l'Ancienne? C'est ce que les Jeunes devraient avoir à
cur de démontrer aux Albanais, aux Macédoniens, aux Arabes,
aux Grecs et aux Arméniens pour que ceux-ci puissent se décider
à venir les rejoindre et collaborer efficacement à l'uvre
de la rénovation générale de la Turquie.
__Le programme du Comité ottoman
d'Union et de Progrès pourrait nous édifier suffisamment à ce
sujet; écoutons-en les principaux points :
__1° Abdication du Sultan Hamid
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