> VI - Histoire > Le XX siècle > Article traduit du Journal Hentchak sur les Jeunes-Turcs et publié en 1908 à Paris (L'Indépendance arabe)
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  • L'INDÉPENDANCE ARABE - Paris - Rédacteur en chef : Négib Azoury - N° 11-12 Fév-Mars 1908, pp163-170
  • LA TYRANNIE TURQUE ET LES JEUNES-TURCS par S. Sapah-Gulian, Rédacteur du Hentchak
  • article traduit de l'arménien par M. Serge d'Herminy

page 165


__2° Maintien de la dynastie d'Osman;

__3° Nier, ne point reconnaître l'intervention des Puissances Etrangères ;

__4° Ne jamais reconnaître d'autonomie compléte ou autonomie administrative aux nations qui composent l'empire. Abolir tous les privilèges nationaux et individuels historiquement conquis;

__5° Maintenir toutes les institutions religieuses, sociales et économiques de la Turquie - conséquemment le Sultanisme et le Califat;

__6° Considérer comme des ennemis les éléments qui cherchent une autonomie administrative ou complète dans l'empire et à plus forte raison ceux qui cherchent une séparation;

__ 7° Reconnaître dans l'empire ottoman un seul peuple, une nationalité, celle des Ottomans. - Conséquemment, les Arméniens, les Grecs, les Albanais, les Arabes, etc..., doivent se considérer comme des Ottomans, comme les Basques et les Bretons se considèrent Français;

__8° Rétablir la Constitution de Midhat ; - donc protéger les droits d'existence et de domination, des classes privilégiées et dominantes.

__Malgré l'adhésion des Congressistes à ce programme, nous ne voulons pas le discuter aujourd'hui. Nous dirons seulement que ce programme des Jeunes ne trouvera aucun crédit auprès des différents peuples de la Turquie ; il ne peut trouver aucune sympathie surtout chez les Arméniens.

__Pourtant, il faut reconnaître que la Ligue ottomane d'nitiative privée de décentralisation et constitution admet, elle seule, et ce, jusqu'à un certain point «la nécessité de décentralisation gouvernementale. Mais ce n'est là que le désir d'un seul individu. Nous avons d'ailleurs appris, par des sources dignes de foi, que le chef de cette Ligue ottomane, vertement réprimandé à ce sujet, fut contraint d 'additionner à sa formule l'épithète d'initiative privée.

__Par cet acte de soumission il put donner entière satisfaction aux Jeunes et avouer publiquement que ce désir est purement personnel et point celui d'un groupe organisé, encore moins - oh ! combien ! - celui de tous les Jeunes Turcs !

__Il est donc prouvé qu'aucun groupe ne veut reconnaître des droits aux classes ouvrières, productrices et paysannes.

__Puisque tels sont les tendances et les désirs des Jeunes, représentants du niveau intellectuel des Turcs, il est évident, sans l’ombre d'un doute, qu'ils sont des nationalistes enragés et, chose plus terrible encore, des nationalistes panislams!... Ainsi, ils n'ont donc rien, absolument rien changé de leurs idées, qui consistent à chercher avant tout, le moyen d'étouffer les Causes des peuples soumis à leur empire.

__Connaissant, d'une part, le programme intime des Jeunes turcs, constatant, d'autre part, que le Bureau organisateur a interdit aux congressistes le débat sur le projet législatif, il est permis de tirer cette conclusion que, le «Congrès» du 27-29 décembre dernier a exactement été ce que fut celui déjà tenu en 1902! C'est-à-dire nul par ses effets et strictement égal à zéro. Il faut d'ailleurs ajouter qu'il ne pouvait en être autrement, étant donnée les conditions dans lesquelles il a été tenu...

®

__Notre parti Hentchakiste, qui n'a pour but que l'Arménie et sa Cause, a adopté pour ce pays, sans distinction d'origine,

de race, de religion et de classe, le programme législatif suivant:

1° Assemblée Législative, élue par le suffrage universel, direct, secret et égal, ayant seule le droit d'examiner toutes les questions, d'élaborer et de promulguer toutes les lois politiques, économiques, financières et sociales du pays.

2° Autonomie provinciale très étendue.

3° Large autonomie communale.

4° Tout citoyen majeur, sans distinction de nationalité, de religion et de classe est électeur aussi bien pour l'Assemblée Législative que pour 1'Administration autonome provinciale ou communale. Tout citoyen, majeur, sans tare, est aussi éligible.

Voilà le programme législatif que nous cherchons à appliquer à notre pays pour obtenir une Jeune Arménie qui, par ses nouvelles institutions législatives serait toute différente de l'ancienne. Il serait si facile d'étendre ces principes sur toute la Turquie!

Si les Jeunes Turcs étaient réellement désireux de créer une Turquie Nouvelle et Jeune, ils auraient présenté aux congressistes un programme législatif analogue; mais le fait qu'ils s'en sont abstenus prouve péremptoirement qu'ils n'en ont nulle envie, ou bien qu'ils se sentent incapables de découvrir chez eux une énergie, une force créatrice capable de réformer le pays ; une force semblable à celle qui tend à créer la Nouvelle Russie!...

®

Ici, une question.

Les Représentants du Bureau organisateur du Congrès n'avaient-ils pas par avance et tacitement adopté un programme législatif quelconque?

Nous sommes absolument convaincus qu'ils avaient, sans le dénoncer; adopté un programme; et ce programme n'était autre, sans nul doute, que la Constitution de Midhad!

La preuve de ce que nous avançons, la voici:

Les trois Représentants du Bureau organisateur s'étaient entendus d'avance pour proposer aux congressistes la question du "régime représentatif" et ils l'ont fait en effet. Sous la pression indubitable du Bureau, les Congressistes, par surprise, ont voté purement et simplement la formule "l'institution d'un régime représentatif (parlement)" sans la discuter. Donc le second point de la circulaire a été adopté in extenso par les congressistes ! et nous soutenons toujours que les membres du Bureau en posant la question du régime représentatif n'envisageaient - sans l'avouer hautement, peut-être pour cause? ! - que la Constitution de Midhad. Et le Congrès l'a adoptée passivement, sans vouloir ouvrir le débat sur cette question épineuse !...

En effet, ni le Bureau ni le Congrès ne pouvaient publiquement avouer que le "régime représentatif", "le parlement" dont il s'agissait et que l'on désirait ardemment faire adopter, n'était autre que la Constitution de Midhad, étant fort bien persuadés qu'il aurait suffi de prononcer le nom de cette Constitution pour donner prise à la méfiance générale. Pour éviter cet inconvénient il sont mieux aimé employer un terme élastique; c'était plus prudent !

Car il est historiquement prouvé que la Constitution de Midhad-Pacha était dirigée contre les Bulgares révoltés (1876); il est avéré aussi qu'elle protège les principes despotiques, théocratiques et absolutistes ; que l'élection censitaire qu'elle prônait avait le quadruple but d'étouffer la voix des peuples qui composent l'empire, d'éviter intervention des

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