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"La Passion de la Cilicie 1919-1922", Paul du Véou, nouvelle édition, Paul Geuthner,
Republié par le Cercle d'écrits caucasiens
09/2004
  • pages 14-15

    "...Or il y avait cette autre faille : la haine des Arabes pour les Turcs. Les Arabes sédentaires étaient les sujets les plus soumis des sultans et leur unique soutien. Leurs provinces fournissaient deux tiers des recettes des budgets impériaux. Les villes de Palestine, de Syrie, de Mésopotamie, du Hedjaz possédaient le plus de ces fondations pieuses appelées wakoufs, dont les revenus étaient versés aux sultan qui n´en rendaient aucun compte. C´est en terre arabe que les sultans avaient confisqué à leur profit personnel le plus de propriétés privées, au détriment des grandes familles de Damas, d´Alep, de Bagdad, de Mossoul, de Jérusalem, en sorte qu´ils possédaient toute la vallée du Jourdain, les trois quarts de celle de l´Euphrate, celle de Tyr en entier, presque toute celle de Damas.
    ....
    Les Turcs nourrissaient péniblement trois corps d´armées, tandis que les Arabes, les Arméniens et les Kurdes en donnaient quatre, en échange de quoi les Turcs méprisaient les uns, persécutaient les autres et, pour ce qui est des Arabes, ne les dominaient qu´en leur refusant l´instruction et en exploitant la diversité de leurs religions: catholiques, orthodoxe, musulmane.
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    Les nomades baroudeurs se révoltèrent les premiers. Ibn Séoud chassa en 1904 les Turcs du vieux royaume wahabite; les tribus du Hedjaz se joignirent à lui, celles du sud de la Mésopotamie reconnurent sa suzeraineté. Yahia du Yémen défit en 1905 le maréchal Feizi-pacha; Ali el-Makad emporta les garnisons turques de l´Assir; les Bédouins de Syrie refusèrent l´impôt, les Druses se soulevèrent pour fermer le cercle.Alors les Turcs empoisonnèrent le grand-chérif de la Mecque, Aoun er-Rafik, et par pendaisons et strangulations, parurent mater la révolte et rendirent confiance aux Allemands. Mais Negib Azouri fonda un comité national arabe. Comme nous nous refusions à l´assister lorsque nous entretenions des rapports de droit avec le sultan, il se lia aux Anglais qui groupèrent tous les cheikhs du golfe dans la Ligue de la Trêve, laissèrent couver la révolte, la financèrent, en sorte qu´il leur suffit d´opposer le nouveau chérif de La Mecuqe Hussein au calife de Constantinople pour annuler les effets de la fetwa; les Allemands ne l´avaient pas prévu...
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